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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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vigiles, corps de sept mille pompiers créé par Auguste afin de lutter contre le feu dans la capitale, l’attendait pour lui exposer la situation. L’assemblée improvisée eut lieu dans le théâtre où s’était déroulé le concours. Lucius remarqua que l’empereur, qui s’était désintéressé jusqu’à présent de tout, prenait en personne la direction des opérations. Le drame l’avait vivement choqué et il redevenait pour la circonstance le chef de l’État. Il apostropha vivement Flavius Sabinus :
    — Comment une telle horreur a-t-elle pu se produire ? Que font tes hommes ?
    Ce dernier s’était visiblement dépensé sans compter depuis le début de l’incendie, il était couvert de suie et de sueur.
    — Tout s’est ligué contre nous, César. Comme tu le sais, le feu a pris vers minuit près du Circus Maximus. Le malheur a voulu que ce soit dans une boutique d’huile. Toutes les autres se sont enflammées presque en même temps. Les témoins ont parlé d’une boule de feu grande comme un immeuble et longue comme le Circus Maximus.
    Lucius ferma les yeux. Une fois encore, il eut un souvenir fugace : sa mère donnait une recette à des ménagères, tandis qu’un peu plus loin, son père s’esclaffait au milieu d’un groupe de clients. L’image s’effaça : le préfet des vigiles continuait son rapport :
    — Le vent soufflait de sud-ouest. De là, l’incendie s’est propagé, à l’est sur les pentes du Palatin, et au nord vers le Forum, puis, de là, vers les quartiers de la plaine, l’Argilète et Subure.
    — Et à l’heure actuelle ?
    — Il progresse encore. Tant que le vent ne faiblira pas, il progressera.
    Comme pour apporter une sinistre confirmation aux propos du préfet, une violente rafale de sirocco traversa à ce moment-là le théâtre, soulevant les cheveux et les tuniques et y laissant une pellicule rouge. Néron reprit la parole avec la même vivacité :
    — Tu parles de tout cela comme si c’était une fatalité. Il y a bien moyen d’arrêter cet incendie. Ce n’est pas le premier qui se produit à Rome !
    — Mais c’est le premier qui a lieu dans des conditions pareilles. La canicule dure depuis plus de vingt jours. Tous les matériaux sont asséchés, le bois est devenu aussi inflammable que le liège, les parois de pierre ne font plus obstacle : elles éclatent et s’effondrent. La plupart des fontaines sont à sec. Mes hommes ont été obligés d’aller chercher de l’eau jusqu’au Tibre. Mais il y a pire encore…
    Qui se souvenait, en cet instant, du concours de chant qui avait eu lieu à cet endroit même, il n’y avait pas un mois, du bruit assourdissant de la claque, du peuple entendant pour la première fois un empereur chanter ? C’était une tragédie sans précédent qui se déroulait à présent sur cette scène. Flavius Sabinus, préfet des vigiles, pourtant homme dur et aguerri, semblait au bord des larmes.
    — Le malheur a voulu que le feu éclate au moment où tout le monde dormait et où les rues étaient encombrées par les livraisons. Tous les gens sont sortis en même temps de chez eux et se sont mis à tourner en rond au milieu des flammes. C’était une cohue épouvantable. Mes hommes ne pouvaient pas s’approcher pour leur porter secours. Rome était devenue un piège mortel pour ses habitants.
    — Il y a beaucoup de victimes ?
    — Elles sont innombrables, César, innombrables…
    Tigellin intervint à son tour. Il venait de s’entretenir avec ceux de ses officiers qui étaient restés à Rome et il avait des informations supplémentaires à apporter :
    — Ce n’est pas tout, César. Il semblerait que l’incendie ait trouvé d’autres auxiliaires. Mes hommes me parlent de voleurs qui pillent les maisons et les boutiques. Certains, pour faire fuir les habitants, n’ont pas hésité à mettre le feu, ce qui a créé autant de nouveaux foyers.
    — Alors, l’incendie pourrait être criminel ?
    — Il est trop tôt pour l’affirmer, mais, au départ, non, je ne pense pas…
    Il y eut un silence. Tout le monde attendait que l’empereur s’exprime. Il finit par s’adresser à Flavius Sabinus :
    — Où sont tes vigiles en ce moment ?
    — Il est impossible d’aller au cœur de l’incendie. Je les ai placés à la périphérie, avec pour consigne d’empêcher qu’il s’étende. Mais j’ai peu

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