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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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porte
en face de lui et s’y dirigea. Elle n’était pas fermée à clef. Les gonds
grincèrent légèrement quand il entra dans la chambre voûtée, là où habitait La
Braye.
    C’était une salle de petite taille tant les murs
devaient être épais. La lumière pénétrait par des meurtrières profondément
enfoncées dans des embrasures. Il y avait un lit, un grand coffre de bois, une
table et un banc ainsi que deux tabourets.
    Et près du lit, un gros coffre de fer au couvercle
triangulaire renforcé de pentures rivetées. Il s’y précipita pour l’ouvrir,
écartant l’escarcelle posée dessus.
    Il était fermé à clef.
    — Qui êtes-vous ?
    La voix résonna dans son dos. Il se figea un
instant avant de se retourner lentement.
    C’était un domestique en aumusse, mais pas un
clerc, car il n’était pas tonsuré. Il devait avoir la trentaine et le visage
méfiant de celui qui détient l’autorité. Un valet de chambre ?
    — Le seigneur de La Braye m’a demandé de lui
apporter cette escarcelle, répondit Guilhem d’une voix égale.
    — Qui êtes-vous ? Je ne vous connais
pas.
    — Je suis au comte d’Oxford, je suis arrivé
tout à l’heure, assura Guilhem, prenant l’escarcelle comme si ces questions
l’importunaient.
    Il s’approcha du domestique, le sourire aux
lèvres.
    Peut-être convaincu, l’autre parut hésiter à poser
une autre question.
    Promptement, Guilhem sortit sa dague et la lui
enfonça sous la côte, transperçant le cœur. Le domestique s’affala. Guilhem le
soutint par le dos, essuyant la dague à l’aumusse avant de la rengainer.
    Vérifiant qu’il n’y avait pas de sang sur le sol,
il regarda autour de lui pour cacher le corps. C’est alors qu’il vit l’autre
porte. Une porte ferrée avec de grosses pentures et un verrou.
    Il se souvint que Furnais avait parlé d’un cachot.
    Posant le cadavre, il s’y précipita et tira le
verrou. C’était une basse-fosse d’où remontait une odeur de pourriture. Il alla
chercher le mort et le tira jusqu’au cachot où il le poussa au fond, dans
l’obscurité. Puis il sortit, ferma la porte et tira le verrou. Il vérifia
rapidement qu’il n’y avait aucune trace de son crime avant de revenir au
coffre, essayant de forcer la serrure avec sa dague. Il comprit très vite que
c’était impossible. Il passa rapidement en revue la chambre, cherchant la clef
qui aurait pu être cachée, vérifiant même sous le lit et le matelas. Rageant,
il abandonna. Il n’avait plus le temps.
    Il sortit, ferma la porte derrière lui et remonta
lentement l’escalier. La salle des gardes était toujours déserte et il entendit
le chant d’Anna Maria.
    Saisissant sa vielle posée sur un coffre, il
souleva la tenture et entra dans la salle. Anna Maria avait terminé et
Bartolomeo s’apprêtait à faire quelques tours de magicien quand il se mit à
tourner la manivelle de l’instrument de musique et commença gravement le chant
composé par le roi Richard, alors qu’il était prisonnier.
     
    — Maintenant
je sais parfaitement
Que mort ou prisonnier n’ont amis ni parents,
Puisqu’on m’abandonne pour de l’or ou de l’argent.
C’est grave pour moi, mais plus encore pour mes gens,
Qui après ma mort seront déshonorés
Si longtemps je reste prisonnier.
Il n’est pas étonnant que j’aie le cœur affligé
Puisque mon seigneur malmène mes terres.
S’il se souvenait de notre serment
Que nous fîmes tous deux d’un commun accord,
Je suis bien certain qu’ici je ne serais pas
Longtemps prisonnier.
     
    Presque tout le monde l’écoutait religieusement.
Il joua un instant le refrain, sans prononcer une parole, et observa que Dinant
s’était plongé dans le contenu de son assiette, tandis que ses voisins avaient
cessé de manger.
     
    — À
mes compagnons que j’aimais et que j’aime,
À ceux de Caen, à ceux du Perche,
Dis pour moi, chanson, qu’ils ne sont pas fidèles
Et que jamais mon cœur ne fut pour eux faux ni volage.
Ils se conduisent en vilains s’ils me font la guerre
Tant que je suis prisonnier !
    Il
lança un dernier accord avant de s’incliner.
     
    — Par ma foi ! s’écria le grand
justicier en se levant, tu as chanté juste et vaillamment, l’ami !
    Plusieurs voix se levèrent pour approuver.
    — Viens donc parmi nous partager ce
repas ! Vous autres (il désigna quelques pages et quelques sergents en
bout de table), faites de la place pour le gentil troubadour qui nous a rappelé
combien

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