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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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jeune
Satiah dépérir chaque jour davantage.
    Vinrent s’ajouter deux enfants de paysans que
les parents avaient déposés à l’entrée des portes du domaine. Partis sans se
montrer, par crainte qu’on ne les jetât dehors, ils n’avaient même pas osé réclamer
du pain et du poisson séché pour apaiser leur faim, comme le faisaient les
paysans de Bouhen.
    Chaque jour, Séchât et Cachou leur distribuaient
quelques aliments, mais les provisions commençaient à baisser et les espoirs à
tomber. Kéni et Djenani comptaient les réserves restantes et s’efforçaient de
rendre l’espoir aux cœurs les plus désespérés.
    Puis un soir, alors que Neb-Amon venait de
remarquer que les diarrhées de Satiah s’étaient arrêtées, faute d’absorber une
quelconque nourriture, il écouta sa faible respiration et le rythme de son cœur
de plus en plus lent.
    Le médecin sentit la moiteur envahir son
front, mais il prit le risque de lui administrer un peu de ciguë. Malgré la
dose minime, Neb-Amon savait que si l’amalgame des remèdes se révélait néfaste,
la mort s’ensuivrait sans attendre.
    La nuit suivante, Satiah se mit à transpirer
abondamment, mouillant les linges sur lesquels elle était étendue, mais la
fièvre tombait doucement et Neb-Amon remercia le dieu Thot de l’avoir exaucé.
    Remettant le jeune Rekmirê entre les mains de
Cachou, Séchât ne put attendre davantage et se rendit auprès de sa fille.
    À présent, puisque le médecin venait de mettre
son remède au point, il immunisa son épouse et elle put rester sans crainte au
chevet de Satiah.
    Amaigrie, le pouls encore un peu faible, la
jeune fille était à peine remise que vint frapper à la porte du domaine un
homme couvert de poussière, le pagne incolore et la gorge cruellement
desséchée.
    — C’est un coursier de sa Majesté !
cria Cachou en se précipitant au-devant de Séchât qui se préoccupait plus du
destin de sa fille que des gens qui venaient frapper à sa porte.
    Il fallut quelque temps au messager pour s’expliquer,
mais on lui donna de l’eau fraîche à boire, ce qui le fit patienter. Quand
Séchât apparut, lasse, la mine défaite, l’angoisse encore au bord des
paupières, elle crut s’évanouir en écoutant l’homme parler.
    — Mon mari ne peut se rendre à Thèbes,
dit-elle d’une voix faible tant elle tremblait, il a charge d’âmes, ici à
Bouhen. Il soigne tous ceux qui sont touchés par l’épidémie.
    — Non, Séchât, je vais m’y rendre, fit Neb-Amon
qui arrivait dans son dos. Que veut exactement la reine ?
    — Uniquement votre présence. Des milliers
de gens meurent à Thèbes, emportés par la faim ou la maladie. Les cadavres
jonchent le sol, et les vautours se délectent, faisant crisser les os dans
leurs becs. Les greniers à blé des villages sont vides. Le temple de Karnak ne
peut plus nourrir les survivants, certains d’entre eux se sont rués dans le
palais de Thèbes. Ils réclament du pain et de la nourriture et la reine n’ose
pas leur refuser. On craint que l’odeur des charniers n’emporte les plus
résistants, ceux qui ont encore quelque chose à se mettre sous la dent.
    — Ce fléau est une folie, murmura Séchât.
    — Pire ! reprit le messager, car
dans Thèbes, il n’y a plus un seul animal. Le peuple a mangé jusqu’aux
carcasses de chiens, d’ânes ou de chèvres. Les dieux ont dû décréter l’exterminationdu peuple égyptien.
    — Pourquoi la reine veut-elle que je
rentre ? s’enquit Neb-Amon.
    — Sa Majesté ma ordonné de vous dire que
votre présence était indispensable à Thèbes.
    — Ne pars pas, je t’en prie, jeta Séchât
posément.
    Neb-Amon la prit dans ses bras.
    — Satiah est hors de danger. Elle ne peut
être touchée deux fois. Quant à Rekmirê, je l’emmène avec moi. S’il tombe
malade, je le soignerai où qu’il soit.
    — Mais… Mais, les autres ! bégaya
Séchât.
    — Je vais te laisser les drogues
nécessaires pour le pire des cas.
    — Mais, tu sais bien que je suis très
maladroite pour ce genre de choses.
    — Eh bien moi, dit soudain Djenani, je
peux compter les gouttes, les graines, étaler les pommades ou faire respirer l’opium.
Je me sens capable d’exécuter cette tâche. Mieux, j’en prends la
responsabilité.
    — Parfait, Djenani, répondit le médecin
en regardant chaleureusement le jeune scribe. J’accepte et saurai t’en
remercier.
    — C’est déjà fait, il me semble. Ne m’avez-vous
pas

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