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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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d’une haleine ! Pauvre Mac ! le voilà parti pour toujours ! Il avait un esprit qui produisait sur la monotonie de la vie le même effet que produisent les assaisonnements sur l’appétit.
    Meriton, qui brossait l’habit de son maître, soin qu’il ne manquait pas de prendre tous les jours, quoique le major n’en eût pas porté depuis plus de six mois, jeta un regard à la dérobée sur Lionel, et voyant qu’il semblait déterminé à garder le silence, il crut pouvoir se permettre de continuer la conversation avec le capitaine.
    – Oui ! Monsieur, dit-il, c’était un aimable homme que le capitaine Mac-Fuse, et il combattait pour le roi avec autant de bravoure que qui que ce soit dans l’armée. C’était bien dommage qu’un si bel homme n’eût pas plus de goût pour sa mise, mais c’est en quoi il n’est pas donné à tout le monde de réussir. Cependant chacun convient que c’est une grande perte pour l’armée, et on a raison, car on voit dans la ville des officiers qui portent si mal leurs épaulettes, que s’ils étaient tués dans quelque escarmouche, personne ne songerait à eux.
    – Ah ! Meriton ! s’écria Polwarth, je vois que vous êtes meilleur observateur que je ne le supposais. Mac avait en lui tous les éléments d’un homme, quoique quelques uns n’eussent pas encore pris leur développement. Il y avait dans son caractère une saveur qui épiçait toutes les conversations auxquelles il prenait part. Et dites-moi, Meriton, le pauvre diable a-t-il été convenablement traité la dernière fois qu’il a figuré en ce monde ?
    – Oui, Monsieur, oui ; nous lui avons fait des funérailles aussi splendides qu’on en pourrait voir à Londres. Il fut suivi par ceux qui n’étaient ni morts ni blessés, ce qui en faisait à peu près la moitié. Comme je savais l’amitié que mon maître avait pour lui, je me chargeai de sa dernière coiffure : je lui arrangeai les moustaches, et comme ses cheveux commençaient à grisonner un peu, j’y jetai un nuage de poudre, de sorte qu’on peut dire que le capitaine Mac-Fuse fut le plus beau mort enterré à Boston.
    Les yeux de Polwarth étaient humides, et il se moucha avec un bruit qui ressemblait au son du clairon.
    – Oui, oui, dit-il, le temps et les fatigues avaient blanchi prématurément la tête du pauvre diable ; mais c’est une consolation de savoir qu’il est mort en soldat, et non par les mains de ce boucher vulgaire, la nature, et qu’étant mort il a été enterré avec les honneurs qu’il méritait.
    – Sans contredit, Monsieur, dit Meriton en prenant un air de gravité convenable à la circonstance, il a été suivi par un cortège magnifique ! On petit tirer bon parti de l’uniforme de Sa Majesté dans ces occasions solennelles, et il produisait certainement un grand effet ! Me parliez-vous, Monsieur ? ajouta-t-il en se tournant vers son maître.
    – Oui, dit Lionel avec un ton d’impatience ; ôtez la nappe, et allez vous informer s’il est arrivé des lettres pour moi.
    Le valet obéit sur-le-champ, et, après quelques instants de silence, la conversation se renoua entre les deux amis sur des sujets moins douloureux.
    Polwarth étant très-communicatif, Lionel en obtint bientôt une relation succincte, et, pour rendre justice au capitaine, nous devons ajouter extrêmement impartiale, de la situation des forces ennemies, et de tous les principaux événements qui avaient eu lieu depuis la journée de Breeds. Une ou deux fois le convalescent fit allusion à la bravoure des rebelles et à l’énergie inattendue qu’ils avaient montrée. Polwarth alors l’écoutait en silence, et ne lui répondait que par un sourire mélancolique, ou par un regard expressif dirigé sur le membre artificiel qui remplaçait celui qu’il avait perdu. Lionel, voyant que son ami reconnaissait ainsi tacitement l’erreur dans laquelle il avait été sur le caractère des Américains, s’abstint enfin de parler de ce sujet.
    Il apprit que le général des forces royales s’était maintenu dans la possession qu’il avait acquise sur la péninsule de Charlestown, mais qu’il s’y trouvait serré d’aussi près que dans celle de Boston. Pendant ce temps, tandis que la guerre continuait sérieusement sur le théâtre où elle avait commencé, des hostilités avaient eu lieu dans toutes les colonies au sud du fleuve Saint-Laurent et des grands lacs. Les colons agissant sous l’influence d’un enthousiasme

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