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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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arrachait les
flèches des cadavres. Sans un regard pour le chef brabançon, Guilhem rejoignit
Locksley, agenouillé devant son écuyer.
    — Il a rejoint Mathilde. C’est ce qu’il
souhaitait, dit Guilhem en guise d’oraison funèbre.
    — Que Dieu fasse qu’ils soient réunis dans la
mort, ajouta Locksley en se relevant.
    À cet instant, Mercadier poussa un long
gémissement. Malgré son bras presque coupé : et sa tête fendue, il n’était
pas mort !
    — Guilhem… râla-t-il… Approche…
    Guilhem fit trois pas vers lui, décidé à
l’achever.
    — Non… fit Mercadier qui avait surpris son
geste. Écoute-moi… Je t’ai fait chevalier et jamais je n’aurais imaginé que tu
me tues par cautèle et félonie… Sois maudit !
    — Sois maudit toi-même pour avoir assassiné
la plus innocente des femmes… répliqua Guilhem en lui donnant un violent coup
de pied dans les côtes.
    Mercadier grimaça sous la douleur, mais ne laissa
sortir aucun gémissement. Au contraire, l’injure parut lui donner une nouvelle
arrogance.
    — J’ai tué beaucoup de drôlesses, mais toi
aussi, Guilhem. Pourquoi venir me le reprocher en ce jour saint ?
s’enquit-il.
    Ayant fermé les yeux de son écuyer, Robert de
Locksley s’était approché.
    — Parce que tu viens de la tuer, démon !
    — Quand ? Je n’ai tué personne depuis
hier ! plaisanta affreusement le mourant, tandis qu’un flot de sang
s’écoulait de son front tranché.
    — Damné pourceau ! Tu mentiras donc
jusqu’au seuil de l’enfer ! lança Robert de Locksley.
    — Tu as oublié ton arme près d’elle,
Mercadier ! Près de ta victime ! laissa tomber Guilhem qui était allé
chercher la miséricorde dans le torse du grand maigre.
    Il la lui montra.
    — Ma da… dague ? C’est toi qui
l’as ? On me l’a volée, hier ou avant-hier… Je n’ai tué personne, ce
matin… Je te le jure… sur la damnation éternelle qui m’attend…
    Sa voix se perdit dans un murmure et ses yeux
s’assombrirent.
    — Il est mort et il n’y a si bonne compagnie
qu’elle ne se sépare. Filons ! dit Robert de Locksley en guise de
conclusion.
    Ainsi périt le plus fameux et le plus cruel des
chefs des grandes compagnies de ce siècle, treize mois après la mort du roi
Richard qu’il avait si bien servi et tant aimé.
     
    — Que la peste vous emporte ! cria alors
une voix comme ils se précipitaient à la porte.
    Guilhem se retourna, prêt à frapper.
    C’était l’archevêque Hélie qui s’était caché sous
la table et qui en sortait en brandissant un poing vengeur. Guilhem l’ignora,
remit son épée au fourreau et rejoignit les autres déjà dans la rue.
    Ils se pressèrent vers la porte de la ville.
Quelques personnes s’écartèrent avec effroi en voyant ces hommes aux habits
tachés de sang en ce jour de fête. Sur le passage, le silence se faisait.
Eux-mêmes ne disaient mot. Guilhem éprouvait un vague malaise en s’interrogeant
sur les dernières paroles de Mercadier. Quant à Locksley, il pensait à son
fidèle Regun. Cédric restait indifférent à ce qui s’était passé et Bartolomeo
était content d’être encore vivant.
    De l’autre côté des remparts, ayant passé le pont
de bois, ils retrouvèrent la bruyante activité du port. Toute une cohue de
marchands et de manœuvriers était agglutinée sur la rive. Ranulphe aperçut son
seigneur et lui fit signe. Assise sur les bagages empilés, avec Jehan à son
côté, Anna Maria ressentit un soulagement après l’interminable attente.
    — Où est Regun ! cria Ranulphe en ne
voyant pas son cousin.
    — Trouve une barque et fais charger les
bagages ! lui lança Locksley sans répondre.
    L’écuyer comprit et son cœur se serra. Une grande
barque attendait et il héla les deux marins qui s’en occupaient pendant que
Jehan transportait armes et bagages, y compris ceux de Regun et de Mathilde.
    Anna Maria avait seulement laissé à la pauvre
femme sa plus belle robe, pour qu’elle soit ensevelie dedans.
    — La marée n’est pas haute, seigneur,
remarqua Jehan le Flamand, tandis que Guilhem lui passait les bagages depuis la
berge.
    — Je sais, mais nous partons quand même. Je
crains que nous n’ayons un peu trop sollicité la chance.
     

Chapitre 20
    A vec
la nage vigoureuse des deux marins, le canot fut rapidement à couple avec la
nef. Durant le trajet, Robert de Locksley avait succinctement raconté à sa
femme et à son écuyer ce qui s’était

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