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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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entasser ici, au milieu de nos théâtres, de nos thermes et du reste, est tout à fait simple : le travail de la ferme est trop pénible. Vous êtes vivants, vous êtes à Rome, et vous pourrez avoir accès à une vie meilleure.
    Mon stoïcisme bien intentionné ne rencontra aucun succès. L’air abattu, ils rêvaient de leurs chèvres.
    Ils me laissèrent cependant parler. Le moindre accroc à la routine est toujours apprécié par des gens dans leur situation.
    J’avais appris de leur contremaître qu’ils étaient originaires de la région qui m’intéressait. Je leur expliquai donc pourquoi j’étais venu les voir.
    — C’est arrivé à peu près à cette période de l’année, il y a trois ans. Les hostilités avaient cessé à l’automne précédent, après la mort de Néron. Puis, au printemps, Vespasien a décidé de reprendre sa campagne. Il s’est engagé dans les collines d’où vous venez, et il a occupé vos villes.
    Ils me regardèrent d’un air vague en m’assurant qu’ils ne se souvenaient de rien. Mais j’avais la nette impression qu’ils ne m’auraient rien dit, même s’ils s’étaient rappelé quelque chose.
    — Qui es-tu ? me demandèrent-ils à leur tour.
    Même les prisonniers de guerre sont curieux.
    — Un détective privé. Les gens me chargent de faire des recherches pour eux. Des objets perdus – ou des vérités. La mère de ce soldat tient à savoir comment il est mort.
    — Est-ce qu’elle te paye pour ça ?
    — Non.
    — Alors pourquoi tu le fais ?
    — Parce que la réponse m’intéresse moi aussi.
    — Pourquoi ?
    — Je suis son autre fils.
    C’était un peu comme une charade, et la réponse finale arracha un petit rire à ces hommes démoralisés qui passaient leurs journées à évacuer de la vase étrangère d’un gigantesque trou étranger.
    Un prisonnier accroupi se redressa. Je n’ai jamais appris son nom.
    — Moi, je me rappelle, dit-il. (Peut-être mentait-il ? Peut-être venait-il de se dire que je méritais qu’on me raconte une histoire ?) Vespasien plaçait des garnisons dans toutes les villes. Il a pris Gophna, Acrabata, Béthel, puis Éphraïm.
    — Et tu te trouvais à Béthel ? (Il jura que oui. Comment savoir s’il disait la vérité ?) La bataille fut dure ?
    — Pour nous, en tout cas.
    — Il n’y a pas eu beaucoup de résistance ?
    — Non pas beaucoup. On a dû céder devant la brutalité de la charge romaine.
    De toute évidence, c’est ce qu’il croyait que j’avais envie d’entendre.
    — Et tu as vu le centurion ?
    — Le centurion ?
    — L’officier qui commandait cette charge.
    — Il était à la tête de ses hommes, sourit le prisonnier, certain que j’allais apprécier sa réponse.
    — Mais il est tombé ?
    — Il a pas eu de chance.
    — C’est-à-dire ?
    — Une flèche a trouvé un passage entre son casque et sa tête.
    Ça, je pouvais le croire. Festus n’était pas du genre à fixer son casque correctement. Tout comme son ceinturon ou le reste de son équipement. Sinon, il avait l’impression de se sentir prisonnier, expliquait-il. Il aimait se jeter dans la bataille avec sa mentonnière volant au vent, comme si massacrer quelques ennemis n’était qu’une parenthèse entre deux affaires plus sérieuses. J’avais toujours cru que seul Jupiter savait comment cet homme avait obtenu sa promotion.
    Mais je comprenais enfin pourquoi. Il était excellent. Même avec seulement la moitié de son attention sur un problème, notre Festus pouvait déjouer les manœuvres ourdies dans le camp d’en face. Mon frère s’était élevé par son charisme et son talent. Un talent vrai et abondant dont il n’était pas avare. Il était fait pour l’armée et l’armée connaissait son homme. Il était assez stupide pour leur avoir montré qu’il possédait ce genre de talent, et assez placide pour ne pas offenser ses supérieurs.
    Et pourtant, il était aussi assez bête pour mal fixer son casque.
    — C’est tout ce que tu voulais savoir ?
    Oui, c’est ce que j’avais souhaité entendre.
     
    Avant de me laisser partir, ils me posèrent encore de nombreuses questions sur mon travail. Ils étaient avides d’histoires et j’en connaissais beaucoup. Je ne pouvais pas faire moins que de les distraire un peu. Ils étaient fascinés par le fait que n’importe qui pouvait louer mes services, depuis un plébéien jusqu’à l’empereur lui-même qui m’envoyait parfois aux

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