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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Bartolomeo son matériel et ses déguisements de
jongleur.
    Tout cela était rangé dans des coffres de cuir,
des sacoches et de profondes gibecières attachées par des lanières sur le dos
de robustes roussins.
    Comme ils voyageaient groupés, ceux qui
connaissaient les véritables raisons du voyage n’en parlèrent pas car, jusqu’à
l’embarquement à Bordeaux, Guilhem voulait garder le secret.
    Il avait une bonne raison pour cela. Avoir un
assassin parmi ses compagnons ne l’embarrassait pas ; après tout, il en
était un lui-même. Mais ignorer les raisons de ses crimes le préoccupait.
Pouvait-il compter sur la loyauté de ce criminel ?
    Chevauchant à bonne allure, ils mirent deux jours
pour gagner Agen où ils vendirent chevaux et sellerie. Là-bas, ils passèrent
encore trois autres jours à attendre une gabare disposant de suffisamment de
place pour transporter neuf passagers. Agen était à la fois un port prospère et
une ville très commerçante, aussi les boutiques et les marchés étaient bien
approvisionnés. Anna Maria en profita pour acheter à Mathilde un fin bliaut de
soie brodé pour son prochain mariage, tandis que Locksley et Ranulphe se
procuraient des flèches. Quant à Cédric, il alla « à la tripe »,
comme on disait alors, avec les puterelles du port.
    La gabare sur laquelle ils embarquèrent contenait
des ballots d’étoffe du Languedoc qui seraient vendus à Bordeaux. Le patron de
l’embarcation leur demanda trente sous par personne. C’était une somme élevée
qu’il justifia par les nombreux péages sur le fleuve. En vérité, acquitter les
passagers étaient une aubaine pour lui, car si les gabares étaient pleines de
pastel à l’automne, en cette saison il ne trouvait à transporter que du mauvais
vin et des étoffes.
    Une fois à bord, ils firent rapidement le tour de
l’embarcation. Longue de cinq toises et large de deux, allongée à ses
extrémités, elle avait une haute rambarde permettant de se protéger en cas
d’attaques lancées depuis les berges. À la poupe se dressait un abri où ils
entreposèrent armes et bagages. Les femmes y passèrent presque tout le voyage,
tant la place manquait. C’est que le bâtiment était plein de ballots empilés et
il ne restait qu’un étroit passage, le long du bord, pour circuler et
manœuvrer. Le patron de la gabare et ses deux matelots utilisaient de gros
avirons à bouts carrés et des perches pour le déhalage et les manœuvres
d’abordage. S’ils disposaient aussi d’une voile carrée sur un petit mât, elle
était surtout utilisée quand ils remontaient le courant.
    La barque naviguait en compagnie de quatre autres
barques dans la partie la plus profonde de la rivière. Elles suivaient le
courant, les unes derrière les autres, mais les marins étaient toujours aux
perches ou aux avirons pour manœuvrer. Il fallait éviter les piles des ponts,
dont les enrochements provoquaient un regain de courant et des tourbillons,
faire attention aux bancs de sable, aux moulins, et surtout aux pieux de
pêcherie que les barques devaient contourner sans s’échouer.
    Quand la gabare avançait sans contrainte, elle
parcourait une lieue à l’heure, mais les manœuvres et les péages ralentissaient
beaucoup cette allure. Les péages étaient annoncés à son de cloche. Les barques
devaient alors s’arrêter pour attendre les collecteurs. Il y avait toujours une
auberge à proximité et, sous prétexte que les commis n’étaient pas encore là,
marins et passagers étaient contraints de se restaurer dans le cabaret, en
général à prix d’or.
    De plus, la journée finissait tôt, car les gabares
devaient s’arrêter chaque soir dans un port ou une rade fortifiée. Les
passagers passaient alors la nuit à terre dans une maison forte ou chez des
marchands. À cette occasion, il était fréquent que le capitaine décharge ou
embarque quelques marchandises.
    Comme personne ne pouvait s’isoler à bord, c’est
lors d’une de ces haltes que Guilhem discuta avec Locksley de son plan pour
entrer dans la tour de Guillaume le Conquérant.
    — Le plus simple est de refaire ce qui m’a
réussi pour pénétrer dans la maison du Temple du Monceau-Saint-Gervais. Avec
Bartolomeo, nous nous ferons passer pour des troubadours en jouant aux abords de
la Tour. Il ne doit pas y avoir beaucoup de ménestrels et de jongleurs venant
de France, aussi serons-nous vite repérés par les barons. Nous devrions
facilement être invités à

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