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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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une réputation de bon à rien solidement établie, ce n’était pas mon opinion. Il paraissait toujours prêt à me faire plaisir. Sans doute le souvenir de mon frère Festus y était-il pour quelque chose. Il avait l’habitude de traîner chez Flora, et Epimandos parlait toujours de lui avec une affection évidente.
    — Ça me paraît digne de la réputation de l’établissement !
    Je rompis un morceau de pain et le plongeai courageusement dans la « sauce ». Un morceau d’une viande bien trop colorée pour être honnête flottait dans un liquide transparent, accompagné de deux ou trois taches d’huile et de quelques minuscules raclures d’oignon et de verdure qui faisaient penser à des insectes venus se noyer par inadvertance. Je portai le pain à ma bouche en essayant de penser à autre chose.
    — Est-ce qu’un militaire de mes deux ne serait pas venu te louer une chambre, par hasard ? Un type qui s’appelle Censorinus ? (Epimandos me gratifia de son regard vague habituel.) Dis-lui que j’aimerais lui parler.
    Le serveur retourna vers ses pots qu’il se mit à touiller avec une louche tordue. Le bruit produit ressemblait au clapotis d’un marécage, et on ne pouvait s’empêcher de penser qu’Epimandos allait être aspiré dedans la tête la première. Une forte odeur de chair de crabe trop iodée vint m’assaillir les narines et envahit toute la caupona. Le serveur ne faisait pas mine de vouloir transmettre mon message, mais je me retins de l’asticoter. Quand on venait chez Flora, c’est qu’on avait tout son temps. Quelques-uns des clients qui s’y trouvaient avaient bien quelque chose à faire, mais ils essayaient justement d’éviter de le faire. Beaucoup d’entre eux ne savaient où aller et ne se rappelaient même plus pourquoi ils étaient entrés là.
    Pour m’enlever le goût de ce que je venais héroïquement d’avaler, je bus une rasade de vin. C’était tout ce qu’on voulait sauf du vin. Le seul intérêt de cette boisson fut de donner un nouveau cours à mes pensées.
    Pendant la demi-heure suivante, je restai assis à réfléchir à la brièveté de la vie et à la monstruosité de ma boisson. Epimandos n’avait visiblement pas l’intention de prévenir Censorinus ni de me dire s’il était là ou non. D’ailleurs, il était maintenant occupé avec les clients qui s’arrêtaient pour déjeuner aux comptoirs. Puis, au moment où j’allais me risquer à commander un deuxième pichet de « vin », le soldat apparut brusquement à mon côté. Il devait arriver du fond de la salle, après avoir emprunté l’escalier qui débouchait derrière le banc de cuisson. Il y avait deux ou trois minuscules chambres chez Flora, que louaient parfois de malheureux voyageurs vraiment très en peine.
    — Alors, tu cherches des ennuis, c’est ça ? aboya-t-il méchamment.
    — Pas vraiment. C’est toi que je cherche, répondis-je du mieux que je pus avec la bouche pleine.
    Le morceau de viande que je mastiquais depuis un moment était bien trop nerveux pour que je puisse aller plus vite. Je commençais même à me demander comment j’allais pouvoir m’en débarrasser. J’avais peur d’être obligé de mâcher jusqu’à la fin de mes jours. Je finis par sortir ce cartilage de ma bouche avec plus de soulagement que de grâce et le posai sur le bord de mon bol dans lequel il retomba.
    — Assieds-toi, Censorinus. Tu me bouches la lumière.
    Le légionnaire s’exécuta d’une façon quasi automatique. Je gardai un ton parfaitement civilisé pour ajouter :
    — Il court un vilain bruit. Soi-disant que tu es en train de salir la mémoire de mon célèbre frère. Veux-tu qu’on examine calmement le problème tous les deux, ou préfères-tu que je te démolisse les dents tout de suite ?
    — Il ne s’agit pas d’un problème, rétorqua-t-il. Il s’agit d’une dette. Et je compte bien rentrer dans mes fonds !
    — J’ai l’impression que tu me menaces, je me trompe ?
    J’abandonnai mon ragoût si peu ragoûtant et me rabattis sur la mauvaise piquette, en me gardant bien de lui en offrir.
    — La Quinzième n’a pas besoin de faire des menaces, se vanta-t-il avec un rire gras.
    — Pas si ce que vous réclamez est légal, admis-je, mais en adoptant un air rébarbatif. Écoute, si quelque chose préoccupe la légion et que mon frère est impliqué, je suis tout prêt à écouter votre histoire.
    — Écouter ne suffira pas. Tu vas devoir

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