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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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il
l’offrit à son seigneur comme nappe pour la table du château. Les suivantes
seraient facilement vendues un écu l’aune à Auch.
    C’est Geoffroi qui s’intéressait à ce marché ayant
lieu chaque mois. Chaque manse avait des surplus de production, qui sur le
seigle, qui sur le miel ou encore sur le vin. Les paysans se les échangeaient
entre eux, ou en vendaient une part à des colporteurs. Mais en défrichant de
nouvelles terres sur la forêt, la récolte de seigle et d’épeautre pourrait
augmenter. Geoffroi voulait utiliser le chariot pour aller vendre les surplus à
la ville. Pétronille d’Astarac avait accepté de lui céder une partie de ce que
le prieuré de Sainte-Marie du Bon Lieu produisait et même Peyre Adhémar était
prêt à lui laisser vendre quelques sacs de farine.
    Geoffroi était aussi l’intendant du château. Il
veillait à l’approvisionnement et dirigeait la domesticité, laissant cependant
à Aignan la charge de procureur et de chambellan, c’est-à-dire toutes les
affaires financières, les dépenses et le calcul des taxes et coutumes sur les
censives. Le libraire cathare eut ainsi plusieurs conférences avec le chapelain
des templiers pour réduire ou supprimer des droits et des offrandes imposés aux
paysans lors de bénédictions comme celles du lit nuptial, des premiers fruits,
des agneaux et même de l’amour quand deux jeunes gens se fiançaient !
    Alaric commandait les hommes d’armes. Ayant
entraîné les serfs affranchis qui avaient rejoint les anciens gardes, il
disposait d’une dizaine de soldats, tous armés d’arcs ou d’arbalètes. Quant à
Jehan, qui s’occupait des tissages, il secondait aussi Bartolomeo comme écuyer
auprès de Guilhem, s’entraînant chaque jour au tir à l’arc avec Cédric.
    Avec de si précieux serviteurs, Guilhem n’avait
pas grand-chose à faire et, passé le temps de la satisfaction pour avoir repris
son bien aux templiers et être devenu maître chez lui, l’ennui commença à le
ronger.
    Les journées s’écoulaient, insignifiantes et
insipides, chacune identique à la précédente. Il chassait avec Robert de
Locksley, s’entraînait aux armes et retrouvait ses serviteurs le soir, dans la
grande salle, pour le souper. La table était toujours bien approvisionnée par
Geoffroi. Parfois, à la fin du repas, il jouait de la vielle en fredonnant à
ses serviteurs de mélancoliques chants d’amour. D’autres fois, c’était Anna
Maria qui chantait. Seul Bartolomeo ne faisait plus le jongleur, jugeant que,
devenu écuyer, il devait être respecté.
    Les relations avec les templiers s’enrichirent
quand Guilhem invita Peyre Adhémar et le chapelain à sa table. Il est vrai que
les habitants du fief allaient à la messe et à confesse à l’église templière,
sauf les cathares bien sûr qui se réunissaient chez Jehan pour briser le pain
et célébrer leur culte.
    Guilhem fit aussi connaissance avec quelques-uns
de ses voisins. Le premier fut Eudes de Lasseubes qu’il avait rencontré à
Lectoure. C’était un vieux seigneur n’ayant qu’une fille, Alazaïs, et qui
vivait dans le donjon d’un pauvre château entouré de quelques maisons. Il se
rendit aussi plusieurs fois chez Bernard d’Astarac qui, bien que possédant
plusieurs châtellenies autour d’Auch, venait de faire construire un nouveau
château à Barbaréncs [30] ,
une forteresse agrippée sur les flancs abrupts d’une colline. C’est chez lui
que Guilhem entendit à nouveau parler de Mercadier. Au service de l’archevêque
de Bordeaux et de son frère, le routier terrorisait la Gascogne, pillant
châteaux et monastères, tout en assurant ne s’attaquer qu’aux fidèles du roi de
France. Jusqu’en Agenais, le pays était tellement ruiné que Mercadier lançait
désormais des incursions vers les terres d’Astarac, ravageant fermes et églises
en s’emparant de tout ce qu’il trouvait.
    En écoutant ses crimes et ses exactions, Guilhem
se surprit à souhaiter que le routier vienne s’en prendre à lui. Comme la sève
monte dans les arbres à la fin de l’hiver, il ressentait de plus en plus
souvent une furieuse envie de batailles, de sang et de sauvages chevauchées.
    Le soir, seul dans sa chambre, tirant des notes
plaintives de sa vielle à roue, sa seule compagne, il songeait avec nostalgie
au passé, au temps où il était routier, à l’expédition des Baux, au combat
livré contre Albert de Malvoisin ou encore aux batailles durant le

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