L'industrie de l'Holocauste Reflexion sur l'exploitation de la souffrance des juifs
Congrès juif mondial gémit sur le calvaire des « survivants nécessiteux de l'Holocauste ». « Mon problème, c'est le temps », déclara Bronfman à la commission sur les affaires bancaires de la Chambre des représentants en décembre 1996, « et il y a tous ces survivants de l'Holocauste pour lesquels je m'inquiète. » On se demande pourquoi le milliardaire angoissé ne pouvait lui-même, provisoirement, soulager leur sort. Repoussant une offre suisse d'accord portant sur deux cent cinquante millions de dollars, Bronfman refusa dédaigneusement: « Pas d'aumône. Je donnerai cette somme moi-même. » Il n'en fit rien. La Suisse, cependant, accepta en février 1997 de créer un « Fonds spécial pour les victimes nécessiteuses de la shoa » de deux cents millions de dollars pour « les personnes qui ont besoin d'aide ou de soutien de façon particulière » en attendant que les commissions aient achevé leur travail (le fonds était encore solvable lorsque les commissions Bergier et Volcker ont remis leurs rapports). Les pressions de l'industrie de l'Holocauste en faveur d'un règlement définitif ne cessèrent cependant pas ; elles ont même augmenté. Les demandes réitérées des Suisses d'attendre les rapports des commissions pour conclure un accord -après tout, c'est le Congrès juif mondial qui a demandé ce repentir moral - se heurtèrent à un refus. En fait, l'industrie de l'Holocauste avait tout à perdre avec ces rapports : si quelques réclamations seulement étaient reconnues légitimes, l'affaire contre les banques suisses perdait de sa vraisemblance ; et si les réclamations légitimes affluaient, les Suisses n'auraient à satisfaire qu'elles, et non les associations juives. Une autre litanie de l'industrie de l'Holocauste est que dans l'affaire des compensations, ce qui compte, « ce sont la vérité et la justice et non l'argent ». « Ce n'est pas une question
d'argent », raillaient désormais les Suisses, « mais une question de plus d'argent^^. » L'industrie de l'Holocauste ne se contentait pas de faire monter l'hystérie publique, elle coordonnait aussi une stratégie utilisant deux sortes d'armes pour « terroriser » (Bower) les Suisses jusqu'à ce qu'ils se soumettent : les procès à titre collectif^' et le blocus économique. Le premier procès à titre collectif fut introduit en octobre 1996 par Edward Fagan et Robert Swift au nom de Gizella Weisshaus (avant de mourir à Auschwitz, son père avait parlé d'argent déposé en Suisse mais les banques avaient repoussé ses réclamations après la guerre) et « d'autres dans la même situation » - pour vingt milliards de dollars. Quelques semaines plus tard, le centre Simon Wiesenthal, avec pour avocats Michael Hausfeld et Melvyn Weiss, introduisit un second procès à titre collectif et, en janvier 1997, ce fut le tour du Conseil mondial des communautés juives orthodoxes. Les trois affaires ont été portées devant le juge Edward Korman, un juge d'arrondissement de Brooklyn (New York). Au moins une des parties en cause, l'avocat Sergio Karas, a déploré cette tactique : « Ces procès n'ont fait que provoquer une hystérie de masse et une campagne contre la Suisse. Ils ne font que perpétuer le mythe que les avocats juifs veulent toujours plus d'argent. » Paul Volcker s'opposa à ces procès à titre collectif en disant « qu'ils empêcheraient notre travail, peut-être jusqu'à le rendre inutile » - pour l'industrie de l'Holocauste, c'était un argument sans intérêt, voire même une incitation à continuer les procès^".
L'arme principale pour briser la résistance suisse a cependant été le blocus économique. « Maintenant, la bataille va être beaucoup plus sale », avertit Abraham Burg, président de l'Agence juive et homme de main d'Israël dans l'affaire des banques suisses, en janvier 1997. « Jusqu'alors, nous avons retenu la pression juive internatio-
28. Levin, Last Deposit, pp. 93, 186. Séances de la commission sur la banque et les services financiers. Chambre des représentants, 11 décembre 1996. Rickman, Swiss Banks, p. 218. Bower, Nazi Gold, pp. 318 et 323. Une semaine après la création du Fonds spécial, le président suisse, « terrifié de l'hostilité sans relâche de l'Amérique », (Bower) annonça la création d'une Fondation de solidarité de cinq milliards « pour réduire la pauvreté, le désespoir et la violence » en général. La création de la fondation nécessitait cependant
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