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L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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dixième et le onzième cercle.
    — À onze heures, dit-il. Mais cette fois, nous aimerions vous voir chacun individuellement. Et oui, vos suppositions sont justes : Sparrow s’est échappé du château, et nous pensons que celui qui l’a assassiné se trouve ici et a bien des choses à cacher.
    Gabele leva un sourcil surpris.
    — Cependant, n’en dites rien à personne, ajouta Kathryn.
    L’homme hocha la tête et s’éloigna. Il murmura quelques mots à ses compagnons qui réagirent par des grognements et des airs furieux, mais ils s’en furent rapidement. Gabele offrit alors à Colum et Kathryn un verre de vin : ils refusèrent.
    Dès que la salle fut vide, Colum disposa une chaise et deux tabourets dans un angle, sous une batterie de boucliers poussiéreux en bien mauvais état.
    Kathryn, quant à elle, promenait son regard autour d’elle.
    — Ce n’est pas bien propre, ici, marmonna-t-elle.
    — Les châteaux ne le sont jamais, rétorqua Colum.
    — Comment peut-on vivre dans un endroit pareil ? se demanda-t-elle. Quand j’étais enfant, je regardais les murs et les tours du château, je voyais les bannières flotter dans le vent, et je me disais que c’était un château merveilleux, comme dans les contes de fées. J’imaginais de courageux chevaliers et des dames vêtues de soie, des corridors mystérieux, des cachots sinistres, des cours de tournoi qui résonnaient du martèlement des sabots des destriers et du claquement des épées.
    — Vous rêvez, femme ! s’exclama Colum, lui indiquant la chaise.
    Il leva les yeux sur les poutres noircies de fumée, puis son regard descendit jusqu’à la cheminée délabrée. Il reprit :
    — Par tous les saints, Kathryn, ne voyez-vous pas ces tentures trouées ?
    Il jeta un coup de pied dans les joncs séchés sur le sol.
    — Les châteaux sont les lieux les plus tristes du monde ! Tout y est pauvre, ça sent le rance, la viande est trop salée et le vin vous retourne l’estomac.
    Il eut un rire dur.
    — Et les soldats en garnison ne sont pas mieux.
    Il s’assit sur un tabouret.
    — Chacun de ces officiers a quelque chose à cacher. Et ils sont amers.
    Voyant l’expression de surprise de Kathryn, il expliqua :
    — Tous les hommes ici sont d’anciens soldats : Gabele et Fletcher ont combattu sur les champs de bataille détrempés de sang de Towton et de Wakefield. Fitz-Steven et le père Peter étaient clercs de camp. Ces hommes, à cause de leur passé obscur, n’ont pas obtenu de bénéfice d’un évêque et nulle faveur dans la maison d’un noble. Mais la guerre entre les York et les Lancastre a changé leur vie quelque temps.
    Le regard de Colum scintillait.
    — Ah, c’est que c’est excitant, la guerre, Kathryn ! Les avancées rapides contre l’ennemi, bannières et banderoles au vent ; les destriers qui piétinent le sol, et les lignes interminables d’hommes à cheval ! Et puis le ciel assombri par les nuées de flèches !
    Colum sourit.
    — Moi aussi, la guerre me manque. Bien sûr, on a la mort aux trousses, mais on l’a toujours, même en temps de paix. Et si l’on est dans le camp des vaincus, on est gracié parce que l’on est du peuple. En revanche, si l’on est du côté des vainqueurs, à nous le riche butin !
    L’Irlandais indiqua d’un geste la vaste salle très sombre.
    — À présent que la guerre est finie, pour un soldat en garnison, ce château est un excellent poste. Imaginez combien il serait pire d’être cantonné à Alnwick, sur la frontière écossaise, ou dans les grandes étendues des marches du pays de Galles !
    Kathryn se pencha en avant.
    — Si je comprends bien, tous les hommes dans ce château ont pu tuer ?
    Colum eut un petit rire.
    — Certes ! Nous sommes tous des tueurs, Kathryn, des mercenaires. C’est la seule chose que nous connaissons. Je parie que le père Peter est capable de trancher la gorge d’un homme après avoir reçu sa confession.
    — Même un homme comme Gabele ?
    — Oh, il a son honneur, c’est vrai, et le sens de l’amitié. Il respecte sûrement sa parole, mais, Kathryn, dans cette affaire, de grandes richesses sont en jeu : un saphir assez beau pour faire perdre la tête à tous ces hommes, parce qu’il leur permettrait d’échapper à la monotonie de leur existence de garnison.
    Colum se tut : un serviteur venait d’entrer pour placer une bûche dans le feu. Il reprit dès que l’homme eut disparu en refermant la porte sur

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