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L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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jeune femme avec son gant.
    — Vous rêviez vraiment à moi, Kathryn ?
    Celle-ci lui sourit.
    — Et si c’était le cas, Irlandais ?
    — Eh bien, ce serait une juste récompense pour une dure journée de labeur.
    Kathryn plissa les yeux et allait poursuivre la plaisanterie quand la veuve Gumple apparut sur le chemin, le visage pincé comme si elle avait sucé un citron acide. Avec sa ridicule coiffure et sa jupe volumineuse qui se balançait quand elle marchait, elle évoquait une grosse barque ventrue, toutes voiles dehors.
    — Bonjour, Maîtresse Swinbrooke ! lança-t-elle d’une voix douce comme le miel.
    — Bonjour, Veuve Gumple. Vous portez-vous bien ?
    La veuve inclina la tête avec condescendance et jeta un regard nerveux à Colum qui la fusilla du regard.
    Puis elle passa son chemin pour pénétrer dans l’église, afin de « s’occuper des affaires de Dieu », comme elle avait coutume de dire.
    Thomasina avait un jour observé : « C’est une bonne excuse pour raconter des potins méchants. La grosse vache n’a jamais dit une vraie prière de sa vie ! »
    La veuve disparue, Colum reprit :
    — Vous étiez sur le point de me dire quelque chose ? Vous n’osez plus le faire maintenant ?
    Il l’aida à se mettre debout.
    — Vous redoutez les mauvaises langues ? insista-t-il.
    Kathryn fit voler un grain de poussière de sa robe.
    — J’aurais peur, moi, Irlandais ? Et de quoi au juste ?
    — Des gens qui parlent trop.
    — Et sur quoi, je vous prie, parleraient-ils trop ? demanda la jeune femme d’une voix de miel.
    Colum prit une profonde inspiration : Kathryn l’attirait dans un de ses pièges habituels.
    — Sur moi, bégaya-t-il.
    — Que voulez-vous dire, Irlandais ?
    — C’est que j’habite chez vous.
    — Wuf aussi.
    — Mais je suis un homme, moi.
    — Vraiment ? demanda Kathryn d’un air innocent. Et pourquoi les langues jacasseraient-elles parce que vous êtes un homme ?
    Colum, qui n’y tenait plus, la prit par l’épaule.
    — Allons, ma jolie, vous savez parfaitement ce que je veux dire.
    Kathryn lui sourit.
    — Vous êtes un ami, Colum, un ami cher et proche, et j’ai confiance en vous. Si vous partiez, il ne s’écoulerait pas un jour sans que je pense à vous.
    Mais…
    — Mais quoi ? la pressa-t-il.
    Kathryn indiqua l’église d’un geste.
    — Je viens de prier sur la tombe de mon père.
    Elle saisit Colum par le poignet et poursuivit :
    — Autrefois, Murtagh, un homme comme vous m’aurait fait perdre la tête.
    Elle sourit.
    — Oui, dans tous les sens du terme. Mais à mesure que nous vieillissons, la vie devient compliquée, et il faut lutter pour qu’elle ne fausse pas notre esprit.
    Elle se tut : le crieur public passait d’un pas pesant devant l’église vers la place du marché. Il était suivi par un garde qui emmenait un poissonnier au pilori. L’homme portait le poisson avarié qu’il avait tenté de vendre autour de son cou.
    Kathryn reprit :
    — J’ai peur d’Alexander Wyville, pas de la langue de la veuve Gumple. Le fantôme de mon mari hante mon âme. Il m’avait dit qu’il m’aimait, mais il n’était qu’une brute ivrogne.
    — Et vous pensez la même chose de moi ? demanda Colum.
    — Bien sûr que non !
    Kathryn glissa un bras sous celui de son compagnon, et ils se dirigèrent vers le portail du jardin de l’église.
    — Wyville était un soûlard, et une brute épaisse. Hélas, il est peut-être encore vivant, et, devant Dieu, je suis toujours sa femme.
    Elle poussa un soupir.
    — Mais ce n’est que la partie apparente qui flotte à la surface de l’eau. Au-dessous se cache le chagrin. L’âme a des blessures aussi, Colum, et hélas ! elles cicatrisent lentement.
    Colum vit les larmes qui brillaient dans les yeux de sa compagne. Il lui serra doucement la main.
    — Écoutez, si vous rêvez éveillée à moi, je ne vois pas ce qu’un Irlandais peut demander de plus.
    Ils récupérèrent leurs chevaux et, sans les monter, se dirigèrent tranquillement vers Winchepe pour se rendre au château.
    — Ainsi Maître Luberon y a fait transporter le cadavre ? dit Colum. Quelle est votre hypothèse à son sujet ?
    Kathryn s’arrêta pour passer ses rênes autour de son poignet. La foule très dense se pressait auprès des échoppes. Partout retentissaient les cris et les jurons des charretiers, qui hurlaient qu’on leur laisse le passage. Kathryn attendit d’avoir gagné un

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