Liquidez Paris !
dossier rebondi. – Tout ceci vous concerne et on verra ce qu’en dira le conseil de guerre. Je vous observe depuis longtemps, mais maintenant finie la comédie. Cette histoire de l’autre jour avec la Gestapo, vous ne l’emporterez pas en paradis, et vous irez avec votre tribunal secret à Torgau, foi de Hoffmann, espèce de crapule !
– Signale à mon Hauptfeldwebel que je vais en faire le rapport à mon ami du geheimes Gericht.
– Sortez ! cria Hoffmann. Sortez immédiatement si vous ne voulez pas qu’il arrive un malheur !
Porta et Petit-Frère claquent leurs talons et la porte, de telle sorte que le plâtre retombe en fine poussière sur le Hauptfeldwebel hors de lui. Les quatre secrétaires, pendant dix minutes, se cramponnent à leurs sièges en essuyant un torrent d’injures, jusqu’au moment où le Hauptfeldwebel, n’en pouvant plus, se rend à la cantine, noyer sa rage dans un whisky. Malheureusement, en jetant un regard par la fenêtre, il aperçoit justement Porta et Petit-Frère qui quittent allègrement la caserne avec deux grosses valises sous le bras… Le téléphone ! Hoffmann se jette sur le téléphone. Il faut fouiller les valises ! Mais il n’a vraiment pas de chance ; quatre fois, on lui donne un faux numéro, et lorsque enfin il obtient le poste de garde, les deux compères se sont évanouis.
Porta nous avait donné rendez-vous chez « Veste Rouge ». L’argent du cochon représentait une grosse somme, mais hélas, la vie à Paris était chère, et nous ne recevions aucune indemnité du front. Par bonheur, de nouvelles affaires se présentaient qui rapportaient gros : un trafic d’armes. Ceci, grâce à un agent double dénommé « Le Rat » qui assistait aux parachutages. Le dépôt était dans une fabrique située derrière la gare du Nord. On s’entassa dans un vieux gazogène français pour s’y rendre, et nous trouvâmes les armes à leur place, étalées sur trois rayons.
– Et tout de bonne qualité. Venant tout droit de chez Churchill !
Soudain la porte s’ouvrit. Trois types surgirent, du genre sérieux, la main dans la poche droite, et le regard fixé sur les armes avec avidité.
– Parachutés ? demandèrent-ils au « Rat ».
– Bas les pattes, prévint Porta, si vous tenez à la vie. Compris ?
– Des menaces ? dit un des types. Ces armes sont volées. Vous savez _ ce qui arrive quand on vole des armes ?
– Tu peux toujours essayer d’en paumer une, rétorqua aimablement le rouquin.
– Oui, essayez, dit une voix. – C’était Gunther qui se tenait dans la porte, un MPI russe à la main. – Eh bien, vas-y imbécile !
Le légionnaire saisit un colt et secoua la tête avec pitié.
– Pas très réussi, vous auriez dû rester où vous étiez. De vrais novices. Bon, parlons net. Vous voulez acheter ces joujoux ? Alors c’est ici, mais pas de comptes, avez-vous des sous ?
Le plus jeune des trois types hocha la tête.
– Rien sur nous, mais à côté. Un d’entre vous peut venir.
– Bien sûr ! Pourquoi pas tous ensemble ? Grande réception et on prévient les flics n’est-ce pas ? Pour qui nous prenez-vous ? Un d’entre vous va chercher le fric, et à la première entourloupette, les deux qui restent ont leur compte. Sans parler de ce que recevront quelques-uns de vos amis s’il s’en présente.
– Mais enfin ce ne sont pas vos armes !
– Les tiennes peut-être ! Assez de conneries. Ici, c’est l’armée allemande et on peut vous descendre rien que pour ce que vous avez dans la poche. Car pour les permis de port d’armes, on repasse hein ?
– Bon, on s’est trompé. Pensions qu’il s’agissait d’un simple marché noir. Si nous avions su qu’on rencontrait de vrais types, on ne serait pas venus. Parlons affaires. Combien la marchandise ?
– Les durs s’amollissent ! ricana Porta. Mille balles pièce.
– Qu’est-ce que vous dites ? protesta le Français. A ce prix-là, on en trouve partout !
Le légionnaire l’arrêta d’un geste :
– Attachez-les tous les trois et fourrez-les dans les chiottes. On les retrouvera à la fin de la guerre.
– Pas si vite, pas si vite camarade, on a l’argent. Dix sten guns, mille grenades chacun et dix revolvers, ça va ?
– Si tu tiens le fric, ça va. On l’attend.
Le plus jeune des trois se dirigea vers la
porte où il se heurta à Gunther qui le repoussa de sa mitraillette.
– Non pas toi. – Il désigna un des
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