Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
Vom Netzwerk:
Italie, et avant que tu ne me poses la question, Wuf, l’Italie est un pays au bord de la mer du Milieu, à mi-chemin de Jérusalem.
    L’enfant ouvrit encore la bouche pour parler, mais Kathryn posa un doigt sur ses lèvres et poursuivit :
    — Ce médecin donc a découvert comment l’infection se répand par l’eau qui n’est pas fraîche ou qui a croupi. L’homme a écrit un traité célèbre que mon père a étudié. Et voilà que, lorsque nous sommes venus à Cantorbéry, mon père – que Dieu ait son âme – remarqua que les moines du prieuré de Christchurch étaient rarement malades. Il mit leur bonne santé sur le compte de deux éléments.
    — Leur façon de se nourrir et l’eau qu’ils boivent, révéla Thomasina, triomphante.
    — Exactement, approuva Kathryn. Les moines se nourrissent de viande et de fruits frais, et leur eau, qui provient de sources pures, est acheminée jusqu’au prieuré par des conduits en bois d’aulne.
    — Les prêtres vivent toujours plus vieux, fit observer Wuf. Quand je suivais le camp, les soldats disaient que s’ils devaient refaire leur vie, ils seraient prêtres pour vivre plus longtemps.
    Kathryn sourit.
    — C’est peut-être vrai, mais j’ai noté le même phénomène chez certains de mes patients. Te souviens-tu de Mollyns, le meunier ?
    — Oui, et il pue.
    — Certes, cependant il souffre rarement d’infection. Je lui ai demandé comment il se nourrissait. Eh bien, il mange beaucoup de pommes et ne boit que l’eau d’une source proche de son moulin.
    Kathryn jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule, vers le bout de Jewry Lane.
    — Espérons que ces deux vieilles dames se porteront bien. Quant aux ramasseurs de corps, quels…
    Thomasina lui coupa la parole, s’exclamant :
    — Ce sont d’infâmes malfaisants !
    — C’est bien vrai.
    Kathryn sortit de Jewry Lane, passa devant l’hospice des Prêtres Indigents de Sainte-Mary, avant de redescendre vers Ottemelle Lane. De chaque côté de la rue partaient d’étroites venelles qui serpentaient en direction de Burgate ou redescendaient vers le château. Kathryn marchait avec précaution car le ruisseau qui servait d’égout, au milieu de la chaussée, avait débordé, gonflé par la pluie du petit matin, et les immondices envahissaient la rue. En outre, elle gardait l’oeil aux aguets car les maisons bordant Stour Street avaient presque toutes deux ou trois niveaux, et comme il était encore tôt, les servantes et les souillons pouvaient bien déverser les seaux d’eaux usées par la fenêtre, espérant arroser les piétons.
    Plus bas, le petit marché battait maintenant son plein : des fermiers vendaient du beurre, des oeufs, du froment, de la laine, des légumes ou des volailles plumées, le tout entassé sur leurs petites charrettes à bras. Les colporteurs sillonnaient la foule avec leurs plateaux de rubans de soie, dentelle, boutons et boucles.
    Derrière le marché se trouvaient les échoppes des marchands de chandelles, tanneurs, merciers, tailleurs, vitriers et bien d’autres. Kathryn s’arrêta pour examiner les beaux gants en cuir sur un étalage. Wuf s’éloigna en claquant des lèvres afin d’aller observer des apprentis vêtus de justaucorps en toile et cuir, qui pétrissaient la pâte dans les boutiques de boulangers. Kathryn le rattrapa et lui acheta un bonhomme en pain d’épice. Le gamin mordit dans la pâtisserie sucrée, et Kathryn allait reprendre son chemin quand, tout à coup, des mendiants se frayèrent un chemin dans la foule. Ils étaient conduits par un bougre en haillons qui, balançant un bâton devant lui, traversa la rue pour gagner le vieux calvaire en pierre dont il gravit les marches. Ses amis se groupèrent autour de lui et il appela ensuite les passants à la pitié, expliquant comment ses compagnons et lui avaient combattu aux côtés du bon roi Édouard, et comment ils étaient maintenant rejetés de tous avec, pour seules possessions, ce qu’ils avaient sur le dos.
    — Le pauvre, murmura Wuf, entre deux bouchées de pain d’épice.
    — Mais non, persifla Thomasina, c’est un simulateur !
    — Un quoi ?
    — Un malin menteur, un escroc. Je parie qu’il n’a jamais touché une épée de sa vie.
    Tout à coup, l’un des mendiants qui escortaient le simulateur, un homme dépenaillé, bondit sur ses pieds, gémissant et criant, puis il s’effondra sur le sol en se contorsionnant. Une petite foule s’attroupa aussitôt, et

Weitere Kostenlose Bücher