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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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église.
    Montaigut s’attendait à une négociation et non à
ce qu’on lui présente une charte déjà écrite. Il la prit sans dissimuler son
mécontentement. Mais, en vérité, tout lui déplaisait depuis le début de cette
affaire.
     
    Au nom de la sainte et indivisible Trinité,
qu’il soit connu à tous présents et à venir, que moi, Guilhem d’Ussel, je donne
à Dieu, à la Sainte Vierge Marie et à la commanderie de Bordères, la libre et
paisible possession du moulin sur l’Arrats avec ses dépendances sans aucune
réserve. Le représentant chevalier Templier présent au moulin me portera
hommage et la commanderie de Bordères payera à perpétuité à Guilhem d’Ussel, à
sa femme et à ses héritiers, sans exception et contradiction, à chaque année le
jour de saint Michel, trois boisseaux de seigle ou d’orge, un mouton et
cinquante deniers d’argent. Cet argent ne pourra jamais donner lieu à une
taille ou collecte, ou exaction. La commanderie de Bordères n’apportera aucun
empêchement au paiement de cette somme même à l’occasion d’une guerre.
    De même, moi, Guilhem d’Ussel désire qu’une
paix perpétuelle succède aux insultes, aux maléfices, aux dommages qui m’ont
opposé à la commanderie de Bordères.
    Confirmé cette donation par nous, Guilhem
d’Ussel, et Bernard de Montaigut, commandeur de Bordères qui y avons apposé nos
signatures et fortifiée de nos sceaux après avoir juré sur les saints
Évangiles, dans l’église, en public au son des cloches. Ont été témoins Robert
de Locksley, comte de Huntington, Bartolomeo Ubaldi, écuyer, Regun Eldorman,
écuyer, Ranulphe de Beaujame, écuyer.
     
    Si le contenu de la charte (écrite en latin, mais
que nous avons traduite ici) soulagea quelque peu le commandeur, d’autres
questions lui vinrent à l’esprit, confirmant qu’il s’était grossièrement trompé
sur Guilhem d’Ussel.
    Montaigut avait une grande habitude des chartes.
Le plus souvent, elles étaient sales et tachées, mal écrites par des clercs,
ignorant déclinaisons et conjugaisons. Or celle-ci avait été préparée par un
fin latiniste. Si ce Guilhem d’Ussel n’était qu’un soudard, comme le lui avait
assuré Peyre Adhémar, comment pouvait-il s’être entouré d’un clerc si
savant ?
    — Qui est ce comte de Huntington ?
demanda-t-il pour se donner le temps de réfléchir.
    — Mon ami. C’est lui qui vient de vaincre ceux
que vous aviez laissés au moulin. C’était un loyal serviteur du roi Richard et
il est fort apprécié de la duchesse Aliénor. Comme moi, il a engagé sa foi
auprès de Philippe de France.
    Que faisait là cet homme ? se demanda
Montaigut qui se sentait piégé comme un sanglier dans un filet. S’il
l’acceptait, cette charte réduisait sensiblement les bénéfices du moulin, mais
le Temple le garderait, ainsi que son église. Quant à refuser, quelles en
seraient les conséquences ? Se retirer sans combattre ? Il perdrait
le moulin et l’église. Se battre ? Il n’était pas certain de l’emporter et
s’il perdait trop d’hommes, il ruinerait à jamais la commanderie qu’on lui
avait confiée. De plus, s’il était vainqueur, et si Ussel ne lui avait pas
menti, les conséquences pouvaient être graves pour l’Ordre tout entier si le
roi de France se fâchait.
    — Qu’y a-t-il de véritable dans votre beau
discours sur Philippe de France ? demanda-t-il en forçant sur l’arrogance.
    Guilhem se leva et ouvrit un coffret rangé dans
une niche creusée dans le mur de la tour. Il en sortit un parchemin plié et le
lui tendit en silence.
    C’était un sauf-conduit avec le gros sceau rouge
du roi de France, écrit par frère Guérin, l’hospitalier chancelier du roi, et
signé Philippe.
    Perplexe, le commandeur se passa une main dans la
barbe. Après tout, ce Guilhem s’était montré généreux, et s’il faisait la paix
avec lui, il pourrait être un bon voisin. Bien sûr, il avait perdu des hommes,
mais n’avait-il pas fait la paix avec les infidèles en Palestine, pourtant des
ennemis bien plus redoutables ?
    — Puis-je me retirer au moulin avec mes
chevaliers pour une conférence ? demanda-t-il.
    — Oui, mais si Robert de Locksley a fait des
prisonniers, vous les laisserez passer pour qu’ils soient gardés ici comme
otages. Sachez que je ne barguignerai pas ces conditions…
    Il désigna la charte.
    — Je souhaite la paix entre nos communautés,
saisissez-en l’occasion. Et pour

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