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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Philippe Auguste.
    — Certainement, mais il est indispensable,
car c’est le seul qui existe pour traverser la Tamise. Les précédents ont tous
brûlé, ou ont été détruits par les Vikings. Le dernier avait été construit par
Peter de Colechurch. C’est celui-là (il montra le pont de bois, brisé, devant
lequel ils étaient passés). Mais Colechurch n’en était pas satisfait et il a
proposé au roi Henry un pont qui défierait les siècles. Pour le payer, le roi a
créé une taxe sur la laine.
    Ils descendirent du château arrière pour assister
à l’abordage, car la nef virait maintenant vers la rive droite. Le capitaine,
qui les avait entendus, précisa :
    — Malgré cela, l’argent a toujours manqué.
Richard voulait même abandonner les travaux et ce sont les marchands qui ont
payé, obtenant en échange quelques avantages. On vient quand même de terminer
la grande porte fortifiée du sud, Stone Gate, qu’elle s’appelle. Et on
construit maintenant une chapelle pour saint Thomas, fit-il en désignant les
échafaudages.
    — Je suppose que Jean ne paye pas plus que
son frère, ironisa Locksley.
    — Pas tout à fait. On dit qu’il aurait
emprunté à des marchands et à des juifs, et que pour se rembourser, il vendrait
le droit de construire de nouvelles maisons et des boutiques sur le pont.
    Le capitaine s’interrompit pour demander à ses
marins de ramer plus vigoureusement, car le flux les faisait dériver.
    Finalement, il parvint à mener sa nef là où il le
désirait. Deux des rameurs jetèrent les ancres de pierre à quelques toises de
la rive boueuse, juste à côté de deux autres grosses barques.
    Devant eux s’étendait une palissade discontinue
dont certaines portions servaient de murs de soutènement à des habitations ou
des entrepôts. En amont, on apercevait aussi des maisons fortes et de petits
ports aménagés dans des anses de la rivière ainsi qu’un grand château flanqué
de tours rondes que Locksley montra à Guilhem.
    — Il a été construit par le seigneur Baynard,
un compagnon de Guillaume le Conquérant, et appartient maintenant à Robert Fitz
Walter, un grand baron du royaume.
    Des chemins ravinés et des escaliers s’arrêtant
dans la vase permettaient la circulation entre la rivière et la ville. À chaque
ouverture dans la palissade, des gardes et des commis surveillaient et taxaient
les marchandises portées par des crocheteurs et des débardeurs. Non loin de la
nef, un large ponton de bois, érigé sur de gros pieux moussus, s’avançait dans
la Tamise, mais ne pouvait être utilisé qu’à marée haute. Pour l’instant, des
allèges à rames faisaient l’aller-retour entre les nefs et la grève. Un peu
partout barques et canots traversaient la rivière ou la remontaient. Cygnes et
canards nageaient autour sans s’inquiéter de leurs mouvements.
    Après avoir vérifié que les voiles de sa barque
étaient bien ferlées et les rames rangées, le capitaine s’approcha de Guilhem
qu’il considérait comme le chef des voyageurs.
    — Je dois attendre le flot pour sortir les
tonneaux par l’embarcadère, dit-il, mais je vais faire venir une barquette pour
vous conduire à terre. Vous voyez ce chemin qui monte, là où sont les commis et
les gardes ? Vous n’aurez qu’à le suivre. À droite, avant la grande rue,
qui s’appelle la rue de la Tamise, vous ne pouvez manquer la cour de
l’hôtellerie du Vieux Cygne. C’est à eux que je vends mon vin. L’auberge est
grande et propre, vous trouverez de belles chambres. De plus, l’aubergiste est
un honnête Saxon.
    Le regard de Guilhem croisa celui de Robert de
Locksley qui eut un sourire approbateur.
    D’un signe, le capitaine fit approcher une barque.
Les hommes aidèrent Anna Maria à descendre, puis son mari la rejoignit avec
Ranulphe, les bagages et les armes. L’embarcation étant petite, elle dut faire
un second voyage pour les autres.
    Faisant porter leurs affaires et leurs armes par
des portefaix, ils payèrent deux deniers d’argent aux gardes, après avoir
montré le sauf-conduit de la duchesse Aliénor et qu’un des commis eut examiné
leurs mains et leur visage pour s’assurer qu’ils n’avaient pas la lèpre. Moins
d’une heure après avoir jeté l’ancre, ils s’installaient dans trois belles
chambres qui ouvraient sur une galerie extérieure, le long d’une grande cour.
     
    L’auberge était un grand bâtiment à pans de bois,
en torchis de terre et de paille avec sa

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