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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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personnalités. Il remarqua que les sénateurs, s’ils applaudissaient servilement, échangeaient des regards qui en disaient long sur leur état d’esprit. Leur réprobation devant le spectacle qu’offrait l’empereur était unanime et sans nuance. Il repensa à la mise en garde de Sénèque. Elle était peut-être un peu pompeuse, elle sentait sans doute la formule, mais elle était juste : Néron avait beaucoup à craindre du jugement de ces gens-là…
    Ce fut à huit heures du soir que le récital se termina enfin. Le jury rendit immédiatement son verdict, par la bouche de son président :
    — Nous déclarons vainqueur du concours à l’unanimité Lucius Domitius Ahenobarbus.
    Tandis que le public, enfin libéré, se précipitait vers les sorties, on vit Néron bondir sur scène et se livrer à des manifestations de joie extraordinaires, pleurant presque et riant comme un enfant. Il revint en courant dans les coulisses et, l’instant d’après, embrassa Lucius sur les deux joues. Le jeune homme en resta interdit.

7
La surprise de Tigellin
    Tigellin avait bien fait les choses. Depuis des jours et des jours, quasiment depuis que Néron avait décidé de chanter, il préparait la fête qui devait célébrer sa victoire. Pour cela, des décors, des accessoires de toute nature et de la nourriture n’avaient cessé d’affluer au palais. Il n’y avait guère que l’empereur qui ne se fut rendu compte de rien, accaparé qu’il était par les répétitions et rongé d’angoisse quant à l’issue du concours.
    La fête devait se dérouler de nuit. Au soir de la longue journée des calendes de juillet (3) , plusieurs chars ornés d’étoffes de pourpre et tirés par des mules aux sabots ferrés d’argent vinrent chercher les invités au palais et prirent la direction du centre de Rome. C’était là, en effet, sur le lac Agrippa, une pièce d’eau artificielle récemment creusée, qu’auraient lieu les festivités.
    Le préfet du prétoire attendait ses hôtes sur un embarcadère recouvert de peaux de panthère. Le peuple était contenu un peu plus loin par des barrières. Il savait qu’il aurait, lui aussi, sa part des réjouissances et une foule considérable s’était déplacée. Néron descendit le premier de son char, donnant le bras à Poppée. Il était couronné de lauriers pour rappeler sa victoire. Il avait également emporté sa lyre qu’il tenait serrée sur son cœur.
    Contre l’embarcadère était accosté un gigantesque radeau tapissé de pourpre et vivement éclairé de nombreuses torches reposant sur des candélabres d’or. À la suite du couple impérial, tout le monde y monta. Sur ce radeau étaient dressées une cinquantaine de tables de neuf places chacune. Une nuée d’esclaves portant la livrée blanche et or de l’empereur accompagna chacun à la place qui lui était réservée.
    Lucius avait l’insigne honneur de faire partie du petit nombre des privilégiés. Lui seul en était surpris. Tous ceux qui l’entouraient, y compris les respectables sénateurs, avaient l’air de trouver la chose parfaitement naturelle ; beaucoup lui prodiguaient même toutes sortes de marques de respect. Il s’installa là où on le conduisit et constata avec déplaisir que Trimalcion partageait sa table. Du coup, ce qui lui apparaissait comme une distraction inattendue et, somme toute, méritée après le mal qu’il s’était donné au service de Néron, prit une tout autre allure. Si Tigellin avait raison, il était environné de ses pires ennemis et il ne s’était jamais trouvé dans un tel danger. Il décida de garder toute son attention mobilisée et de ne toucher aux plats qu’avec la plus extrême prudence.
    Un cri de satisfaction unanime partit des tables : le radeau venait de se mettre en marche. Des barques, recouvertes d’ivoire et d’or et chargées de rameurs, le tiraient vers le centre du lac. Si l’événement causait un tel plaisir, c’était qu’il produisait enfin un peu d’air. La chaleur qui avait commencé le jour du concours n’avait pas cessé, bien au contraire. L’atmosphère, même la nuit, était une véritable fournaise.
    Tandis que les uns et les autres sentaient un souffle bienvenu glisser sur leur visage, de nouvelles barques vinrent accoster au radeau. Elles étaient chargées de la nourriture du festin, que les esclaves déposaient sur des plats d’or au centre de

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