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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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mon père rassembla un demi-million de sesterces en faisant vendre à l’encan ce qu’il possédait de plus précieux. Il chargea un de ses collègues d’organiser la vente. Pendant qu’elle avait lieu, il alla passer deux ou trois jours à Tibur, emmenant probablement la rouquine avec lui. Moi j’étais allé en Campanie, pour en rapporter un de nos blocs de marbre.
    Nous avions l’excuse de la mort d’Epimandos pour laisser la caupona fermée. Après avoir dégagé un espace dans la cuisine pour y installer le bloc de marbre, nous allâmes quérir Oronte en son galetas du Cælius et le plaçâmes devant la tâche à accomplir.
    — Tu te sens capable de le faire ?
    — Si ça veut dire qu’ensuite vous me foutrez définitivement la paix, oui, je vais le faire. Maintenant, disparaissez et laissez-moi travailler !
    En utilisant le Zeus comme modèle, et en ajoutant le souvenir qu’il avait du Poséidon, Oronte allait se racheter de sa trahison envers Festus en nous sculptant un nouveau Phidias.
    Le laissant aux prises avec cette immense tâche, nous allâmes payer notre supposée dette aux collectionneurs, afin qu’ils se sentent faussement en sécurité.
     
    L’aube n’était pas encore levée.
    Nous remontâmes la via Flaminia dans une carriole découverte, profitant de la dernière heure de la nuit où les véhicules à roues étaient autorisés dans Rome. Le Campus Martius et bien d’autres édifices officiels disparaissaient dans la brume. L’air humide était glacial. Nous dépassâmes les murs de pierre grise du Panthéon et de la Sæpta Julia, pour continuer notre route vers les élégantes demeures du nord de la ville.
    Toutes les rues que nous empruntions étaient tranquilles. Les fêtards avaient regagné leurs maisons ; les voleurs s’activaient à dissimuler leur butin sous le plancher de leurs chambres ; les prostituées dormaient ; les pompiers ronflaient ; les portiers étaient plongés dans un sommeil si profond que des visiteurs auraient pu frapper pendant une heure en vain.
    C’était exactement ce que nous espérions.
    Quand nous atteignîmes la voie paisible où Cassius Carus s’était établi avec sa gente dame, nous fîmes reculer notre attelage jusqu’à leur portail. Là, comme s’il avait été dans le même état d’esprit que nous, l’un de nos bœufs se soulagea d’une montagne de bouse. Mon père s’installa sur la charrette et se mit à frapper solennellement sur une très grosse cloche de cuivre. Un vaste nuage d’étourneaux effrayés s’éleva des toits et se mit à voleter en rond. Les deux aides qui nous avaient accompagnés se joignirent à moi pour taper sur d’énormes gongs tout au long de la rue.
    Tout ce quartier était occupé par des gens raffinés de la classe moyenne. Il pouvait se passer n’importe quoi à l’extérieur, ils ne levaient pas la tête de leur oreiller à une heure aussi indue. C’était sans compter avec nous ! Notre vacarme parvint à les tirer du lit. Nous vîmes tous les volets s’ouvrir les uns après les autres. Les chiens de garde nous aidaient dans notre tâche en hurlant sans discontinuer. Des têtes échevelées apparurent un peu partout. Nous continuâmes nos sonneries, comme s’il s’agissait d’un rite religieux.
    Finalement, Carus et Servia en personne ouvrirent leur porte d’entrée à la volée.
    — Eh bien ! C’est pas trop tôt ! rugit mon père sans leur laisser le temps de placer un mot. (Je revins vers lui, l’air grave, suivi par les aides.) Les vautours arrivent pour faire leurs comptes, déclara mon père au vaste public. Alors, écoutez-moi tous : Aulus Cassius Carus et Ummidia Servia affirment que mon fils Didius Festus – mort en héros pour le pays et décoré de la Couronne Murale – leur devait un demi-million de sesterces. J’acquitte cette somme pour que personne ne puisse dire que la famille Didius ne tient pas parole.
    Son numéro était prodigieux. Après toutes ces années passées à observer les clients potentiels lors des ventes aux enchères, il avait le chic pour prendre le ton d’un homme qui pense s’être fait avoir, sans comprendre comment.
    — Voilà votre argent ! Je compte sur tous ces spectateurs pour me servir de témoins. (Il s’avança au bord de la carriole, et je l’y rejoignis.) Tu peux avoir confiance, Carus, la somme a été soigneusement comptée !
    Nous levâmes le couvercle du premier coffre ensemble, avant de le basculer sur le bord de

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