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L'inconnu de l'Élysée

L'inconnu de l'Élysée

Titel: L'inconnu de l'Élysée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Péan
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parents à Brive, il va être admis comme stagiaire à la succursale de la Banque de France de Brive.
    Pas pour longtemps : Abel a décidé de rattraper le temps perdu. Il va faire carrière à très grandes et rapides enjambées. Il court comme le fera plus tard son fils. « Il est impatient de brûler les étapes », note le directeur de la Banque de France. Il entre en effet dès le 1 er  décembre 1920 comme attaché de direction à l'agence de Saint-Claude (Jura) de la Banque privée industrielle, commerciale et coloniale.
    Un peu plus de deux mois après son entrée en fonction dans le Jura, il part se marier avec Marie-Louise Valette, une Corrézienne issue d'un milieu très différent de celui de son père : elle est d'une famille catholique pratiquante et de droite, proche de Paul Ceyrac, notaire, maire de Meyssac. C'est d'ailleurs le même Ceyrac qui rédige le contrat de mariage entre les deux époux.
    Abel se marie religieusement à Noailhac le 5 février 1921. La bénédiction nuptiale par le curé de Noailhac apparaît comme un acte de rupture ou tout au moins d'indépendance vis-à-vis de Louis Chirac qui fait profession d'anticléricalisme et se bat pour l'école laïque. A-t-il assisté au mariage ? S'il l'a fait, ç'a été sous un faux prénom, celui de Jean. « Il n'y a pas de Jean Chirac dans la famille », précise en effet sans hésiter Jacques Chirac. La noce terminée, les deux époux regagnent le Jura où ils vont rester un peu moins de deux ans.
    Abel Chirac donne entière satisfaction à la direction de la banque, mais démissionne néanmoins, le 19 janvier 1922, parce qu'il n'a pas été nommé, comme il s'y attendait, fondé de pouvoir. Tout attristé par son départ, son directeur n'en écrit pas moins, dans le certificat de travail, qu'Abel Chirac lui a donné « entière satisfaction sous tous rapports. Le meilleur éloge que nous puissions faire de ce collaborateur, c'est de manifester tous les regrets que nous cause son départ ». Il entre au Crédit de l'Ouest, à Angers, comme attaché à la direction générale, et, quelques semaines plus tard, est nommé sous-directeur de l'agence du même établissement à Niort. Au bout de dix-huit mois, il démissionne une nouvelle fois pour « monter » à Paris où il a trouvé un poste de directeur, celui de l'agence de la Banque de la Seine de la place Victor Hugo, ce qui laisse pantois son homologue de la banque angevine. Dans l'appréciation qu'il fournit à l'établissement qui a réussi à attirer son ambitieux employé, celui-ci ne peut cacher sa surprise : « Impatient d'arriver, sans attendre un temps suffisant pour compléter son instruction professionnelle, ce qui l'a amené à changer de maison dans un délai relativement court. Ce qui l'a amené aussi à quelques incorrections. Celles-ci, toutefois, n'ont pas entaché son honnêteté et son honorabilité. » Chirac va-t-il enfin se poser ? Que nenni ! Il ne va rester que huit mois et demi place Victor Hugo. Son tempérament de feu lui joue cette fois un mauvais tour : il a escompté un chèque de 150 livres à un client de passage, lequel chèque n'a pas été honoré lors de sa présentation. La Banque de la Seine, qui entend alors réduire le nombre de ses agences, saisit ce prétexte pour le remercier pour faute professionnelle.
    Il en faut plus pour arrêter la tornade Chirac. Il rebondit aussitôt. Grâce à la recommandation de Joseph Bayard, il entre le 3 novembre 1924, soit un mois après son licenciement, comme attaché de direction à l'agence des Ternes de la Banque nationale de crédit. Ses grandes foulées reprennent de plus belle. En trois ans, il va passer d'attaché de direction à fondé de pouvoir de l'agence de Levallois-Perret, puis à sous-directeur de l'agence des Ternes, enfin à directeur de l'agence de Levallois-Perret.
    Au cours de l'année 1932, il est nommé administrateur-délégué adjoint à la société Seine-Automobiles. C'est cette année-là, le 29 novembre, que le petit Jacques va naître à la clinique de la rue Geoffroy Saint-Hilaire, dans le V e  arrondissement. Cette année-là également, la Banque nationale de crédit est emportée par le scandale de la Société générale d'aéronautique, un groupement fondé à la fin de 1929 à l'initiative du ministre de l'Air, Laurent Eynac, pour restructurer l'industrie aéronautique et la rendre compétitive sur les marchés étrangers, et dont le pivot était la BNC.

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