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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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façade sur la rue de la Tamise et sa
cour à l’arrière. Le toit était fait de joncs et de chaume.
    Il y avait deux grandes salles en bas, séparées
par une cuisine et une pannerie, ainsi qu’un étage de chambres sans cheminées,
surmonté d’un dortoir dans le solier. Autour de la cour, où erraient des
chiens, des canards et quelques cochons affamés, se dressaient des celliers,
une écurie, une grange, un poulailler et un pigeonnier. Enfin, dans de grandes
caves voûtées, l’aubergiste gardait les fûts de vin qu’il faisait venir de
Bordeaux et qu’il revendait aux bourgeois et aux seigneurs les plus riches
ainsi qu’à l’intendant de la Tour.
    Les chambres, plutôt propres, disposaient chacune
d’un grand lit avec un matelas de plume, malheureusement infesté de puces et de
punaises. Elles étaient meublées de coffres et de bancs ainsi que d’une chaise
percée qu’on appelait ici un launcet.
    Malgré des fenêtres sur la rue, l’endroit n’était
pas bruyant. Mais il était continuellement enfumé par les foyers des maisons
environnantes et surtout empuanti par le fumier qui s’accumulaient au pied des
murs et par les effluves fétides de la Tamise.
    Locksley prit la plus grande pièce et Anna Maria
se fit porter des bassines et du savon de Marseille pour se laver. Les
servantes prirent aussi leur linge sale pour le donner aux lavandières. Depuis
leur départ, ils n’avaient lavé leurs chemises et leurs braies qu’à l’eau de
mer et les étoffes étaient imprégnées de sel.
    Guilhem réunit ensuite tout le monde dans sa
chambre. Durant le voyage, il avait donné à Jehan, Cédric et Ranulphe quelques
vagues explications sur les raisons de leur venue à Londres. Si tous savaient
que le comte de Huntington venait chercher le bénéfice de la vente d’une terre,
ils avaient aussi compris que le seigneur de Lamaguère avait un autre motif de
l’accompagner, et que ce voyage était fait à la demande du roi Philippe Auguste
puisqu’il avait été décidé après la visite d’un de ses chevaliers.
    — Demain, le seigneur de Locksley se rendra
chez le juif qui lui payera la vente de ses biens, annonça Guilhem. Quant à
moi, je viens chercher un précieux document qui se trouve dans la Tour de
Londres, la forteresse que nous avons longée en barque. Seulement, j’ignore
dans quel endroit il est caché.
    Il y eut un silence d’incompréhension, puis Cédric
demanda :
    — Quelqu’un doit-il vous le donner,
seigneur ?
    — Non. Je dois le découvrir, le prendre et le
porter au roi de France.
    — Mais comment ? interrogea Ranulphe qui
ne comprenait pas.
    — Je l’ignore, compaing ! plaisanta
Guilhem. La première chose à faire est d’entrer dans la Tour. J’irai demain
examiner ses abords avec Bartolomeo, ensuite, peut-être avec la comtesse de
Huntington, nous nous ferons passer pour des jongleurs. Nous formons une fine
troupe tous les trois et ce serait étonnant qu’on ne nous invite pas.
    Sa remarque amena un sourire sur les lèvres d’Anna
Maria et une évidente réticence chez Bartolomeo qui aurait préféré rester à
Lamaguère.
    — Rien ne dit qu’en faisant les jongleurs
devant le porche, on nous fera entrer, remarqua Bartolomeo, boudeur. Et une
fois dedans, on ne sera pas plus avancés.
    — Pour l’instant, je n’ai pas d’autre plan,
mon ami, grimaça Guilhem, mais les idées me viendront peut-être dans la nuit.
Je vous propose plutôt de nous remplir la panse et de boire jusqu’à plus soif,
car j’ai l’impression que cela fait des années que nous n’avons pas eu un bon
souper et mes entrailles crient de malefaim. Voulez-vous qu’on nous porte à
dîner ?
    — Je préfère que nous soupions dans des
salles de l’auberge, avec les marchands de passage et des voyageurs, intervint
Locksley. J’ai quitté l’Angleterre depuis plus d’un an et il s’est passé tant
de choses depuis mon départ que j’aimerais connaître le sentiment de la
population. De plus, l’aubergiste nous apprendra qui se trouve dans la Tour,
puisqu’il y porte du vin.
    Comme ils s’apprêtaient à descendre, Guilhem
s’adressa à son ami :
    — Ta remarque m’a donné une idée, Robert. Si
j’accompagnais l’aubergiste quand il portera ses tonneaux de vin ?
    — Ce serait possible, reconnut Locksley après
un instant de réflexion. Tu pourrais même te cacher dans une barrique. Mais si
l’aubergiste refuse, on sera ensuite à sa discrétion, et il

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