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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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moins qu’à votre requête il ne se rouvre encore une fois pour vous placer à côté de votre fils. Les enfants de ceux qui l’ont fait creuser y sont déjà réunis, à l’exception de deux qui mourront sur un autre hémisphère. Prenez cela, et puisse le ciel vous pardonner comme je vous pardonne !
    Il jeta une bourse pleine d’or à côté de la clé, et sortit du cimetière avec Polwarth sans dire un mot de plus. Lorsqu’ils furent sur le seuil de la porte, ils se retournèrent et jetèrent un dernier regard sur Abigaïl. Elle se tenait à genoux, les mains appuyées sur une pierre qui couvrait un tombeau, le visage presque à terre, dans une attitude qui annonçait qu’elle implorait avec humilité la miséricorde céleste.
    À trois jours de là, les Américains entrèrent en triomphe dans la ville, à l’instant même où l’armée royale venait de l’évacuer. Les premiers d’entre eux qui allèrent visiter les tombeaux de leurs pères trouvèrent dans le cimetière le corps d’une vieille femme, qui semblait avoir succombé aux rigueurs de la saison. Elle avait ouvert la trappe, probablement pour aller rendre le dernier soupir près de son fils, mais la force lui avait probablement manqué à l’instant où elle voulait y descendre. Elle était étendue sur la terre gelée, et ses traits devenus calmes offraient encore des traces de la beauté qui l’avait distinguée et qui l’avait perdue dans sa jeunesse. La bourse était encore près d’elle, à l’endroit où Lionel l’avait jetée.
    Les habitants de la ville qui rentraient dans leurs foyers s’éloignèrent de ce spectacle avec horreur, et se retirèrent pour aller voir les changements qui avaient eu lieu dans Boston pendant leur longue absence ; mais un homme attaché à l’armée royale, et que l’amour du pillage avait rangé parmi les traîneurs, passa par hasard dans le cimetière, aperçut la bourse, dont il ne manqua pas de s’emparer, et poussant le corps d’Abigaïl dans le caveau souterrain, il referma la trappe et en jeta la clé.
    La plaque de cuivre s’est détachée de la muraille depuis bien des années, l’herbe a couvert la voûte sépulcrale, et il reste aujourd’hui à Boston bien peu de personnes, qui puissent indiquer l’endroit qui servait de sépulture aux familles de Lincoln et de Lechmere.
    Sir Lionel et Polwarth se rendirent ensemble sur le quai, où ils prirent une barque pour aller à bord de la frégate qui devait les transporter en Angleterre ; c’était précisément celle sur laquelle servait le jeune midshipman dont il a été déjà parlé, et qui courait des bordées en les attendant. Ils trouvèrent sur le pont Agnès Danforth, qui y avait accompagné sa cousine quelque temps auparavant. Ses yeux étaient mouillés de larmes, mais la rougeur de ses joues annonçait la satisfaction qu’elle éprouvait en voyant le départ forcé des fiers insulaires qu’elle n’avait jamais aimés.
    – Je ne suis restée que pour vous faire mes derniers adieux, cousin Lincoln, lui dit-elle en l’embrassant avec affection ; et maintenant je vais prendre congé de vous, sans vous répéter tous les souhaits que je ne cesserai de faire.
    – Vous voulez donc nous quitter ? lui dit le jeune baronnet en souriant pour la première fois depuis plusieurs jours ; vous savez que je ne suis pas le seul à qui cette cruauté…
    Il fut interrompu par Polwarth qui, avançant aussitôt, prit la main de miss Danforth, et lui répéta, au moins pour la cinquantième fois, le désir qu’il avait de l’unir pour toujours à la sienne. Agnès l’écouta en silence et avec un air de gravité qui n’empêcha pas un malin sourire de se montrer sur ses lèvres avant qu’il eût fini sa phrase. Elle le remercia de l’air le plus gracieux, mais avec un refus définitif et décidé. Le capitaine soutint ce choc en homme qui en avait déjà essuyé plus d’un semblable ; et il ne l’en aida pas moins avec beaucoup de politesse à descendre dans la barque qui l’avait amenée. Elle y fut reçue par un jeune homme vêtu en officier américain. Sir Lionel crut voir augmenter la rougeur de sa cousine, pendant que son jeune compagnon lui plaçait sur les épaules un manteau pour la préserver du froid. Au lieu de retourner dans la ville, cette barque, qui portait un pavillon parlementaire, se dirigea vers la rive occupée par les Américains. La semaine suivante vit le mariage d’Agnès avec ce jeune officier, et

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