Liquidez Paris !
constater qu’ils n’avaient pas souffert. Reimling était un expert de la balle dans la nuque.
Des S. S. affirmèrent que leurs victimes les remerciaient de leurs égards. C’était du moins ce que disait l’Oberscharführer Carl Ncubourg, au camp de Drancy. Sa bonté alla jusqu’à autoriser la famille juive à allumer les lumières du Sabbat, et à célébrer Kaddisch (cérémonie des morts), avant de les forcer à se pendre mutuellement jusqu’au dernier. Ces lumières pouvaient lui causer un préjudice : au moins trois jours de prison dans l’obscurité et la privation d’avancement pendant six mois. N’était-ce pas généreux ?
UNE SOIREE QUELCONQUE PENDANT LA LIBERATION DE PARIS
LE Hauptfeldwebel Hoffmann s’appuyait d’un air pensif au mur de la caserne du Prince-Eugène en méditant une vengeance d’envergure. Ce qu’il pouvait le haïr ce Porta ! Il savait fort bien, à l’heure actuelle, comment s’étaient retrouvés les sacs de café ; le feldwebel Winkelmann en avait tout simplement emprunté d’autres au fourrier du régiment de sécurité. On s’empruntait mutuellement les sacs pour arriver au compte juste. Pas plus difficile que ça ! Mais gare à eux ! Hoffmann allait surveiller les choses du bon œil et il comptait bien sur un incident. Alors malheur à cette bande de voyous !
Il cracha son mépris et sa bile dans la direction d’un chien qui dormait, un sale clebs pionçant au beau milieu d’une caserne prussienne ! Le clebs appartenait à la 3 e compagnie – une compagnie de fumiers indisciplinés qui permettait à un chien de paresser pendant les heures de service ! Pas étonnant que la guerre aille à vau-l’eau lorsque les cabots militaires eux-mêmes chiaient sans vergogne sur le règlement !
Hoffmann esquissa quelques mamours à l’endroit du chien, mais celui-ci se défila. Il connaissait la musique !
– Fumier de chien ! Ne pas obéir à un Hauptfeldwebel ! Mais il ne perd rien pour attendre.
Il songeait sérieusement à se faire muter. Selon certains échos, on manquait de Hauptfeldwebels convenables à la prison de Germersheim (prison militaire), laquelle devait être pleine à craquer. Cette idée le rendit presque joyeux. Il rentra dans son bureau pour rédiger sa demande, et s’empara d’un cordon destiné à mesurer la marge : à gauche, trois doigts. On sait écrire une demande réglementaire dans une caserne prussienne.
Trois coups durs résonnent à la porte. Entrent Porta suivi de Petit-Frère. Claquements de talons, et bras levés.
– Herr Hauptfeldwebel, Obergefreiter Porta et Obergefreiler Creutzfeldt se présentent. Ils ont été désignés pour service spécial. Demandent une fiche de sortie jusqu’à demain midi.
Hoffmann se dressa de toute sa hauteur.
– C’est la quatrième fois que vous me faites ce baratin ! Maintenant j’exige de savoir en quoi consiste ce service spécial. Faut tout de même pas me prendre y » ur un crétin, espèce de morveux !
– Rapporte au Hauptfeldwebel que c’est ultra-secret, répond Porta impassible.
– J’emmerde votre ultra-secret !
– Compris, Herr Hauptfeldwebel, nous le ferons savoir au colonel.
– Porta… – Hoffmann est sur le point d’éclater – vous n’avez jamais entendu parler d’une cruche qui allait à l’eau ?
– Jamais, Herr Hauptfeldwebel.
– Alors vous le saurez bientôt ! hurle-t-il. Vous n’allez pas me dire que le colonel a envoyé deux péteux de votre espèce pour me demander à moi une fiche de sortie jusqu’à demain midi ? L’adjudant du régiment peut pas vous la donner ? Je suppose qu’ils n’ont pas vendu leurs tampons là-haut ?
– Je signale à mon Hauptfeldwebel que tout est à vendre en ce moment.
– Justement ! Eh bien moi, je vais vous vendre à Torgau, au colonel Remlinger ! Et sous peu ! Pour votre bonne santé. Avez-vous entendu parler du colonel, chien impertinent ?
– Rapporte à mon Hauptfeldwebel que je connais bien le colonel Remlinger à Torgau.
Ivre de rage, Hoffmann signa tout de même les deux fiches de sortie, les jeta par terre, donna un coup de pied à la chaise qui vola de l’autre côté de la pièce pour atterrir sur le crâne du secrétaire lequel protesta avec indignation.
– Ta gueule ! hurla Hoffmann. Et vous, Porta, tenez-vous-le pour dit. Je vais aller en personne chez le commandant pour démasquer vos mensonges. Torgau vous est ouvert. – Il frappa sur un
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