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L'inconnu de l'Élysée

L'inconnu de l'Élysée

Titel: L'inconnu de l'Élysée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Péan
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et 1400 avant Jésus-Christ, « probablement vers 1000-1100 » : « Elle n'a aucune valeur artistique, mais je me suis donné beaucoup de mal pour la trouver. J'imagine qu'elle vaut probablement quelque trois cents euros, mais, pour moi, elle a une grande valeur. Il en existe très peu… Je me suis beaucoup passionné pour les Taïnos 2 . J'étais donc heureux d'avoir dans mon bureau une pièce symbolisant cette époque pré-taïno.
    « Et voici un petit bouddha de la période Sukhotai que le président Pompidou avait prise en affection et qu'il avait installée dans sa chambre. À sa mort, Claude Pompidou me l'a offerte… »
    Nous passons à l'examen des pièces posées sur la cheminée située derrière et légèrement à droite du bureau présidentiel. Jacques Chirac prélève une statuette de terre cuite qui jouxte un candélabre ciselé en bronze doré, neuf lumières, style Louis XVI : « C'est une Haniwa de la période dite des Grandes Tombes japonaises en trous de serrure. Autour de la tombe, il y avait une série de terres cuites qui rendaient hommage au mort, qu'on appelait des Haniwas et qui représentaient un personnage ou un animal… On ne peut pas évoquer leur symbolique, car ces tombes de la période Kofun appartiennent toutes, pratiquement, à la famille impériale et il est par conséquent impossible de les ouvrir et de les fouiller. Je me suis longtemps battu pour participer à une fouille d'une “grande tombe”. Sans succès. Ce qui serait intéressant, c'est de connaître ce qu'il y a dans ces tombes. Pour y aller, il faudrait obtenir l'autorisation de la famille régnante ; or, elle ne la donne pas… »
    Le président se met alors à me parler off . Il évoque l'hypothèse historique de l'origine coréenne des personnes inhumées dans ces tombes impériales… Tout cela relèverait donc du secret d'État. « Allez vous rhabiller, c'est pesé !… » s'exclame le président.
    À côté de l'Haniwa, deux sceptres cérémoniels olmèques en jadéite que mon guide « aime beaucoup ». Mais que n'aime-t-il pas en son musée ?« On peut les situer entre 1200 et 800 avant Jésus-Christ. Là, j'ai une statue précolombienne de Veracruz qui m'a été offerte par mon cabinet. Elle date de quelque 500 ans après Jésus-Christ. Elle est jolie et je l'aime bien. »
    Dépassé par l'érudition de mon hôte, je veux faire l'intéressant en remarquant un petit tableau encadré, de facture moderne :
    « Une reproduction ?
    – Pensez donc ! C'est mon petit-fils qui se passionne pour la peinture… »
    Et, comme s'il s'était déjà trop épanché, il passe rapidement à l'examen d'une autre statuette que j'aurais dite africaine :
    « Ça, c'est sentimental. J'aime beaucoup la Papouasie-Nouvelle-Guinée. C'est un pays bordélique à souhait. C'est le dernier conservatoire des langues du monde. Cette pièce m'a été offerte par Nicolas Hulot après qu'il a eu fait ses émissions sur la Nouvelle-Guinée, notamment sur les Asmats. Il m'a rapporté ça… »
    J'essaie de me rattraper après avoir qualifié l'œuvre de son petit-fils de « reproduction ».
    « Il n'est pas mauvais, votre petit-fils.
    – Il est passionné de peinture. Il avait 8 ans quand il a exécuté ce tableau… »
    Le président met le holà à ce qu'il doit considérer comme un dérapage sentimental. Et enchaîne sur un autre type d'émotions :
    « Là, c'est le Timor-Oriental. Comme je m'étais beaucoup engagé dans la défense du Timor, le président Guzmán m'a offert cela lors de sa visite officielle à Paris, il y a quatre ou cinq ans. »
    Le « cela » est composé de deux statuettes noires : « C'est le symbole de la famille. Les deux figurines sont installées devant la case principale, pendues ou posées. »
    J'aperçois sur un guéridon ce qui me semble être de menus objets d'ivoire ciselés.
    « Des ivoires ?
    – Des faux qu'on m'a offerts en me prenant pour un con. Des faux qui ont la prétention d'être vrais… »
    Un autre tableautin du petit-fils. Je n'émets plus de commentaire. Jacques Chirac m'en sait gré et continue : « Un petit monsieur Kasongo du Zaïre, assez ancien, de la première moitié du xix e . » À ses côtés, une photo où je reconnais l'ancien chancelier Schröder et sa famille. Le président commente :
    « C'est Schröder avec la petite fille russe qu'il a adoptée. Elle est adorable. Du jour où elle est entrée dans la famille Schröder, elle a

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