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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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cour où le sergent
les conduisit jusqu’à une estacade en grosses poutres à l’intérieur de laquelle
grimpait un escalier de bois de deux bonnes toises. Ils l’empruntèrent et, par
une ouverture sous une arche, ils pénétrèrent dans une salle sombre où
brûlaient des torchères de joncs.
    Quelques chevaliers se trouvaient là. En
particulier celui qui paraissait si craint des gens de Londres : le
lieutenant du gouverneur, Guillaume de La Braye.
    — Vous voilà enfin ! aboya-t-il d’un ton
désagréable en les voyant entrer. Je vais vous montrer la salle du banquet,
mais, jusqu’au souper, vous resterez ici avec les gardes. Tentez de sortir et
je vous fais pendre ! Vous commencerez immédiatement après le son du cor.
    Sans leur accorder plus d’attention, il se dirigea
vers l’une des lourdes tentures brodées du léopard d’Angleterre qui séparaient
la pièce de la grande salle. Il la franchit. Les trois ménestrels le suivirent.
    Le mur de séparation faisait au moins sept pieds
d’épaisseur. De l’autre côté, Guilhem découvrit une immense salle rectangulaire
sombre et enfumée dont le plafond était soutenu par une double rangée de
poteaux de bois. Entre eux étaient dressées trois tables en forme de U. La plus
courte était près de la grande cheminée où s’activaient cuisiniers et marmitons
devant des pots, des poêles et des broches suspendus à des crémaillères. Sur
les murs étaient accrochées des tapisseries noircies par le suif et des
panoplies de vieilles armes. Le sol en pierre était couvert d’herbe fraîche.
Des groupes de seigneurs en robe et des templiers en manteau blanc conversaient
bruyamment en vidant de grands gobelets d’ale.
    Un peu partout, bouteillers, cellériers, panetiers
et sommeliers s’activaient, posant pots de vin et gros pain sur les huchoirs et
les dessertes. Dans une autre cheminée rôtissait un chevreau.
    — Pourrons-nous prier avant le spectacle,
noble seigneur ? demanda timidement Anna Maria. Nous avons l’habitude de
le faire pour que saint Julien nous inspire.
    La Braye parut contrarié par cette demande
inattendue, mais il agréa.
    — Renaud ! se touma-t-il vers l’un des
gardes, conduis-les à la chapelle de César, mais ne les quitte pas. Tu les
ramèneras ensuite dans la salle des gardes.
    Le lieutenant du gouverneur rejoignit alors un
groupe de chevaliers.
    Le nommé Renaud leur fit signe de les suivre. Ils
se dirigèrent vers la grande cheminée. À gauche, un passage conduisait à un
escalier et à un couloir. Furnais ne leur avait pas parlé de cet escalier,
remarqua Guilhem. Conduisait-il à la chambre de La Braye ?
    Au bout du couloir, ils entrèrent dans une
chapelle à l’extrémité semi-circulaire. Guilhem leva les yeux. Sa hauteur était
telle qu’elle communiquait par une galerie avec l’étage supérieur, là où
logeaient le grand justicier et le grand chambellan. Anna Maria s’avança avec
son frère jusqu’à l’autel situé entre deux rangées de grosses colonnes. Ils
s’agenouillèrent.
    — Jules César n’était pas chrétien, il n’a
jamais construit de chapelle, chuchota Guilhem à son guide.
    — On dit pourtant que c’est lui qui l’a
bâtie, donc ce doit être vrai, répliqua sèchement le sergent. Depuis, la
chapelle est consacrée à saint Jean.
    Il se signa et Guilhem fit de même. Puis il
rejoignit les autres pour faire semblant de prier saint Julien.
     
    Comme ils revenaient de la chapelle, ils virent La
Braye se diriger vers eux accompagné d’un jeune homme blond à la démarche
affectée. Sur sa robe de laine, il portait une chasuble sans manches en soie
doublée de fourrure et bordée d’un passement de petites tours crénelées.
Par-dessus, un double baudrier d’argent serrait sa taille où pendait une courte
épée à la poignée dorée. À quelques pas derrière lui suivait un jeune homme
trapu à l’expression de benêt.
    Avec stupéfaction, Guilhem reconnut les deux
invités présents à la table d’honneur, lors du banquet de Bordeaux. Le jeune
homme blond était celui au couteau à manche d’argent et qui demandait
régulièrement une aiguière pour garder les mains propres. Quant à son compagnon
à l’air balourd, il était évident que c’était l’aviseux qui avait suivi
Locksley. Celui qui avait tué Mathilde.
    Il s’était complètement trompé sur eux lors du
banquet. Il saisit la main d’Anna Maria et la serra de toutes ses forces pour
qu’elle se

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