L'industrie de l'Holocauste Reflexion sur l'exploitation de la souffrance des juifs
pays balkaniques, possédait une liste de cent quatre-vingt-deux clients juifs qui avaient confié 8,4 millions de francs suisses et à peu près 90 000 dollars au notaire en attendant leur arrivée des Balkans. Le rapport ajoutait que les juifs n'avaient pas encore réclamé leurs biens. Pour Rickman et D'Amato, c'était l'extase. » Dans son propre rapport, Rickman brandit également cette « preuve de l'action criminelle de la Suisse ». Ni l'un ni l'autre, cependant, ne mentionnent, dans ce contexte donné, le fait que Salmanovitz était juif (nous discuterons plus bas de la valeur réelle de ces réclamations ^^).
A la fin de 1996, une procession de vieilles femmes juives et un homme sont venus témoigner, de façon très émouvante, devant les commissions sur les affaires bancaires du Congrès, de la malfaisance des banquiers suisses. Et pourtant, aucun de ces témoins, d'après Itamar Levin, un journaliste du principal journal d'affaires israélien, « n'avait de preuve réelle de l'existence des valeurs dans les banques suisses ». Pour accentuer le caractère théâtral de ce témoignage, D'Amato a demandé à Wiesel de venir témoigner. Dans un témoignage qui a depuis été très souvent cité, Wiesel affirme qu'il a été choqué - choqué ! - devant la révélation que les auteurs de l'Holocauste ont cherché à dépouiller les juifs avant de les tuer : « Au début, on pensait que la solution finale n'avait d'autre cause qu'une idéologie empoisonnée. Maintenant, nous savons qu'ils ne voulaient pas simplement tuer les juifs, aussi horrible que cela puisse paraître, ils voulaient l'argent des juifs. Tous les jours nous en apprenons davantage sur cette tragédie. N'y a-t-il pas de limite à la peine? De limite à l'outrage? » Il est bien évident que le pillage des juifs par les nazis n'est pas une découverte ; une bonne partie de l'étude fondamentale de Raul Hilberg, The Destruction ofthe European Jews, publiée en 1961, est consacrée aux expropriations des juifs par les nazis^^
22. Thomas Sancton, « A Painful History », Time, 24 février 1997. Séances de la commission sur la banque et les services financiers. Chambre des représentants, 25 juin 1997. Bower, Nazi Gold, pp. 301-302. Rickman, Swiss Banks, p. 48. Levin ne dit également pas que Salmanovitz était juif (cf. pp. 5, 129 et 135).
23. Levin, Last Deposit, p. 60. Séances de la commission sur la banque et les services financiers.
On a aussi prétendu que les banquiers suisses avaient volé les dépôts des victimes de l'Holocauste et systématiquement détruit des dossiers essentiels pour cacher leurs traces, et que seuls les juifs avaient souffert de ces abominations. Attaquant les Suisses au cours d'une audience, le sénateur Barbara Boxer a déclaré : « Le comité ne supportera pas la sournoiserie des banques suisses. Ne racontez pas au monde que vous cherchez quand vous détruisez [des documents] ^'^. »
Malheureusement, « la valeur de propagande » (Bower) des vieux juifs témoignant de la perfidie suisse s'est rapidement épuisée. L'industrie de l'Holocauste a donc alors cherché de nouvelles ressources. La frénésie de la presse s'est fixée sur l'achat par les Suisses de l'or pris par les nazis dans les réserves centrales des États d'Europe pendant la guerre. Bien que cela ait été présenté comme une révélation époustouflante, on le savait depuis longtemps. Arthur Smith, auteur d'une étude classique sur le sujet, a dit à une audience de la Chambre des représentants : « J'ai entendu toute la matinée et toute l'après-midi des choses qui, dans une large mesure et dans leurs grandes lignes, sont connues depuis des années ; et je suis étonné que beaucoup de ce qui est dit ici soit présenté comme nouveau et sensationnel. » Le but de ces séances, cependant, n'était pas d'informer mais, pour reprendre l'expression de la journaliste Isabel Vincent, « de fabriquer des histoires sensationnelles ». Si on remuait suffisamment de boue, pensait-on raisonnablement, la Suisse céderait".
La seule affirmation nouvelle était que les Suisses avaient trafiqué « l'or des victimes » en pleine connaissance de cause, c'est-à-dire qu'ils avaient acheté de grandes quantités d'or que les nazis avaient fondu en lingots après avoir dépouillé les victimes
Chambre des représentants, 11 décembre 1996 (citation du témoignage de Wiesel de la Comité sur la banque du Sénat, 16 octobre 1996). Raul Hilberg, The
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