Liquidez Paris !
autres. – Toi, vas-y ! Dans combien de temps es-tu de retour en te dépêchant ?
– Un quart d’heure.
_ Alors tu te grouilles et tu es ici dans dix minutes. Seul naturellement. Compris ? Même si tu arrives avec un corps d’armée, tu n’aurais pas une chance.
Porta montra un P2 et tripota le crayon explosif vert.
– Si tu tiens à ta peau, fais gaffe, sinon…
Pendant ce temps-là, Petit-Frère nouait un nœud coulant d’acier autour du cou des deux autres types et les collait sur deux chaises dans un coin. Il suffisait du moindre coup de pied dans les chaises pour étrangler leurs occupants. Neuf minutes plus tard, le garçon était de retour avec deux serviettes bourrées de billets de banque qui firent luire les petits yeux de Porta.
– J’adore le money !
On libéra les deux otages qui se frottèrent le cou, puis les Français choisirent en connaisseurs les armes qu’ils convoitaient. Des experts visiblement. L’atmosphère se détendait. Bière et nouveau rendez-vous, car ils s’intéressaient à d’autres choses : des grenades à main, surtout des grenades à main. En fait de moyen de transport, ils avaient un vieux triporteur grinçant dont la roue arrière était voilée ; sur les armes, on mit un vieux siège troué et une énorme pancarte : « Chiffons. On achète les vieilles bouteilles. »
Une demi-heure plus tard, nous filions avec le reste dans le camion français délabré marqué des lettres W. L. (Wehrmacht Luftwaffe). Mitraillettes prêtes à tirer. Si nous sommes pris, c’est la bataille. Une voiture amphibie montée par quatre chiens de garde nous suit un bout de chemin et nous dépasse lentement. Porta traverse la place de l’Opéra, se colle entre deux blindés du régiment de sécurité qui semblent ainsi nous escorter jusqu’à la hauteur de la préfecture de police, mais au dernier moment, il s’aperçoit que le pont Saint-Michel est barré. Ça grouille de chiens de garde. On nous hèle.
– Transport spécial ! crie Gregor qui pour une fois ne ment pas.
Derrière Notre-Dame, un pont semble libre, et nous nous y engageons sans remarquer la voiture Kübel garée un peu plus haut, derrière une charrette à bras.
On saute du camion. Regard circulaire… L’escalier est monté quatre à quatre. Porta tout joyeux frappe à une porte.
– Qui est là ?
– Adolf et la police secrète. Ouvrez ou on fait sauter la porte.
La porte s’ouvre lentement… Devant nous, un feldwebel de la feldgendarmerie dont la terrible plaque en demi-lune nous fait face.
– Tiens, tiens ! Police secrète ? Belle surprise hein ?
– Tout à fait vrai ! rigole Porta. Haut tes mains ! – Il appuie le canon de sa mitraillette dans la poitrine du feldwebel. – Et grouille-toi bébé, ta tomate est en danger.
Le feldwebel, sans se presser, lève les bras.
– Ça va te coûter la tête, camarade,
– T’en fais pas. Allons viens.
Nous envahissons le salon. Porta frappe durement l’homme à l’estomac et sa victime gémit. Le rouquin sait exactement où il faut frapper. Toute la pièce est inondée d’une lumière crue et, par terre, se voient une caisse de munitions et un monceau de fusils jetés n’importe comment sur lesquels est penché un homme – un homme en feutre gris dont nous reconnaissons tout de suite l’identité. Au fond du salon, et leurs visages tournés contre le mur, quatre prisonniers surveillés par un chien de garde ; dans la salle à manger contiguë, un autre feldwebel assis sur une chaise et sa mitraillette à portée de la main boit tranquillement de la bière.
Un cri d’effroi ! Il a vu son camarade les bras en l’air. Le feutre gris se retourne et en ouvre la bouche de stupéfaction.
– Haut les mains !
L’homme au feutre obtempère sur-le-champ, le feldgendarme un peu moins vite, mais la hâte le prend d’un seul coup en voyant un couteau se ficher dans le mur tout près de sa tête.
– On change de place ! commanda Porta. Nez au mur et gare à votre peau si vous vous retournez.
Les quatre prisonniers civils qui avaient été libérés par une sorte de miracle n’y comprenaient absolument rien. Tout avait duré deux minutes…
– Y a-t-il encore de ces chiens dans la rue ? demanda Porta.
– C’est probable.
– Je vais y voir, dit Gregor Martin tout fier de son rôle.
Gunther s’empara de la chaise, retira la sûreté de son revolver et entoura le canon d’un chiffon qui jouait les
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