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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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les clochers des
églises, celui de la cathédrale Saint-André en chantier et quelques tours et
monuments romains dont le plus important était le palais ducal, qu’on appelait
le palais de l’Ombrière. Sombre forteresse érigée sur un angle de l’enceinte,
c’était le siège de la sénéchaussée de Gascogne.
    À cause de la hauteur des remparts, les voyageurs
ne voyaient pas l’intérieur de la cité, mais ils pouvaient facilement imaginer
ses innombrables maisons de pierre et de bois serrées le long de rues étroites,
tortueuses, creusées d’ornières.
    La gabare se rapprocha du palais de l’Ombrière et
de la rive vaseuse. La berge était renforcée par une plateforme de remblais
retenus avec un alignement de pieux de chêne. Derrière, on apercevait des
maisons à pans de bois, des moulins, des auberges et des entrepôts, ainsi que
le sommet d’une double potence à laquelle étaient suspendus deux corps. Des
voleurs.
    Devant la plateforme, une sorte de palissade, trop
basse pour avoir une vocation défensive, servait à empêcher des débarquements
frauduleux. En effet, gardes, clercs lettrés et officiers municipaux en robe
noire attendaient là pour vérifier les marchandises et encaisser les taxes. Les
étrangers étaient aussi questionnés, ou devaient présenter leur sauf-conduit.
    Entre la palissade et la rivière, la rive
descendait en pente douce et n’avait ni quai ni ponton pour accoster. L’absence
de débarcadère s’expliquait par l’intensité de la marée qui pouvait atteindre
deux toises et qui rendait de tels aménagements inutiles.
    C’est ce qu’exposait le patron de la gabare en
utilisant sa perche pour ralentir l’allure de la barque et la faire glisser
vers la grève qui se découvrait avec le jusant. Progressivement, le fond de la
Garonne apparaissait, pavé de gros galets plats couverts de vase et de varech.
Récupérés du lest de vieilles nefs, ils avaient été placés là pour pouvoir
circuler sans s’enfoncer dans la boue. C’est sur ces fonds que les gabares
s’échouaient au plus près de l’enceinte et de la plateforme de la rive. Dès
qu’elles étaient immobilisées, une armée de manœuvriers et de débardeurs s’y
précipitait pour transborder barriques et ballots depuis ou jusqu’à la berge.
    En revanche, les grosses nefs à coque arrondie qui
partaient en mer ne pouvaient s’échouer ainsi, sinon à briser leurs membrures.
Elles restaient donc au milieu du lit du fleuve et toute une armada d’allèges
et de filadières les chargeaient ou les déchargeaient. Les gros tonneaux
étaient déplacés à l’aide de poulies et poussés par des rouleurs qu’on appelait
des braymants.
    Dans une succession de frottements et de
crissements, les nautoniers parvinrent adroitement à échouer la gabare au plus
près de la rive empierrée, là où se trouvaient déjà toutes sortes de barques
posées sur le fond vaseux.
    Immédiatement une cohue de crocheteurs se
précipita, car le temps était compté avant le reflux, même si l’eau mettait
beaucoup moins de temps à remonter qu’à sortir de l’estuaire. Le capitaine leur
donna des instructions avant de descendre sur la berge pour déclarer sa
marchandise aux clercs et payer les droits.
    Robert de Locksley le rejoignit. Les débardeurs
étaient organisés en société et il s’adressa à l’un de leurs chefs, lui
ordonnant de prendre leurs bagages et de les porter au Chapeau Rouge où ils
seraient payés. Pendant ce temps, Guilhem aidait Anna Maria à descendre.
Locksley la prit dans ses bras, Regun fit de même avec Mathilde, et ils
portèrent les deux femmes jusqu’aux premières pierres de la berge. Les autres hommes
étaient déjà hors de la barque, Bartolomeo restant à surveiller les débardeurs
pour éviter qu’on ne les vole.
    Ils rejoignirent la plateforme de la rive par un
chemin pentu encombré de portefaix transportant d’énormes ballots ou faisant
rouler tonneaux et barriques.
    Après avoir montré le laissez-passer d’Aliénor,
les voyageurs se rassemblèrent sur une voie bordée de magasins, d’hôtelleries,
d’écuries et de boutiques. Là aussi régnait une incroyable cohue de serviteurs,
de marchands, de véhicules et d’animaux de bât. Protégé par deux tours, un
fragile pont de bois enjambait le Peugue et le chemin rejoignait une porte de
la ville. Entre maisons, entrepôts et ateliers, on apercevait de toutes parts
les vignobles qui couvraient les

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