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Liquidez Paris !

Liquidez Paris !

Titel: Liquidez Paris ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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Deux Tigres étaient tombés en panne juste en face des positions ennemies, et un colonel d’état-major donna sans sourciller l’ordre d’aller les chercher.
    Le lieutenant qui savait ce que coûterait en hommes l’opération refusa net. Entre les deux officiers naquit une violente querelle qui prit fin lorsqu’une grenade perdue vint déchiqueter le colonel d’état-major. Mais Porta eut l’indécence de ricaner devant le cadavre de l’officier ce qui lui valut une gifle du lieutenant Löwe. L’histoire s’ébruita et parvint aux oreilles de Hoffmann qui en tira une grande satisfaction. Affaire à double détente : un officier avait frappé un subalterne, avec sabotage de l’ordre d’un supérieur.
    Cette fois, c’est le triomphe du Hauptfeldwebel. Voilà trois ans qu’il attendait cet instant, et aujourd’hui, l’attaque se révélait particulièrement bien menée. L’homme de la Gestapo appartenant à la classe des sous-officiers ne pouvait éprouver aucune sympathie pour les officiers et surtout pas pour ceux du front. Le rougeaud s’épanouit, il se sent en terrain ferme et l’avancement luit à l’horizon. Evidemment, ce n’est pas son secteur ; ceci est du ressort de la police de campagne, mais il se débrouillera avec ces gens-là.
    Il se redresse et enfonce son chapeau sur son front.
    – Mon lieutenant, avez-vous oui ou non porté la main sur un subordonné ?
    Le lieutenant Löwe est d’une pâleur mortelle ; il sait bien que ce soir la prison peu se refermer sur lui.
    – Avez-vous frappé oui ou non ?
    – Oui, dit-il d’une voix rauque.
    L’homme de la Gestapo l’embrasserait. Le destin est en marche, et pendant vingt minutes sort de sa bouche contre Löwe et les officiers un torrent de basses injures avec les plus précises menaces de mort. Soudain, il cesse de hurler. Porta s’est levé.
    – Monsieur le Kriminalrat, dit Porta d’un ton servile, tout ce que vous dites est le bon sens même. Les officiers sont des salopards et doivent être pendus.
    Le policier se sent frémir. Aurait-il dû aller si loin ? Ça peut devenir dangereux. Cependant Porta frappe théâtralement sur la boucle de son ceinturon où s’étale la devise « Gott mit uns ».
    –  Dieu seul est avec la troupe ; il n’y a en effet aucune limite à ce que peuvent se permettre les officiers à l’égard des soldats. Le Führer n’en sait évidemment rien, mais vous, monsieur le Kriminalrat, vous le lui raconterez sûrement, du moins je l’espère.
    Le lieutenant Löwe n’en croyait pas ses oreilles. Jusqu’à présent, il avait toujours considéré Porta sinon comme un ami, du moins comme quelqu’un qui n’était pas son ennemi. Quant à Hoffmann, il n’en revenait pas non plus. Porta un allié ? Impossible. Sa vieille expérience de sous-officier n’en croyait rien. Porta souriait toujours.
    – Je signale donc à monsieur le Kriminalrat que j’ai reçu bien des coups de mes supérieurs. – Il se cura soigneusement le nez. – Toutefois, pour cette affaire-là, je signale aussi qu’il est bien préférable qu’elle n’ait pas de suites. Tout est arrangé depuis longtemps. L’histoire a été classée par un ami que j’ai au Ge. G. d. S. u. A.
    – Que dites-vous camarade ? bafouilla le policier stupéfait.
    – Ge. G. d. S. u. A ! répéta Porta d’une haleine.
    Le rougeaud éprouva une telle peur que la sueur se mit à couler sur. son visage écarlate de paysan westphalien né pour marcher dans le sillon. Aucun d’entre nous ne se doutait du sens de ces lettres cabalistiques qui signifiaient : Geheimes Gericht der Soldaten und Arbeiten. (Justice secrète des soldats et des travailleurs.)
    Et pourtant à ce tribunal, tout travailleur ou simple soldat pouvait s’adresser. On y jugeait avec dureté mais avec justice, et l’on n’y rendait qu’un seul jugement, puis les juges étaient changés. Pas de juristes, des civils choisis pour, leur bon sens et leur équité dont nul ne savait les noms avant l’instance. On les tirait au sort à huis clos, et ils sortaient tout droit des diverses fédérations de travailleurs et des rangs des simples soldats. Ce tribunal, tout le monde le craignait et la Gestapo elle-même.
    Le rougeaud éperdu hocha la tête. C’était peut-être du bluff, mais si vraiment l’affaire avait été portée devant ce damné tribunal mieux valait se défiler ; il en avait déjà bien trop dit pour sa propre sécurité. L’homme regarda

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