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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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j’avais semé un doute qui allait se mettre à les ronger.

70
    La fête organisée chez ma mère, et que j’avais voulu éviter, était terminée.
    — On a appris ton désastre, alors on a renvoyé tout le monde chez soi, annonça M’an d’un ton rogue.
    — Geminus nous a fait apporter un message pour nous résumer l’histoire, expliqua Helena à mi-voix.
    — Merci, papa !
    — Tu as tort de le prendre comme ça. Ce qu’il souhaitait surtout, c’était nous demander de veiller sur toi. Alors tu peux imaginer notre inquiétude en ne te voyant pas arriver. Je t’ai cherché partout où je pensais pouvoir te trouver.
    — Tu fais concurrence à Marina quand elle écumait les bars pour trouver mon frère.
    — C’est bien dans les bars que je t’ai cherché, confirma-t-elle en souriant.
    Elle avait pu se rendre compte que je n’étais pas ivre.
    Je m’assis à la table de cuisine de ma mère. Mes femmes me regardaient comme si j’étais un insecte qu’elles devraient attraper prudemment dans un gobelet et jeter par la fenêtre.
    — J’avais un boulot à faire, rappelez-vous. Une personne de ma connaissance m’a engagé pour mener une enquête sur Didius Festus.
    — Et qu’as-tu trouvé ? demanda sèchement ma mère. Rien de bon, je suppose ?
    Elle restait fidèle à elle-même.
    — As-tu envie de savoir ?
    Elle réfléchit quelques instants en silence.
    — Non, finit-elle par dire. Mieux vaut laisser ça tranquille.
    Je soupirai doucement. Ah, les clients, tous les mêmes ! Ils viennent vous supplier de leur sauver la mise et quand, après des semaines d’efforts pénibles ou dangereux accomplis pour une misérable rétribution, vous venez leur apporter la réponse, ils vous dévisagent l’air interloqué comme si vous aviez perdu l’esprit d’oser venir les troubler avec des détails aussi sordides. Pour être restée dans le cadre familial, cette enquête-ci ne m’avait pas apporté davantage de satisfactions. Tout de même, j’en connaissais les acteurs depuis assez longtemps pour m’y être préparé.
    Un bol de nourriture apparut soudain devant moi. M’an me passa la main dans les cheveux. Elle savait que je détestais ça, mais le faisait néanmoins à chaque fois qu’elle en avait envie.
    — Ainsi, le problème est réglé ?
    Il s’agissait là d’une question purement rhétorique. Elle pensait apaiser ma visible irritation en faisant semblant de s’intéresser à ce que j’avais fait.
    — Oui, sauf celui du couteau ! m’empressai-je de dire.
    — Dépêche-toi de manger, rétorqua ma mère.
    Helena lui murmura alors sur un ton d’excuse.
    — Oui, je sais. Marcus fait une fixation sur ton vieux couteau de cuisine.
    — Vraiment ! s’exclama-t-elle. Je ne vois pourtant pas où est le problème.
    — Je crois que c’est P’a qui l’avait pris.
    — Bien sûr, que c’est ton père qui l’avait pris, admit-elle calmement.
    J’ai cru que j’allais m’étrangler.
    — Tu aurais pu nous le dire plus tôt !
    — Comment ça ? Ce n’est pas ce que j’avais dit ? (Il ne servirait à rien de lui affirmer le contraire. Et je m’attendais à ce qui suivit :) Je ne vois pas pourquoi tu en fais une montagne !
    Je devais être épuisé, parce que sans réfléchir, je lui posai la question que personne n’avait encore osé lui poser.
    — Si P’a avait pris ce couteau quand il a quitté la maison, comment est-il arrivé dans cette caupona  ?
    Ma mère parut peinée d’avoir élevé un tel abruti.
    — Ça me paraît évident. C’était un bon couteau qu’il n’était pas question de jeter. Pourtant sa bonne femme ne devait pas avoir envie de le garder parmi ses ustensiles de cuisine. Alors dès qu’elle en a eu l’occasion, elle l’a placé ailleurs. J’aurais fait la même chose, assura M’an sans la moindre trace de ressentiment.
    Je vis qu’Helena Justina faisait de gros effort pour ne pas rire. Après un moment de silence, ce fut elle qui osa le genre de question qui fâche :
    — Junilla Tacita, qu’est-ce qui n’a pas marché entre toi et Geminus, à l’époque ?
    — Il s’appelait Favonius, précisa sèchement ma mère.
    Elle avait souvent répété devant moi que changer son nom et prétendre devenir quelqu’un d’autre était ridicule, que mon père ne changerait jamais.
    — Pourquoi est-il parti ? insista Helena.
    Elle avait raison : ma mère était coriace. Il n’y avait donc aucune raison d’aborder

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