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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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nous logeons. Pour
rentrer à l’auberge, passons par la rue de la Tour et Water Lane. Si quelqu’un
nous observe depuis le corps de garde, il n’imaginera pas un instant que nous
logeons près de la Tamise alors que nous partons dans la direction opposée.
    Tandis qu’ils se dirigeaient vers l’église de
Barking, une nuée de corbeaux qui sommeillaient sur l’herbe s’envola,
provoquant un cri de frayeur d’Anna Maria. Ils n’avaient pourtant ressenti que
le souffle des ailes et entendu que leurs battements, mais cet envol faisait
immanquablement penser à celui des démons.
    Eux pouvaient entrer et sortir librement de la
Tour, songea Guilhem avec une sombre ironie.
    Sortir…
    Ce mot le frappa comme l’aurait fait un violent
coup d’épée sur son écu.
    Sortir ! Pourquoi n’y avait-il pas pensé plus
tôt ?
    Une plume tombée d’un des oiseaux effleura son
visage. Il la rattrapa d’un geste et sut qu’il tenait la solution. La Tour de
Londres n’avait jamais été l’endroit pour voler le testament.
    Il y avait un moyen très simple de se saisir de ce
précieux document. Le procédé serait habile et élégant, mais difficile à mettre
en œuvre, car il faudrait tromper Dinant.
    Dans certains de ses tours, Bartolomeo parvenait à
faire croire qu’une illusion était la réalité. Était-il possible de concevoir
une mystification qui abuserait les barons de Jean ?
    L’esprit fertile de Guilhem se mit en action et
les éléments d’un subterfuge se précisèrent peu à peu. Il les passa en revue
sans y trouver de faille et sentit l’excitation monter en lui. Il était
possible de manipuler Dinant, le grand justicier et La Braye, mais pour éviter
leur défiance, il fallait leur faire avaler une histoire irréfutable. Le seul
moyen d’y parvenir était qu’une mort abominable attendrait ceux qui y
participeraient. Le prix de cette illusion serait donc cruel. Ses compagnons
accepteraient-ils d’en être ?
    Dans la rue de la Tour, il y avait un peu de
clarté, car des coupelles de fer où brûlait du suif ou de la graisse étaient
suspendues devant quelques maisons. Ils entendirent des éclats de voix venant
d’une taverne et se pressèrent. Guilhem craignait par-dessus tout une
altercation avec la ribaudaille, surtout en compagnie d’Anna Maria.
Heureusement la rue était vide. Ils tournèrent à gauche dans le chemin qui
conduisait au Vieux Cygne, mais à partir de là, c’était l’obscurité.
    Guilhem jeta sur une épaule la lanière de la boîte
à vielle et tira la dague qu’il portait à sa ceinture. Bartolomeo fit comme
lui, ayant donné la lanterne à sa sœur.
    Ils allaient atteindre sans encombre la rue de la
Tamise quand des voix avinées les interpellèrent. Guilhem poussa Anna Maria
dans le retrait d’une maison à colombages et ils se mirent devant elle pour la
protéger.
    — Cache ta lame, souffla Guilhem à
Bartolomeo.
    — Compaing, c’est une putain ! cria une
voix en apercevant la robe d’Anna Maria.
    Ils parlaient un patois normand. C’étaient sans
doute des marins.
    Ils s’approchèrent en titubant, ils étaient trois.
Bartolomeo n’en menait pas large et Guilhem n’avait pas envie de perdre son
temps. Tant pis pour ceux-là qui ne reverraient jamais la Normandie, se dit-il.
    Les trois brutes avinées tenaient de longs bâtons
menaçants.
    — Écartez-vous, compaings ! lança le
plus audacieux. Après notre affaire, on vous la rendra !
    Menaçant, il leva son bâton en voyant que les deux
hommes ne bougeaient pas.
    Guilhem lui lança sa lame dans le ventre. La
lourde lame y pénétra avec un floc écœurant et le sang jaillit. L’homme se plia
en deux, ne comprenant pas immédiatement d’où venait sa douleur. En même temps,
Guilhem attrapait sa perche et la lui arrachait des mains. D’un violent coup
latéral, il brisa la mâchoire de celui qui était juste derrière son adversaire,
puis il frappa avec l’extrémité du bois dans le ventre du troisième, lui
éclatant plusieurs organes.
    — Déguerpissons ! lança-t-il en jetant
le bâton et en récupérant la lame dans le ventre de celui qui agonisait.
    Anna Maria et Bartolomeo étaient terrorisés par ce
brusque accès de violence qui n’avait pas duré le temps d’une patenôtre. Ils
obéirent en silence.
    À proximité du Vieux Cygne, Guilhem retrouva son
calme, mais resta furieux contre lui-même. Il aurait dû se retenir et éviter de
tuer ou de blesser gravement ces trois pauvres

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