L'industrie de l'Holocauste Reflexion sur l'exploitation de la souffrance des juifs
Destruction ofthe European Jews, New York, 1961, ch. 5.
24. Séances de la commission sur la banque, l'immobilier et les affaires urbaines. Sénat des États-Unis, 6 mai 1997.
25. Séances de la commission sur la banque et les services financiers. Chambre des représentants, 11 décembre 1996. Smith s'est plaint à la presse que les documents qu'il avait découverts longtemps auparavant soient présentés par D'Amato comme des découvertes récentes. Pour se défendre, bizarrement, Rickman, qui a mobilisé toute une troupe de chercheurs du Musée de l'Holocauste des États-Unis pour les séances du Congrès, réplique : « Je connaissais le livre de Smith mais je me suis fait un devoir de ne pas le lire pour ne pas être accusé d'utiliser "ses" documents. » (p. 113). Vincent, Silent Partners, p. 240.
des camps de concentration et des camps de la mort. Le Congrès juif mondial, rapporte Bower, « avait besoin d'un élément affectif pour relier l'Holocauste à la Suisse ». Cette nouvelle révélation de la traîtrise suisse fut en conséquence traitée comme un don du Ciel. « Il y a peu d'images aussi déchirantes que l'extraction méthodique, dans les camps de concentration, des couronnes dentaires en or des cadavres juifs sortis des chambres à gaz », continue Bower. « Les faits sont très, très éprouvants », dit D'Amato sur un ton funèbre au cours d'une séance de la Chambre des représentants, « parce qu'ils évoquent le pillage des valeurs dans les maisons, les banques nationales, les camps de la mort, des montres en or et des bracelets et des montures de lunettes et des couronnes dentaires des gens^^. »
Outre l'interdiction de l'accès aux comptes de l'Holocauste et l'achat d'or pillé, les Suisses furent aussi accusés de conspiration avec la Pologne et la Hongrie en vue de frauder les juifs. L'accusation exacte était que l'argent, qui se trouvait sur des comptes ouverts par des citoyens polonais ou hongrois (dont tous n'étaient pas juifs) qui ne l'avaient pas réclamé, avait été utilisé par la Suisse en compensation des propriétés suisses nationalisées dans ces pays. Rickman fait de cette nouvelle « une révélation stupéfiante, qui anéantirait les Suisses et provoquerait une véritable tempête. » Mais ces faits étaient déjà bien connus, ils avaient été publiés dans des revues juridiques américaines au début des années cinquante. Et, malgré le tollé de la presse, les sommes totales concernées ne représentaient même pas un million de dollars en valeur courante".
Avant même la première séance au Sénat sur les comptes dormants, en avril 1996, les Suisses avaient accepté de mettre en place une commission d'enquête et de se soumettre à ses décisions. Composée de six membres, trois de l'Organisation juive mondiale pour la restitution et trois de l'Association des banquiers suisses, présidée par Paul Volcker, ex-président de la Banque fédérale de réserve des États-Unis, la « commission indépendante de personnalités éminentes » fut officiellement investie dans ses
26. Bower, Nazi Gold, p. 307. Séances de la commission sur la banque et les services financiers. Chambre des représentants, 25 juin 1997.
27. Rickman, Swiss Banks, p. 77. Pour une analyse définitive de ce thème, cf. Peter Hug and Marc Perrenoud, Assets in Switzerland ofVictims ofNazism and the Compensation Agreements with East Bloc Countries, Berne, 1997. Pour une discussion très ancienne de la question aux États-Unis, cf. Seymour J. Rubin et Abba P. Schwartz, « Refugees and Réparations », Law and Contemporary Problems, Duke University School of Law, 1951, p. 283.
fonctions en mai 1996 dans le cadre d'un « Mémorandum établissant un accord » (Mémorandum of Understanding). De plus, le gouvernement suisse désigna en décembre 1996 une « commission indépendante d'experts » présidée par le professeur Jean-François Bergier et comprenant le spécialiste israélien bien connu de l'holocauste, Saiil Friedlander, pour enquêter sur le commerce d'or entre la Suisse et l'Allemagne pendant la seconde guerre mondiale.
Avant même que ces commissions aient pu commencer leur travail, cependant, l'industrie de l'Holocauste exigea un accord financier avec la Suisse. Les Suisses protestèrent qu'il faudrait naturellement attendre le rapport de la commission pour atteindre un accord ; autrement, il s'agissait « d'extorsion et de chantage ». Abattant son inévitable carte-maîtresse, le
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