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L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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vérifié que celle-ci était pure, mais tout le monde sait combien vous persécutez ces vieilles dames.
    — C’est ridicule ! grinça le ramasseur de corps.
    — C’est pourtant la vérité ! cria Maude d’une voix suraiguë. Vous êtes venus chez nous hier, et vous nous avez dit que vous étiez désolés du mal que vous nous aviez causé, mais que vous faisiez votre devoir. Et vous m’avez demandé une louche d’eau.
    L’homme arracha la coupe des mains de son compagnon et la reposa brutalement avec la sienne sur la table.
    — J’en ai assez entendu ! aboya-t-il.
    — Mais je n’ai pas tout à fait fini, rétorqua Kathryn.
    Et ne devenez pas violent. Vous êtes venus hier avec un petit sachet de digitale que vous avez mélangée à l’eau du baquet. Les vieilles dames s’affaibliraient, seraient malades, et finiraient par mourir. Et vous pourriez enfin faire main basse sur tout ce qu’elles possèdent.
    — C’est faux, marmonna le plus jeune.
    — C’est vrai, au contraire, murmura Kathryn.
    Maintenant il vous faut décider si vous voulez répondre devant le commissaire du roi à Cantorbéry de l’accusation de tentative de meurtre, ou tout avouer et accepter le pardon du roi.
    Les ramasseurs n’eurent pas le temps de répondre : on frappait à la porte avec violence. Thomasina alla ouvrir et reparut avec Luberon, suivi d’un petit détachement de gardes.
    — Que se passe-t-il ? demanda le clerc, le souffle court, promenant sur l’assistance un regard grave et préoccupé.
    Derrière les gardes, Wuf criait et bondissait, hurlant qu’il voulait voir Maîtresse Swinbrooke. Kathryn saisit sa cape.
    — J’ai trois choses à vous dire, Maître Luberon, déclara-t-elle. D’abord, je vais laisser Thomasina ici et ramener Wuf à la maison. Ensuite – elle indiqua les ramasseurs de corps –, ces deux-là sont coupables de tentative de meurtre.
    Elle s’apprêta à sortir de la pièce, mais Luberon la retint.
    — Et la troisième chose, Maîtresse ?
    — Ah oui, ne buvez l’eau de cette maison sous aucun prétexte !
    — Pourquoi ?
    Kathryn jeta un regard accusateur aux deux ramasseurs :
    — Demandez-le-leur !
    Les deux hommes avaient perdu leur superbe, soudain. Ils se tenaient debout, tête baissée, si bien que Kathryn n’aurait su les distinguer l’un de l’autre.
    Même corps, mais des têtes différentes, se dit-elle, et elle se souvint du cadavre décapité que l’on avait repêché dans la rivière.
    — Et si… murmura-t-elle pour elle-même.
    — Pardon ? demanda Luberon.
    Kathryn le dévisagea.
    — Le cadavre sans tête, répondit-elle. Celui que nous avons examiné. Demain, j’aimerais que l’on apporte le cercueil au château.
    Luberon haussa les épaules.
    — On ne devait pas l’enterrer avant ce soir. Je puis encore retarder la cérémonie.
    — Faites-le, s’il vous plaît, répliqua distraitement Kathryn. J’ai peut-être commis une grave erreur.

 
    CHAPITRE VIII
    Le lendemain matin, Kathryn s’en fut écouter la messe à l’église Sainte-Mildred. Après que le prêtre eut chanté l’Ite missa est, elle alluma un cierge devant la statue de la Vierge, puis partit prier sur la tombe de son père. Abaissant les yeux sur l’inscription qu’elle avait fait graver pour le repos de l’âme du cher défunt, Kathryn se laissa aller un moment à rêver à sa jeunesse, quand elle trottait aux côtés de son père dans les rues de Cantorbéry, ou qu’avec Thomasina elles allaient ramasser les simples et les plantes médicinales dans les prés…
    Kathryn cligna des yeux pour refouler ses larmes, et, embrassant le bout de ses doigts, elle les appliqua sur la pierre tombale grise et froide.
    — Vous me manquez, murmura-t-elle.
    Après une génuflexion devant le maître-autel, elle sortit de l’église et s’assit sur un muret de pierre, à côté du porche, pour jouir du soleil et regarder les charrettes et les chevaux attelés qui se rendaient à Buttermarket. Elle-même devrait aller au château, ce matin. Pourvu qu’elle ne se soit pas trompée sur le cadavre décapité que l’on avait repêché dans la Stour !
    — Vous rêvez à moi, Kathryn ?
    Mettant sa main en visière pour se protéger les yeux du soleil, Kathryn découvrit Colum.
    — Je suis déjà allé à Kingsmead, dit-il, et, à mon retour, j’ai taquiné Thomasina. J’ai récupéré votre cheval à l’écurie.
    Il se pencha et effleura gentiment la joue de la

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