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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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importance critique, mais ce n’est pas tout. Si quelqu’un est assez heureux pour pouvoir se procurer les matières premières pour faire un bon dîner (vous auriez du frotter ces assiettes avec un oignon, monsieur Meriton), il lui faut du bois ou du charbon pour les mettre en œuvre, et je ne sais où il peut en trouver.
    – En voyant l’abondance dont je suis entouré, mon cher Polwarth, je ne puis m’empêcher de croire que votre imagination exagère le mal.
    – C’est la vôtre qui est en défaut, et quand vous sortirez d’ici vous reconnaîtrez que ce que je vous dis n’est que trop vrai. En fait de nourriture, si nous ne sommes pas réduits, comme les habitants de Jérusalem, à nous manger les uns les autres, on pourrait dire en quelque sorte que notre situation est encore pire, puisque nous sommes entièrement dépourvus de saines substances nutritives. Qu’on aperçoive une malheureuse pièce de bois flotter au milieu des glaces, et vous voyez aussitôt nos doigts gelés lutter contre les Yankies pour s’en assurer la possession. Quand vous verrez cela, vous me croirez sans doute. Je pense qu’il faudra une canonnade pour obtenir ce qui peut rester des poutres d’une maison brûlée. Je ne parle pas ici comme un grondeur, Lionel, car, grâce à Dieu, j’ai maintenant à entretenir la chaleur dans cinq doigts de moins que les autres hommes ; et quant aux vivres, j’en consommerai moins à présent que j’ai un membre de moins à nourrir.
    Lionel garda un silence mélancolique, tandis que son ami essayait de plaisanter sur son infortune, et alors, par une transition assez naturelle à un jeune militaire qui était dans sa situation, il s’écria avec fierté :
    – Mais nous avons remporté la victoire, Polwarth ; nous avons chassé les rebelles de leurs retranchements, comme un tourbillon enlève la poussière.
    – Oui, dit le capitaine en plaçant nonchalamment sa jambe de bois sur sa compagne plus précieuse et en la regardant douloureusement ; cependant si nous avions fait un usage plus convenable des dons de la nature, et que nous eussions tourné leur position, au lieu de nous jeter au-devant des cornes du taureau, bien des gens auraient pu quitter le champ de bataille aussi facilement qu’ils y étaient arrivés, et les tourneurs auraient eu moins d’occupation. Mais William aime une action chaude, dit-on, et il a été servi à souhait en cette occasion.
    – Clinton a droit à sa reconnaissance, car il est arrivé à propos.
    – Le diable ne se plaît-il pas à voir le martyre ? William aurait mieux aimé, même en ce moment, voir arriver mille rebelles de plus. Non, malgré le service que lui a rendu Clinton en se jetant entre lui et l’ennemi, il ne lui a pas souri une seule fois depuis ce temps, tant il enrage de s’être vu enlever une partie de la gloire de cette journée. Nous avions assez d’occupation avec nos morts et nos blessés, et pour nous maintenir sur le champ de bataille, sans quoi il aurait peut-être reconnu ce service autrement que par des regards de travers.
    – Je crains de vous faire des questions sur le résultat de cette journée. Bien des noms distingués doivent grossir la liste de nos pertes.
    – Douze ou quinze cents hommes ne peuvent périr dans une telle armée, sans qu’il se trouve parmi eux quelques uns de nos amis. Je sais que Cage porta notre perte à environ onze cents, mais, après avoir tant méprisé les Yankies, on ne peut rendre justice tout d’un coup à leur prouesse dans sa première fleur. Il est rare qu’un homme puisse marcher sur une jambe sans commencer par boiter un peu, comme je puis le dire par expérience. Calculez treize cents, Lionel, comme un moyen terme, et vous ne vous tromperez pas de beaucoup. Oui sans doute, il est resté quelques braves jeunes gens parmi les morts. Ces drôles de l’infanterie légère, dont j’ai quitté les rangs si à propos, ont été joliment poivrés, et à peine est-il resté du régiment des fusiliers assez d’hommes pour prendre soin de leur chèvre {55} .
    – Et les soldats de marine ? ils doivent avoir beaucoup souffert. J’ai vu le vieux Pitcairn tomber quelques instants avant moi, dit Lionel en parlant avec hésitation. Je crains aussi que notre camarade, le capitaine des grenadiers, n’ait pas eu une meilleure fortune.
    – Mac-Fuse ! s’écria Polwarth en jetant un regard du côté de son compagnon, oui, Mac-Fuse n’a pas été aussi heureux dans cette

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