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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Jusque-là, la rébellion juive n’était rien. Rien d’autre qu’une connerie politique de plus dans une contrée difficile où nous prétendions apporter les bienfaits de la civilisation aux sauvages – de façon à poser des jalons dans une région où le commerce était lucratif. À la différence de la plupart de ses collègues, Festus connaissait l’importance des teintures, du verre, du bois de cèdre, ainsi que des routes de la soie et des épices. Mais même ceux qui étaient conscients de l’importance de ces problèmes n’avaient pas envie d’aller se battre là-bas – pas pour un désert brûlant où on ne trouvait rien d’autre que des chèvres et des zélotes religieux querelleurs. Il fallait au moins leur promettre que leur cadavre connaîtrait une certaine gloire. Être le premier à franchir le rempart d’une ville inconnue quelque part dans les collines devait paraître important à leurs yeux.
    Et devenir également important pour la mère qu’on avait laissée derrière soi à Rome.
    Alors, puisqu’elle voulait que je me renseigne, j’allais me renseigner. Trois ans déjà que ce triste épisode nous agitait. Il était temps d’y apporter une conclusion.
    La construction de l’amphithéâtre Flavien était assurée par une équipe d’ouvriers fournie par les conquêtes de Vespasien et de Titus : des prisonniers juifs réduits en esclavage.
    C’est à eux que j’étais venu rendre visite.

68
    L’après-midi était déjà très avancé quand je commençai mes recherches. Je dus tenter de convaincre un monstrueux contremaître après l’autre. Ils m’apparurent bien pires que les prisonniers qu’ils gardaient. Chacun d’eux m’envoyait voir un collègue armé d’un fouet. Certains s’attendaient visiblement à ce que je leur donne de l’argent pour m’avoir dit non. Tous paraissaient sanguinaires et beaucoup avaient trop bu. Quand, après bien des efforts, je finis par trouver le bon groupe de prisonniers, par comparaison, ce fut un plaisir de m’entretenir avec eux.
    Nous parlâmes en grec. Grâces soient rendues aux dieux pour le grec. (Le grec évite si souvent à un détective privé les frais d’un interprète.)
    — Je veux que vous me racontiez une histoire.
    Ils me fixèrent, comme s’ils étaient certains que j’allais faire preuve de violence. Leur attitude fit renaître en moi de bien mauvais souvenirs. Ceux de l’époque où je m’étais fait passer pour un esclave condamné aux travaux forcés dans le cadre d’une enquête.
    Les gens devant lesquels je me trouvais aujourd’hui étaient des prisonniers de guerre. Ils n’avaient rien de comparable avec les millions d’individus propres et cultivés dont Manilus et Varga m’avaient rebattu les oreilles. Ceux-là étaient secrétaires, majordomes, plieurs de toges, sommeliers, et parcouraient effectivement les rues de Rome aussi bien habillés que leurs respectables maîtres. Les prisonniers de guerre auxquels je m’adressais représentaient les quelques mâles ayant survécu à divers massacres de juifs et qui, choisis un par un, avaient été jugés assez beaux pour participer à Rome au Triomphe de Titus César. La majorité des milliers de prisonniers avait été envoyée en Égypte, province impériale ; mais ces jeunes gens sales, au crâne rasé et à l’air renfrogné, avaient été transportés à Rome pour figurer dans un spectacle, avant de participer à la reconstruction de la cité – ce que Vespasien nommait Roma Resurgans.
    On avait beau les nourrir, ils restaient minces. Le travail sur les chantiers commençait à l’aube et s’arrêtait tôt. Nous étions en fin d’après-midi. Ils étaient assis par petits groupes autour de braseros, près de leurs bivouacs surpeuplés. La lueur rougeoyante du feu assombrissait leurs visages et creusait leurs traits. À mes yeux, ils avaient vraiment l’air d’étrangers, mais je savais qu’eux-mêmes me considéraient comme le représentant exotique d’une culture où tout le monde avait d’étranges habitudes, aussi bien religieuses que culinaires.
    — Courage ! m’exclamai-je. Vous êtes devenus des esclaves, mais vous êtes à Rome. Ça peut sans doute paraître dur à des fermiers de se retrouver ici pour charrier de la vase, mais si vous survivez ensuite au travail de construction, vous serez dans la plus belle cité du monde. Nous, Romains, avons aussi été fermiers jadis. Et la raison pour laquelle nous sommes venus nous

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