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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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affaire qu’il l’avait été dans les guerres d’Allemagne. Heim ! Mac était obstiné, Lionel, diablement obstiné en tout ce qui concerne la science militaire ; mais il avait le cœur aussi ouvert, aussi généreux, quand il s’agissait de payer sa part d’un écot, qu’aucun officier qui soit au service de Sa Majesté britannique. Je traversai le détroit dans la même barque que lui, et il nous amusa de ses idées originales sur l’art de la guerre. Suivant Mac, c’étaient les grenadiers qui devaient tout faire. Oh ! Mac avait des idées qui n’appartenaient qu’à lui.
    – Chacun de nous a ses idées particulières, et il serait à désirer que personne n’en eût de plus blâmables que celles du pauvre Mac-Fuse.
    – Oui, oui, dit Polwarth en toussant violemment, comme s’il eût voulu se dégager le gosier à tout risque ; il était un peu obstiné dans les bagatelles, comme la connaissance de la guerre et tout ce qui concerne la discipline ; mais dans toutes les choses importantes il était aussi traitable qu’un enfant. Par exemple, il était impossible d’avoir moins de prétentions et d’avoir le goût moins difficile à table. Je voudrais bien qu’il vécût encore, pour qu’il pût jouir, dans le temps dur où nous vivons, et quand les mets deviennent excellents par comparaison, des provisions qu’il a eu l’adresse de nous assurer, grâce à la cupidité de notre ancien hôte maître Seth Sage.
    – Ce projet remarquable n’a donc pas entièrement échoué, dit Lionel qui brûlait du désir de changer encore une fois un sujet de conversation qui l’affligeait ; j’avais pensé, d’après ce que vous m’avez dit, que les Américains nous serraient de trop près pour que les communications fussent possibles.
    – Seth a été trop adroit pour souffrir qu’ils les fermassent à son égard. Les prix fixés à ses fournitures ont été un soporatif pour sa conscience. Je crois même qu’en se servant de votre nom il s’est fait parmi les rebelles un ami assez important pour le protéger dans son commerce. Ses renforts m’arrivent deux fois par semaine, aussi régulièrement que la viande suit la soupe dans un dîner bien ordonné.
    – Vous pouvez donc communiquer avec les campagnes, et les campagnes communiquer avec la ville ? Quoique Washington puisse fermer les yeux à cet égard, je doute fort qu’Howe le trouvât bon.
    – Pour écarter toute idée de pratiques suspectes et servir en même temps la cause de l’humanité, notre ancien hôte, sage d’esprit comme de nom, a jugé à propos de choisir un fou pour agent de son commerce, un jeune drôle qui était bien connu dans la ville, et que vous devez vous rappeler, un idiot, qui se nommait Job Pray.
    Lionel garda le silence quelques instants, pendant lesquels ses souvenirs parurent renaître, et ses pensées se portèrent sur tout ce qui s’était passé pendant les premiers mois de son séjour à Boston. Il est possible que quelque sentiment pénible, quoique indéfinissable, se mêlât à ses réflexions, car il était évident qu’il cherchait à le repousser, et il reprit la parole avec une apparence forcée d’enjouement.
    – Oui, oui, je me rappelle fort bien le pauvre Job. C’est un drôle qu’on n’oublie pas aisément quand on l’a une fois vu et connu. Il avait coutume autrefois de s’attacher à tous mes pas ; mais je suppose que, comme le reste des hommes, il oublie bientôt ceux qu’il ne voit plus.
    – Vous ne lui rendez pas justice, Lionel ; non seulement il me demande toujours des nouvelles de votre santé, à sa manière, j’en conviens, mais il me semble même quelquefois en être mieux informé que moi-même, et il me paie les réponses que je fais à ses questions en me disant comment vous vous trouvez, au lieu de l’apprendre de moi, ce que j’ai surtout remarqué depuis l’extraction de la balle.
    – Cela semble fort étrange ! dit Lionel reprenant un air pensif.
    – Pas si étrange, Lionel. Cet idiot ne manque pas d’une certaine sagacité d’instinct, comme il en donnait des preuves par le choix qu’il savait faire des mets, quand il assistait aux dîners que nous faisions en joyeux trio, vous, Mac-Fuse et moi, chez notre ancien hôte Seth Sage. Ah ! Lionel, nous pourrons voir des palais plus judicieux et plus exercés, mais où trouverons-nous jamais un ami semblable ? un homme qui pouvait manger et plaisanter en même temps, boire et se quereller tout

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