Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
Vom Netzwerk:
ministres du roi sont responsables devant leur maître de ce que cet arbre est devenu ce qu’il est maintenant pour tout le peuple. Mais questionnez l’enfant qui est près de vous, et il vous en dira les vertus.
    Lionel se tourna vers Job, et vit avec surprise, à la pâle clarté de la lune qui venait de se faire jour entre deux nuages, que l’enfant, la tête nue, et exposée à toute la fureur de la tempête, regardait le vieil orme avec l’air du plus profond respect.
    – Tout ceci est un mystère pour moi, dit Lionel. Que savez-vous de cet arbre pour le regarder avec tant de vénération, mon enfant ?
    – C’est la racine de l’arbre de la liberté ! dit Job, et il est impie de passer devant sans ôter son chapeau.
    – Et qu’a fait cet arbre en faveur de la liberté pour mériter tant de respect ?
    – Ce qu’il a fait ? Aviez-vous jamais vu, avant celui-là, un arbre qui sût écrire et donner avis des assemblées secrètes qui devaient avoir lieu, ou qui pût dire au peuple où le roi voulait en venir avec son timbre et son poison de thé ?
    – Et cet arbre merveilleux peut opérer de tels miracles ?
    – Certainement qu’il le peut, et il l’a bien prouvé. Tommy le Ladre {34} n’a qu’à inventer ce soir quelque nouvelle ruse avec laquelle il espère écraser le peuple, et vous pourrez venir demain matin lire sur l’écorce de cet arbre un avertissement qui dira toute l’affaire et les moyens à prendre pour déjouer ses diableries, et tout cela d’une écriture aussi belle que celle de maître Howell lorsque sa main ne tremblait pas.
    – Et qui vient y mettre le papier ?
    – Qui ? s’écria Job d’un ton d’assurance ; parbleu, la Liberté qui vient la nuit et qui l’affiche elle-même. Lorsque Nab n’avait pas le moyen d’avoir une maison, Job avait l’habitude devenir dormir sous cet arbre, et combien de fois la nuit n’a-t-il pas vu de ses propres yeux la Liberté venir attacher le papier ?
    – Et était-ce une femme ?
    – Croyez-vous que la Liberté soit assez folle pour venir toutes les fois en habits de femme, pour être poursuivie dans les rues par ces garnements de soldats ? dit Job d’un air de mépris. Cependant quelquefois elle venait en femme, quelquefois autrement, cela dépendait des jours. Job était encore ici le jour où Satan renonça à son commerce du timbre, ce qu’il ne fit qu’après que les enfants de la Liberté l’eurent forcé à fermer boutique, et l’eurent pendu, ainsi que lord Botte, aux branches du vieil orme.
    – Pendu ! s’écria Lionel en reculant involontairement ; cet arbre a donc servi de gibet ?
    – Oui, pour des effigies, dit Job en riant ; j’aurais voulu que vous eussiez vu le vieux Botte pirouetter en l’air, ayant Satan sur les épaules, lorsqu’on les a hissés tous les deux au haut de l’arbre ; on eut soin de lui mettre un grand soulier pour cacher son pied fourchu.
    Lionel, habitué à la manière dont ses compatriotes prononçaient la lettre u , se douta alors que le vieux Boot (Botte) n’était autre que le comte de Bute ; et commençant à comprendre plus clairement l’usage qu’on avait fait de cet arbre mémorable ; ainsi que toutes les circonstances qui s’y rattachaient, il exprima le désir de continuer sa route {35} .
    Le vieillard n’avait pas interrompu Job dans ses explications, sans doute pour voir l’effet qu’elles produiraient sur Lionel ; mais du moment que celui-ci demanda à repartir, il obéit aussitôt, et lui montra le nouveau chemin. Après avoir marché quelque temps dans la direction des quais, le vieillard se glissa le long d’une petite cour, et entra dans une maison d’assez chétive apparence, sans même prendre la peine d’annoncer sa visite en frappant à la porte. Un passage long, étroit et faiblement éclairé, les conduisit dans une vaste salle qui semblait avoir été disposée pour contenir de nombreuses réunions. Une centaine d’hommes y étaient assemblés, et ils devaient être occupés de quelque affaire d’un intérêt majeur, à en juger du moins à la gravité de leur maintien et à l’expression sévère de toutes les figures.
    Comme c’était un dimanche, la première idée de Lionel, en entrant dans la salle, fut que son vieil ami, qui semblait prendre fort à cœur les matières religieuses, l’avait amené pour lui faire entendre quelque prédicateur célèbre de sa secte particulière, et pour lui reprocher en même

Weitere Kostenlose Bücher