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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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qu’on vous
remarque.
    Ranulphe commençait à comprendre.
    — C’est vous que La Braye va poursuivre. À la
nuit, vous serez à Hastings. Là, vous vous ferez discrets et vous passerez la
nuit quelque part dans un bois. Le lendemain, vous suivrez la côte. Guilhem
sait nous retrouver. Un pêcheur nous conduira en Flandre.
    On le voit, Robert de Locksley ne leur donnait pas
le nom du port ou du village où il les attendrait.
    — Si nous perdons le seigneur d’Ussel,
remarqua Cédric, nous ne saurons pas où aller.
    — Vous ne me perdrez pas, lui assura Guilhem.
    — Et si c’est vous qu’on pourchasse, seigneur
comte ? demanda Ranulphe. Vous n’aurez personne pour vous défendre.
    — Je serai avec lui, intervint Furnais, et
même blessé aux jambes, je peux encore manier une épée.
    — Jehan sera aussi avec moi, et rassure-toi,
Ranulphe, les gens du shérif de Nottingham n’ont jamais découvert mes traces à
Sherwood, ce n’est pas ici que les lourdauds de La Braye vont les
trouver !
    Sur ces dernières paroles, ils se séparèrent.
     
    Ils pénétrèrent dans les sous-bois les plus
touffus de la profonde forêt, évitant le grand chemin vers Maidstone. Locksley
suivait des sentes d’animaux, souvent sinueuses, avançant très lentement. Par
moments, il faisait descendre tout le monde de cheval pour une marche à pied,
même Furnais qui boitait. Ils étaient si silencieux qu’ils découvraient parfois
des biches et des chevreuils à portée de main.
    Cela dura des heures et des heures, sans échanger
un mot. Entendant sonner vêpres dans un village lointain, Furnais se demandait
s’ils passeraient la nuit dans la forêt quand ils débouchèrent sur une rivière.
Ils suivirent sa rive jusqu’à un moulin.
    — Nous sommes à Eynsford, leur expliqua
doucement Robert de Locksley. Wilfrid, le meunier, était avec moi à Sherwood.
Quand Richard nous a graciés, il est revenu chez lui. Guillaume de Eynsford, le
shérif du Kent, qui possède le château là-bas (il désigna une tour éloignée qui
dépassait de peupliers), s’est réconcilié avec lui. Mais je ne tiens pas à ce
qu’on sache qu’il a reçu des visiteurs.
    Au moulin, le meunier fut stupéfait de découvrir
son ancien chef arrivant ainsi des bois, mais ne posa aucune question. Il fit
rapidement entrer les chevaux dans une grange et leur laissa sa chambre pour la
nuit, lui-même allant dormir avec ses ouvriers.
    Ils repartirent le lendemain, avant le lever du
soleil.
    Ils prirent la route de Maidstone, car désormais
il était peu vraisemblable que les gens d’armes de la Tour aient retrouvé leurs
traces. Maidstone était un village saxon d’une centaine de feux qui appartenait
à l’archevêque de Cantorbéry. C’était un endroit prospère avec plusieurs
moulins à eau, un marché et une grande foire.
    Ils s’arrêtèrent chez un forgeron pour faire
soigner un cheval qui boitait puis poursuivirent jusqu’à Fulcestane où ils
furent peu avant la nuit.
    Fulcestane, ou Folkestone, était une baronnie
estimée à une centaine de livres. Elle possédait cinq églises et moins d’un
millier d’habitants. Le port, petit, mais bien protégé, faisait partie de ce
qu’on appelait l’union des cinq ports. Situé juste en face de Boulogne, encadré
par deux grandes falaises blanches qui permettaient de le retrouver facilement
quand on venait de Normandie ou de Flandre, il assurait une importante partie
du trafic entre l’Angleterre et la Flandre.
    Ils se rendirent directement au prieuré de
Sainte-Mary et Sainte-Eanswythe érigé près de la plage et du petit port où les
pêcheurs avaient leurs barques. On l’apercevait de loin avec son église au
clocher carré. Le prieuré ne comptait que quelques moines et avait d’abord été
un monastère de religieuses, avant d’être ravagé par des maraudeurs puis
reconstruit par Guillaume d’Averanches, le baron normand qui possédait le
château sur une hauteur proche.
    Il y avait toujours beaucoup de visites à l’église
et au monastère. D’abord des pèlerins, parce qu’on pouvait y prier les saintes
reliques d’Eanswythe, une princesse saxonne, et ensuite parce que le prieuré
possédait une hôtellerie pour les voyageurs. Ce n’était qu’une salle basse,
mais elle offrait un abri contre la pluie et permettait de se réchauffer autour
de son foyer. Surtout, elle coûtait moins cher qu’une nuit dans l’auberge du
village.
    En arrivant, Locksley alla voir le

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