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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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la charrette pour laisser son contenu pleuvoir dans la rue aux pieds de nos soi-disant créditeurs. Avec un cri d’angoisse, ils se jetèrent dessus, essayant d’arrêter les pièces qui roulaient de tous les côtés, sur le trottoir et dans le caniveau. Repoussant le coffre vide, nous renouvelâmes l’opération avec le suivant. Et ainsi de suite. Un peu plus tard, un amoncellement de pièces qui s’élevait à hauteur de poitrine, bloquait l’entrée de la maison des collectionneurs.
    Nous avions choisi de payer les cinq cent mille sesterces en petite monnaie. Un mélange de bronze, d’argent, et même de mica – ces jetons de mica que le public avait coutume de jeter dans le sable des arènes. Nous vidâmes le tout sur la route. Nous n’avions pas besoin de reçu, des dizaines de voisins ayant été les témoins attentifs de la livraison. À tel point qu’au moment ou nous repartîmes, plusieurs d’entre eux s’étaient déjà précipités dans leurs vêtements de nuit pour aider à la collecte.
    — J’espère que tu vas bien en profiter, Carus, lança mon père avant d’être trop loin. Cette jolie somme devrait suffire à t’attirer des faveurs dans pas mal de latrines publiques !

66
    Quelques semaines plus tard, une rumeur courait dans le monde des arts : une vente privée allait avoir lieu.
    Dans la galerie de Cocceius, on put bientôt admirer un marbre fort intéressant.
    Cocceius, qui appartenait à la catégorie restreinte des marchands honnêtes, proclamait bien haut à qui voulait l’entendre :
    — Je ne suis certain ni du nom de l’artiste, ni de l’époque à laquelle cette œuvre a été sculptée.
     
    Nombre d’amateurs entendirent parler des superbes proportions de cette statue et vinrent en nombre pour l’admirer. C’était un Poséidon nu et magnifiquement barbu, un bras levé, prêt à lancer son trident. Très grec, tout simplement magnifique.
    — Son histoire est assez curieuse, déclarait paisiblement Cocceius aux personnes qui le questionnaient. (Cet homme à l’aspect rassurant était l’un des piliers de la Guilde des commissaires-priseurs.) Figurez-vous que l’illustre sénateur Camillus Verus a trouvé cette belle œuvre dans le grenier de la maison de son défunt frère, en faisant l’inventaire de ses biens…
    Ce vieux stratagème avait beaucoup servi !
    Et pourtant, en le quittant, beaucoup de Romains et de Romaines se précipitaient dans leurs greniers.
    Aucun d’eux n’y trouva un Poséidon.
     
    Deux personnes, un homme et une femme, enveloppés de lourdes capes et voilés, vinrent voir la statue incognito. Cocceius leur adressa pourtant un signe de tête familier.
    — Quelle en est la provenance, Cocceius ?
    — Malheureusement, je n’en sais rien… Le marbre est grec, c’est évident. La veine du meilleur carrare serait plus grise…
    Ça, les mystérieux visiteurs le savaient aussi bien que lui.
    — Quelle est la raison invoquée pour vendre ?
    — Une raison qui paraît convaincante. J’ai cru comprendre que le sénateur avait besoin d’argent pour faire entrer son deuxième fils au Sénat. Tous ses voisins pourront vous confirmer cette rumeur. L’amitié que Vespasien éprouve pour le père va permettre à ce brillant jeune homme de faire une belle carrière. Le problème, c’est que leur trésorerie n’est pas à la hauteur. Voilà pourquoi ils attendent des offres pour ce superbe dieu de la mer. Quant à ses origines, vous devrez vous fier à votre propre jugement…
    — D’où est-ce qu’il vient ?
    — Aucune idée. Le frère du sénateur importait pas mal de choses, mais impossible de lui poser la question, il est mort.
    — Avec quel pays faisait-il commerce ?
    — Oh, des tas ! L’Afrique du Nord, l’Europe, la Grèce, l’Orient…
    — La Grèce, as-tu dit ?
    — Je dois vous signaler que j’ai remarqué une légère imperfection sur une épaule…
    Cocceius se conduisait comme un modèle de neutralité.
    — Cette statue est excellente, mais tu ne veux pas l’attribuer à un sculpteur ?
    — Non, parce que je n’en suis pas assez sûr.
    Cocceius était d’une franchise rare. Mais il y a plusieurs moyens de tromper les gens, il n’est pas obligatoirement nécessaire de mentir.
    Toujours aussi soigneusement emmitouflés, les collectionneurs s’en allèrent pour réfléchir à l’œuvre qu’ils venaient d’admirer.
     
    Quand ils revinrent, ils apprirent par hasard que le propriétaire

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