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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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de ton pauvre frère ?
    Exactement comme je l’avais présagé, je ne pouvais plus refuser cette mission que je n’avais aucune envie d’accepter.
    Malgré moi, j’ai certainement laissé échapper quelques borborygmes qui ressemblaient à un acquiescement. Ma mère enchaîna en disant qu’il n’était pas question que je lui consacre un temps si précieux pour rien. Quant à Helena Justina, elle s’efforça de me faire comprendre par signes qu’en aucun cas je ne saurais adresser des notes de frais à ma propre mère.
    Être payé ou pas n’était pas mon souci majeur. Connaissant bien mon frère, je savais que je m’attaquais à une affaire que je ne pouvais pas gagner.
    — D’accord, grognai-je. Si vous voulez mon avis, notre ex-locataire a voulu profiter d’avoir vaguement connu mon frère pour s’assurer gratuitement le vivre et le couvert à Rome. Il a mentionné une combine de Festus par mesure de sécurité. (Je me forçai à bâiller d’une façon explicite.) Je n’ai d’ailleurs pas l’intention de perdre beaucoup de temps avec une histoire vieille de plusieurs années. Mais pour vous faire plaisir à toutes les deux, j’aurai une petite conversation avec Censorinus demain matin.
    Je savais où le trouver. Je lui avais dit que chez Flora, la caupona 3 la plus proche, on louait parfois des chambres. Je ne pense pas qu’il ait eu envie d’aller plus loin par une nuit pareille.
    Ma mère me passa la main dans les cheveux et Helena m’adressa un beau sourire. Aucune de leurs attentions éhontées n’était en mesure d’atténuer mon pessimisme. Avant de commencer, je savais que Festus, qui m’avait attiré des ennuis toute ma vie, venait de m’obliger à affronter le pire d’entre eux.
    — M’an, je dois te poser une question. (Son expression demeura imperturbable, et pourtant elle avait deviné ce que j’allais lui demander.) Crois-tu que Festus ait pu faire ce que ses compères racontent qu’il a fait ?
    — Comment oses-tu me demander une chose pareille ? s’exclama-t-elle d’un air outragé.
    Se fût-il agi d’un autre témoin, dans une autre enquête, j’aurais tout de suite été persuadé que la femme qui prétendait être offensée par ma question essayait de protéger la mémoire de son fils.
    — Alors, c’est parfait, répondis-je loyalement.

5
    Mon frère Festus pouvait pénétrer dans n’importe quelle taverne, dans n’importe quelle province de l’Empire et, à coup sûr un énergumène à la tunique tachée se levait d’un banc pour se précipiter vers lui, en ouvrant les bras pour accueillir un vieil ami. Ne me demandez surtout pas comment il s’y prenait, je l’ignore. Et pourtant, c’est un truc qui pourrait m’être très utile dans le métier que je fais. Mais pour exsuder une telle chaleur, il faut posséder un don particulier. Le fait que Festus doive de l’argent à l’énergumène en question depuis leur dernière rencontre – qui remontait à Jupiter sait quand ! – ne diminuait jamais la chaleur de son accueil. En outre, si notre gaillard se rendait dans l’arrière-salle où des putains bon marché divertissaient les clients, des cris de joie éclataient, et ces filles, qui auraient dû être bien placées pour se méfier, l’entouraient tout de suite avec des yeux énamourés.
    Moi, je pénétrai chez Flora, où je buvais régulièrement depuis une bonne dizaine d’années, et personne ne remarqua ma présence. Pas même le chat.
     
    N’importe quel minable estaminet paraissait chic et hygiénique, comparé à la caupona de Flora. Elle occupait un coin de rue, à l’endroit où un mauvais chemin dévalant l’Aventin rencontrait une ruelle sordide qui débouchait sur les quais. Elle était munie de deux comptoirs formant un angle droit, de façon que les clients en provenance des deux rues puissent s’y appuyer d’un air pensif en attendant de se laisser empoisonner. Ces deux comptoirs étaient faits d’une grossière mosaïque de pierre grise et blanche qu’un quidam aurait pu confondre avec du marbre, s’il était très préoccupé par les prochaines élections et pratiquement aveugle ; chacun d’eux était percé de trois trous dans lesquels pouvaient s’encastrer des chaudrons de nourriture. Mais chez Flora, ces trous étaient vides la plupart du temps. Sans doute par respect pour la santé publique. Et le rata contenu dans un seul chaudron s’avérait plus nauséabond que tout ce qu’on offrait dans les

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