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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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palais, d’autant plus qu’entre
le castrum et la rivière, les arbres nombreux formaient une futaie humide et
insalubre. C’est pourtant là que logeaient le sénéchal de Gascogne et le prévôt
de l’Ombrière, dans les appartements surmontant la grande salle voûtée.
    Pour l’instant, ces deux seigneurs avaient cédé
leur logement à la duchesse Aliénor et à sa suite.
    Arrivé au châtelet d’entrée, Robert de Locksley se
fit connaître et présenta le parchemin laissé par Gautier le Normand. Le
sergent de garde reconnut le sceau ovale qui représentait la duchesse debout,
la couronne ducale sur la tête et tenant une colombe, mais comme il ne savait
pas lire, il fit chercher Gautier dans le grand donjon.
    Arrivé depuis quelques jours, Gautier le Normand
commençait à s’inquiéter de l’absence de Locksley. Il fut donc soulagé en le
voyant. Robert lui fit un bref résumé de leur voyage et lui dit où ils
logeaient pendant que le chevalier d’Aliénor le conduisait dans la grande salle
par une galerie basse et voûtée, éclairée par de fumants flambeaux de joncs
imbibés de suif.
    Il faisait froid, et la plupart des chambres du
château n’avaient pas de foyer, aussi les gentilshommes et leurs dames, en
épaisses robes de laine, se pressaient-ils devant l’immense cheminée où se
consumaient plusieurs troncs d’arbres. Plusieurs d’entre eux, assis sur des
stalles placées le long des murs, écoutaient un jongleur jouant d’un petit
luth. Le sol de pierre était couvert de paille fraîche et des domestiques et
des esclaves dressaient une grande table sur tréteaux. Les murs étaient tendus
de tapisseries, de bannières et d’écus aux armes d’Aliénor et de la Gascogne
ainsi que de toutes sortes d’armes d’estoc ou de taille. Quant au plafond, il
était magnifiquement peint de blasons et de scènes de chasse.
    Gautier salua quelques familiers, mais sans
présenter Robert de Locksley, préférant que les proches du roi Jean
n’apprennent pas sa présence. Ayant traversé la salle, il s’arrêta devant une
porte ferrée, gardée par deux hommes d’armes tenant des hallebardes. Il la fit
ouvrir.
    — Cet escalier conduit aux appartements de la
reine, dit-il, personne ne peut y entrer sans autorisation.
    — Ranulphe, attends-nous là, décida Locksley
en entrant avec Anna Maria.
    En traversant la salle, ils n’avaient pas prêté
attention à un chevalier en chasuble de soie brodée recouverte d’un surcot de
fourrure à manches courtes. Celui-ci ne les avait pourtant pas quittés des
yeux.
    Cet homme, c’était Étienne de Dinant qui
s’interrogeait sur ces visiteurs conduits chez Aliénor par Gautier le Normand.
    Après que les gardes eurent refermé la porte
derrière eux, Dinant attendit un moment en observant Ranulphe, puis il
s’approcha du grand chambellan qui surveillait les domestiques dressant les
tables. Ce grand chambellan était un noble seigneur de Normandie qu’il
connaissait bien.
    — Guillaume, lui demanda-t-il, rends-moi un
service. Ce jeune homme qui attend devant la porte de l’escalier, je ne l’ai
jamais vu et cela me tourmente un peu. J’aimerais bien savoir qui c’est, et
s’il a le droit d’être ici.
    — N’était-il pas avec Gautier le
Normand ?
    — Je ne sais pas. Je n’aime pas les inconnus,
surtout s’ils ont un air un peu trop arrogant lorsqu’ils portent une épée,
comme lui.
    Guillaume des Prés, c’était le nom du chambellan,
se dirigea vers Ranulphe et le questionna. Il revint un peu plus tard auprès de
Dinant.
    — Rassure-toi, il se nomme Ranulphe de
Beaujame, c’est l’écuyer du comte de Huntington qui est en ce moment reçu par
notre noble duchesse.
    — Je préfère ça ! fit Dinant, avec la
grimace de soulagement de celui qui s’était inquiété pour rien.
    Ainsi, songea-t-il, Robert de Locksley, celui qui
avait tout fait rater à Paris, était ici ! Que venait-il faire ?
     
    À l’étage, Gautier le Normand avait demandé
audience au grand chambrier de la duchesse. Celui-ci avertit Aliénor, puis
revint pour les faire passer dans une grande chambre bien chauffée, mais
excessivement sombre à cause de la fumée du foyer et de l’absence de fenêtre.
Un chandelier avec trois grosses bougies de cire apportait cependant une aura
de luminosité.
    Joliment peinte avec des frises sur les poutres et
des fresques sur les murs, la pièce n’était meublée que d’une tapisserie, de
bancs à dossiers,

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