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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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l’Ouest parmi les symboles des nations de la terre. Jusqu’alors peu de gens avaient pensé à l’indépendance, et personne n’avait osé en parler ouvertement, quoique les événements eussent préparé silencieusement les colons à cette mesure finale.
    La fidélité au prince était le dernier lien qui restât à trancher car les colonies se gouvernaient déjà elles-mêmes, dans toutes les mesures de politique intérieure et extérieure, aussi bien que pouvait le faire une nation dont les droits n’étaient pas généralement reconnus ; mais, comme le caractère honorable de George III n’admettait pas de déguisement, un éloignement mutuel et une aliénation totale furent les suites inévitables de la réaction de sentiments entre le prince et ses sujets américains {57} .
    Tous ces détails, accompagnés de beaucoup d’autres plus minutieux, furent racontés à la hâte par Polwarth, qui, avec ses penchants épicuriens, avait beaucoup de bon sens, d’intégrité et de bonnes intentions. Lionel se bornait à peu près à l’écouter, et l’intérêt qu’il prenait à ce récit fit qu’il ne l’interrompit que lorsque sa faiblesse et le son d’une horloge voisine l’avertirent qu’il était resté levé aussi longtemps que la prudence le lui permettait. Polwarth aida le convalescent épuisé à se remettre au lit, et, après lui avoir donné force bons avis sur le régime alimentaire qu’il devait suivre et lui avoir serré la main, il sortit de la chambre, sa jambe de bois faisant à chaque pas un bruit qui retentissait dans le cœur du major Lincoln.

CHAPITRE XIX
    Dieu ne voulut jamais que l’homme escaladât le ciel par le moyen de la sagesse humaine.
    COWPER.
    Quelques jours d’exercice modéré et l’air salutaire de la saison suffirent pour rétablir les forces du convalescent, dont la blessure s’était guérie pendant qu’il était plongé dans le sommeil apathique que lui avaient procuré les potions anodines de son docteur. Polwarth, eu égard à l’état de raideur d’un de ses membres inférieurs et à la faiblesse de Lionel, avait bravé le ridicule de l’armée, au point de se donner une de ces voitures commodes et peu coûteuses qui étaient connues dans le bon vieux temps de la médiocrité coloniale sous le titre sans prétention de tumpungs . Pour lui donner le mouvement, il avait été obligé de mettre en réquisition un des beaux coursiers de son ami ; l’animal, à force de leçons qu’il reçut d’un palefrenier, et qui furent peut-être aidées par la diminution des rations de fourrage et d’avoine rendue nécessaire par l’épuisement des magasins, s’habitua à tirer cet équipage dans la neige, d’un pas aussi tranquille que s’il eût su que la santé de son maître exigeait de lui ce changement d’allure.
    On voyait tous les jours les deux amis dans cette voiture parcourir les rues de la ville, se promener dans les environs, recevoir les félicitations de leurs amis, ou aller voir à leur tour ceux qui comme eux avaient été blessés dans la bataille meurtrière de l’été précédent, mais qui, moins heureux qu’eux-mêmes, étaient encore obligés de garder leur appartement.
    Il ne lui fut pas très-difficile de déterminer Cécile et Agnès à les accompagner dans quelques unes de leurs courtes excursions ; mais Agnès ne pouvait jamais s’empêcher de froncer le sourcil toutes les fois que le hasard voulait qu’ils rencontrassent quelques officiers de l’armée royale. L’aspect de miss Dynevor était plus conciliant, et elle avait même quelquefois l’air assez gracieux pour s’attirer les reproches de sa cousine quand elles se trouvaient tête à tête.
    – Sûrement, Cécile, vous oubliez tout ce que souffrent nos pauvres compatriotes, dans leurs misérables logements hors de la ville, sans quoi vous seriez moins prodigue de politesses envers ces pavillons de l’armée, lui dit un jour miss Danforth avec un peu d’humeur, en rentrant après une de ces promenades pendant laquelle elle croyait que sa cousine avait contrevenu à cette convention tacite, par laquelle la plupart des femmes des colonies se croyaient obligées de montrer à leurs oppresseurs tout le ressentiment féminin. Si un chef de notre armée se fût présenté à vous, vous n’auriez pu le recevoir avec un sourire plus obligeant que celui que vous venez d’accorder à ce sir Digby Dent !
    – Je n’ai rien à dire en faveur de mon sourire, ma sérieuse

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