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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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n’avait plus très envie de vendre la statue. Alarmés par cette nouvelle, toujours dissimulés sous de nombreuses épaisseurs, ils attendirent dans un coin discret en tendant l’oreille.
    La noble fille du sénateur était en train d’expliquer à Cocceius que son père hésitait.
    — Nous avons besoin d’argent, il est vrai… mais cette statue est tellement magnifique. Si elle se vendait très cher, ce serait une bonne chose pour nous, évidemment… Tout de même, l’avoir à la maison pour l’admirer, ce serait bien aussi ! Nous sommes très tentés de la garder. De toute façon, est-ce qu’on pourrait demander à un expert de venir l’examiner ?
    — Certainement. (Cocceius ne poussait jamais ses clients à vendre s’ils n’en avaient plus envie.) Je peux faire venir un historien d’art qui donnera son opinion éclairée. Combien es-tu disposée à payer ?
    — Que me conseilles-tu ?
    Cocceius, qui était à la fois honnête et humoriste, déclara :
    — Pour une toute petite somme, je peux te trouver un homme qui fermera les yeux et dira la première chose qui lui passera par la tête.
    — Alors oublie la petite somme, déclara-t-elle.
    — Pour un peu plus, je peux te trouver un vrai expert.
    — Je préfère.
    — Quelle sorte d’expert aimerais-tu ?
    Helena ne put s’empêcher de manifester sa surprise. (À la vérité, cette surprise eût été plus grande avant de m’avoir connu.)
    — Quelle sorte puis-je avoir ?
    — Eh bien, il y a Arion qui va te dire que ta statue est authentique, ou Pavoninus qui ne démordra pas qu’elle est fausse.
    — Mais ils ne l’ont pas encore vue !
    — Non, mais ça ne change rien. C’est ce qu’ils disent toujours.
    Helena Justina devenait de plus en plus tendue.
    — Combien, demanda-t-elle de son ton le plus sec (aussi sec que du pain qu’on met à griller sur le brasero pour aller répondre à la porte et qu’on oublie jusqu’au moment où on sent la fumée), combien devrions-nous payer pour le meilleur expert ? (Cocceius le lui dit et elle en resta quelques instants interdite.) Et qu’obtiendrions-nous pour cette somme exorbitante ?
    Cocceius parut quelque peu gêné.
    — Tu obtiendrais un homme dans une tunique un peu bizarre qui examinerait la statue pendant très longtemps. Ensuite, il siroterait une tisane d’un air pensif, avant de te dire qu’il ne peut t’assurer ni de l’authenticité de ta statue, ni du contraire.
    — Ah je vois ! dit Helena qui visiblement avait envie d’éclater de rire. En effet, il est vraiment le meilleur.
    — Pourquoi penses-tu ça ? demanda Cocceius qui connaissait déjà la réponse.
    — Parce que sans risquer de mettre sa réputation en péril, il laisse les gens se convaincre eux-mêmes de ce qu’ils souhaitent entendre. (La noble Helena Justina prit une décision rapide, comme elle en avait l’habitude.) Dans ce cas-là, mieux vaut économiser notre argent ! Je peux parler pour Papa. (De toute évidence, sa famille était libérale, et les femmes n’hésitaient pas à y faire part de leur opinion, voire à l’imposer.) Si nous pouvons assurer la carrière de mon frère, cette vente en vaudra la peine. Les amateurs sauront reconnaître la qualité de cette statue. Si quelqu’un t’offre une somme respectable, Papa vendra.
    Les collectionneurs encapuchonnés se hâtèrent d’envoyer Arion et Pavoninus examiner le Poséidon. Puis ils payèrent aussi l’homme à la tunique bizarre pour s’entendre dire de juger par eux-mêmes. (D’ailleurs il n’y avait pas que sa tunique qui était bizarre, sa diction était très étrange.)
    Ils décidèrent alors qu’ils devaient absolument ajouter ce Poséidon à leur collection.
    La question du prix fut délicatement soulevée.
    Apparemment, pour faire entrer le jeune Justinus au sénat, l’illustre Camillus aurait besoin d’une somme énorme.
    — Le chiffre qui m’a été mentionné, dit Cocceius d’une voix étouffée (un peu à la façon du médecin annonçant à son patient que la maladie dont il souffre va lui être fatale), est six cent mille sesterces.
    Naturellement les collectionneurs offrirent quatre cent mille, et on tomba d’accord sur un demi-million en bons aureus d’or – plus la commission de Cocceius. Pour une statue inconnue.
    Deux heures plus tard, les invitations étaient lancées pour venir admirer le Poséidon de Phidias que venaient d’acquérir Cassius Carus et Ummidia Servia.
     
    Nous

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