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L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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quelqu’un dans cette maison est-il malade de la peste ?
    Il indiqua d’un doigt qui tremblait un peu la demeure marquée d’une croix rouge.
    — Quelqu’un en a souffert.
    — Ce n’est pas la question que je vous ai posée, protesta Luberon. Aux termes de la réglementation 738 de cette ville, du Codex Medicus et bien entendu de la Clause 4 de la Loi du Parlement votée la troisième année du règne du bon roi Henri IV, une maison où quelqu’un est mort de la peste doit être isolée. Néanmoins, s’il s’y trouve des gens en bonne santé, ils ont le droit de recevoir les soins d’un médecin.
    Les deux ramasseurs de corps, maintenant confondus par ce rappel de la loi exhaustif sinon parfaitement exact de Luberon, décidèrent d’abandonner la partie. Ils reprirent leur charrette et s’en furent, grommelant que les vieilles chipies ne tarderaient pas à mourir de toute façon.
    Le petit attroupement se dispersa. Kathryn prit la main de Luberon et fixa ses yeux bleu clair à l’expression presque enfantine.
    — Vous avez été épatant, Simon, murmura-t-elle.
    Le petit homme se tortilla, confus.
    — Ce n’était rien, voyons. Ce matin, j’ai rencontré Maître Murtagh alors qu’il se rendait à Kingsmead. Il m’a dit que vous étiez allée à Londres avec lui et que vous étiez maintenant de retour à Cantorbéry, chargée de certaines affaires par le roi.
    Kathryn hocha la tête et, devant le regard plein d’expectative de Luberon, déclara :
    — Si nous avons besoin de votre aide, Simon, nous vous le dirons, n’ayez crainte.
    Luberon sourit.
    — Plus important, poursuivit Kathryn, savez-vous où en est ma demande d’autorisation d’ouvrir un commerce d’épices ?
    Luberon étendit les mains devant lui.
    — Dans ces temps troublés, Maîtresse, le roi a suspendu le Conseil de la ville, si bien que la guilde des vendeurs d’épices ne s’est pas réunie. Certains dans la profession s’opposeront certainement à votre demande.
    — Pourquoi ? Parce que je suis une femme ?
    — Non, parce que vous réussissez dans votre métier.
    Luberon sourit.
    — Si c’était le contraire, ils seraient trop contents de vous voir vous ridiculiser !
    Il tapota le poignet de Kathryn pour la rassurer.
    — Je ferai tout mon possible pour que vous obteniez votre licence. À présent, dites-moi, connaissez-vous la nouvelle ?
    Kathryn secoua la tête. En quittant Ottemelle Lane, Rawnose, le mendiant, avait essayé d’attirer son attention, mais elle avait filé avant que le bavard ne puisse la retarder.
    — On a aperçu le traître Faunte qui rôdait à l’orée de la forêt de Blean, annonça Luberon d’une voix théâtrale. On dit qu’il n’était pas seul.
    Kathryn se mordit la lèvre. Elle avait confié à Luberon les craintes que lui inspirait son mari, Alexander, et l’industrieux petit clerc avait promis de tout mettre en oeuvre pour obtenir des renseignements à son sujet. Comme Kathryn, il savait qu’il y avait une chance pour qu’Alexander se trouve avec le maire et d’autres traîtres en fuite qui se cachaient dans les forêts au nord de Cantorbéry.
    De nouveau, Luberon tapota le poignet de Kathryn, et après lui avoir promis de la tenir au courant, il s’éloigna d’un pas rapide.
    — Cet homme sait tout ce qu’il y a à savoir, murmura Thomasina.
    — Il est plein de bonnes intentions, répliqua Kathryn avant de frapper à la porte marquée d’une croix rouge.
    Elle abaissa les yeux sur le visage angélique de Wuf et caressa doucement ses cheveux blonds.
    — Tu t’es montré très courageux, Wuf, dit-elle, mais ça aurait pu être dangereux de s’en prendre à ce ramasseur de corps.
    L’orphelin eut un large sourire en même temps qu’il regardait, plein d’admiration, cette femme peu bavarde mais très bonne, grâce à qui il avait maintenant une maison, un foyer et un lit.
    — Promets-moi de ne pas recommencer, reprit Kathryn.
    Le gamin jura solennellement, et comme Kathryn se retournait pour frapper de nouveau à la porte, il tira la langue à Thomasina, dont les yeux aussitôt scintillèrent de courroux.
    Tous deux se seraient chamaillés, mais la porte venait de s’ouvrir sur les deux vieilles dames, serrées l’une contre l’autre, et dans leur visage ridé, leurs yeux étaient remplis d’angoisse.
    — Oh, nous vous avons entendue, Maîtresse, dit Eleanor. Ces hommes étaient affreux !
    — N’ayez crainte, tout ira bien à

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