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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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jusqu’au passage étroit par lequel il était entré dans la salle. Il s’arrêta alors un moment pour chercher à retrouver son compagnon qu’il avait perdu, et aussi dans le dessein d’examiner de plus près les actions de l’homme dont l’air et les manières avaient captivé si longtemps son attention. La foule s’était écoulée insensiblement avant qu’il se fût aperçu qu’il restait presque seul ; et, livré à ses rêveries, il ne remarquait point qu’il allait sans doute attirer lui-même l’attention du petit nombre de membres encore présents, lorsqu’une voix, qui se fit entendre à côté de lui, le rappela à lui-même.
    – Est-ce pour entendre leurs griefs et pour prendre leur défense, ou bien est-ce en qualité d’heureux officier de la couronne que le major Lincoln est venu assister ce soir à une réunion de ses compatriotes ? demanda le même homme que, depuis quelque temps, il cherchait en vain dans la foule.
    – Cette défense des opprimés est-elle incompatible avec le dévouement que je dois à mon prince ? demanda fièrement Lionel.
    – Elle ne l’est point, reprit l’inconnu avec bonté ; la preuve, c’est qu’il se trouve parmi nous un grand nombre de braves Anglais qui ont embrassé notre cause ; mais le major Lincoln est notre compatriote, et c’est à ce titre que nous comptons sur lui.
    – Peut-être, Monsieur, y aurait-il de l’imprudence à désavouer ce nom dans ce moment, quelle que soit d’ailleurs ma façon de penser, dit Lionel avec un peu de hauteur ; ce lieu n’est peut-être pas aussi sûr pour y faire des professions de foi que la place de Boston ou le palais de Saint-James.
    – Si le roi eût été au milieu de nous ce soir, major Lincoln, aurait-il entendu prononcer un seul mot opposé à cette constitution qui a déclaré sa personne inviolable ?
    – Quelle que puisse être la loyauté de vos sentiments, Monsieur, ils n’ont certainement pas été exprimés dans un langage auquel les oreilles d’un roi soient accoutumées.
    – Ce n’était pas le langage de l’adulation ni de la flatterie, mais celui de la vérité, qui n’est pas moins sacrée que les droits des rois.
    – Ce n’est ni le lieu ni le moment de discuter les droits de notre maître commun, Monsieur, dit vivement le jeune officier ; mais si nous nous rencontrons jamais dans une sphère plus élevée, ce que tout en vous me fait présumer, vous me trouverez prêt à les soutenir.
    – Nos pères s’y sont rencontrés souvent, dit l’inconnu avec un sourire expressif ; puisse le ciel préserver leurs fils de relations moins amicales ! En finissant ces mots, il salua Lionel, et disparut à ses yeux en s’enfonçant sous le passage obscur.
    Dès que Lionel se vit seul, il chercha en tâtonnant le chemin de la rue, où il trouva Ralph et l’idiot qui l’attendaient. Sans lui demander la cause de son retard, le vieillard marcha entre ses deux compagnons, et reprit le chemin de la demeure de Mrs Lechmere avec la même indifférence pour la tempête.
    – Vous avez pu juger par vous-même de l’esprit qui anime le peuple, dit Ralph après quelques moments de silence ; croyez-vous encore que l’explosion de ce volcan ne soit pas à craindre ?
    – Mais tout ce que j’ai vu ce soir me confirme dans mon opinion, répondit Lionel. Des hommes à la veille d’une révolte ne raisonnent point avec tant de justesse et surtout de modération comment donc ! des gens de la lie du peuple, parmi lesquels se trouvent toujours le foyer de l’incendie, discutent leurs principes constitutionnels, et se tiennent renfermés dans le cercle de la loi, comme pourrait le faire un club de savants jurisconsultes !
    – Croyez-vous donc que l’incendie éclatera avec moins de violence, parce que le temps, et non un moment d’effervescence, a préparé ce que vous appelez le foyer de l’incendie ? reprit Ralph. Mais voilà le fruit de l’éducation que nos enfants reçoivent en pays étranger. Le jeune homme élevé à cette école ravale bientôt ses compatriotes francs et modérés au niveau des paysans d’Europe.
    Ce fut tout ce que Lionel put comprendre, quoique le vieillard continuât à se parler quelque temps avec véhémence, mais c’était d’un ton trop bas pour être entendu. Lorsqu’ils arrivèrent dans la partie de la ville que connaissait Lionel, son vieux guide lui montra son chemin, et le quitta en disant :
    – Je vois que le dernier et

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