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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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posées
sur la garde de son épée, il avait le visage dur et dédaigneux de celui pour
qui la vie humaine n’avait aucune valeur.
    — Je suis pauvre, seigneur, et je parcours
l’Europe. J’étais, il y a peu, en Allemagne.
    — Es-tu allé à Paris ? demanda celui à
la barbe noire et frisée.
    — Non, seigneur, je n’aime guère le roi de
France.
    — Tu préfères Richard ! semble-t-il, fit
celui qui avait écouté son chant avec un sourire bienveillant.
    — En effet, seigneur. Je ne m’en cache pas.
    — Es-tu féal serviteur de son frère, notre
roi ? demanda le musculeux avec une sorte de dédain.
    — Je suis féal serviteur du roi d’Angleterre,
du duc de Normandie et du duc d’Aquitaine, messire.
    La réponse ambiguë dut leur convenir, car tous
trois hochèrent la tête.
    — Et eux, qui sont-ils ? s’enquit le
grand chambellan en désignant Anna Maria et Bartolomeo qui s’étaient
agenouillés.
    — Mon frère et ma sœur, nobles seigneurs.
    — Présente-toi à la barbacane après vêpres,
avec ton frère et ta sœur. Tu nous distrairas ce soir, pendant le souper,
annonça l’homme à la barbe frisée.
    Il s’adressa au musculeux :
    — Guillaume, tu préviendras le sergent de
garde qui les conduira dans la grande salle.
    Guilhem comprit que l’entretien était terminé et
s’agenouilla, baisant le bas de la robe de celui qui les avait invités,
certainement le plus important des barons.
    Celui-ci parut satisfait. Sans un regard pour la
badaudaille, il se retourna dignement et se dirigea vers le pont. La troupe le
suivit.
    Quand ils eurent passé la barbacane, Guilhem et
ses compagnons se relevèrent, dissimulant un regard satisfait. Plusieurs des
badauds se pressèrent alors autour d’eux pour les féliciter.
    — Compère, tu as une sacrée chance !
s’exclama le dresseur de chiens avec une ombre d’envie.
    — Qui étaient-ils ? demanda Guilhem
autour de lui.
    — Celui qui t’a invité est Roger Fitz
Renfred, le constable gouverneur de la Tour, répondit le marchand de vin.
    — Et ce Guillaume ? demanda Anna Maria.
    — Son lieutenant, Guillaume de La Braye. Un
homme craint ici, autant qu’un vieux loup affamé en janvier !
     

Chapitre 28
    P référant
se reposer, ils ne reprirent pas leur spectacle, car ils devinaient que la
soirée serait épuisante. D’ailleurs, pourquoi l’auraient-ils poursuivi
puisqu’ils avaient obtenu ce qu’ils souhaitaient ? Ils restèrent donc
seulement à regarder les autres jongleurs, le dresseur de chiens et le briseur
de chaînes.
    Quant au funambule, qui avait enfin obtenu le
droit de tendre sa corde, il traversa plusieurs fois le fossé, faisant des
sauts de plus en plus périlleux jusqu’à ce qu’il tombe dans l’eau croupie sous
les rires de la foule.
    Guilhem, Anna Maria et son frère en profitèrent
pour s’éclipser et rejoindre leurs compagnons à l’auberge Sainte Catherine où
ils racontèrent la venue du gouverneur et son invitation. Furnais leur décrivit
alors, une nouvelle fois, l’intérieur de la tour blanche et la salle où ils
allaient jouer. Quand Guilhem fut certain de pouvoir s’y retrouver, il songea à
l’aviseux de Locksley qui pourrait bien être présent à son spectacle.
    — Vous ne m’avez pas décrit ce pendard. À
quoi ressemblait-il ?
    — Jeune, pas très grand, plutôt trapu,
répondit Ranulphe.
    — C’est surtout son expression qui m’a
frappé, ajouta Locksley après un instant de réflexion. Il avait un air de
sottard, un vrai balourd. Quand j’ai vu son visage, j’ai pensé que je m’étais
trompé, que ce n’était pas un espion, mais un coquard qui me suivait par
hasard.
    — Moi, c’est sa vigueur et sa force qui m’ont
pris de court ! intervint Cédric.
    — C’est vrai qu’il paraissait balourd,
reconnut Ranulphe. Ça a endormi ma méfiance. Je ne m’attendais pas à ce qu’il
réagisse si vite.
    Jehan le Flamand ne prit pas la parole, mais
approuva de la tête.
    — Un portrait inquiétant, grimaça Guilhem.
Qui diable peut être cet homme ?
    Peu avant vêpres, ils reprirent le chemin du
château avec leurs instruments. Guilhem et Bartolomeo avaient gardé leur dague.
    À la barbacane, un sergent, prévenu de leur
arrivée, les accompagna au corps de garde où se tenaient une dizaine d’archers
qui firent toutes sortes de manières à Anna Maria pour qu’elle s’intéresse à eux.
Elle les ignora, aussi les fit-on passer rapidement dans la

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