Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
certains problèmes – qu’à l’époque elle avait dû affronter crânement ! – en avançant sur la pointe des pieds. Elle répondit d’ailleurs très naturellement :
    — Aucune raison particulière. Trop de personnes entassées dans un espace trop étroit. Trop de querelles et trop de bouches à nourrir. Dans ces conditions, il arrive parfois que des gens ne puissent plus se supporter.
    — Tu ne m’as jamais dit une chose pareille !
    — Tu ne m’as jamais rien demandé.
    Comme si j’avais pu oser.
    J’avalai mon dîner en gardant la tête penchée. Pour supporter les problèmes familiaux, un homme doit reconstituer ses forces.
    Helena Justina n’avait pas l’intention de laisser passer la chance d’en apprendre plus. Elle aurait dû devenir détective privée, car elle n’éprouvait aucun scrupule à poser des questions très indélicates, du genre :
    — Et qu’est-ce qui t’a donné envie de l’épouser ? Je suis sûre que, plus jeune, il était très beau garçon ?
    — C’est du moins ce qu’il pensait, lui, dit ma mère avec un petit rire qui semblait insinuer qu’il n’en était rien. Puisque tu me poses la question, il paraissait être un bon parti, ayant son propre commerce. Et puis il mangeait bien – j’aimais sa façon de nettoyer un bol. (Une certaine nostalgie parut soudain s’emparer d’elle. Après quelques instants de silence, elle ajouta :) Il avait un sourire capable de craquer des noix.
    — Qu’est-ce que ça veut dire ? grognai-je.
    — Moi, j’ai compris, dit Helena en riant.
    Je suppose qu’elle se moquait de moi.
    — En fait, je crois qu’il a profité d’un de mes moments de faiblesse, conclut ma mère.
     
    Je finis tout de même par lui dire ce que les prisonniers m’avaient raconté sur son célèbre fils. Elle m’écouta sans m’interrompre, mais son expression ne permettait pas de deviner ce qu’elle en pensait, ni si elle en tirait une certaine consolation.
    Juste après, elle dut avoir un autre de ses moments de faiblesse, car elle s’exclama :
    — Est-ce que tu l’as laissé seul à la Sæpta ?
    — Qui ? Geminus ?
    — Il faut que quelqu’un y aille ! s’écria-t-elle. (Je sentis le poids familier sur mes épaules – ma mère allait encore me confier une tâche dont je n’avais nulle envie.) Il ne faut pas le laisser seul là-bas à tourner des idées noires dans sa tête et à se soûler. C’est mardi ! Il n’y aura personne chez lui. (Elle avait raison. P’a m’avait dit que Flora la rouquine serait à la caupona pour faire ses comptes.) Il y a un nouveau serveur, il faut qu’elle le mette au courant.
    J’avais beaucoup de mal à en croire mes oreilles. D’une façon ou d’une autre, ma mère apprenait tout ce qui touchait à la famille. Pas moyen de l’éviter. Même si on quittait la maison pendant vingt ans.
    — Je suis tout de même pas responsable… murmurai-je faiblement.
    Et – faut-il le préciser ? – je pris la direction de la Sæpta Julia.

71
    La Sæpta Julia était censée fermer le soir, mais c’était rarement le cas : les échoppes des bijoutiers font leurs meilleures affaires la nuit. J’avais toujours aimé l’atmosphère qui y régnait après l’heure du dîner. Des serpentins de petites lampes étaient allumés tout au long des portiques. Les gens qui se trouvaient là étaient détendus. Des marchands ambulants proposaient de la nourriture chaude, et de légères odeurs de viande épicée et de poisson grillé flottaient dans l’air. Les lumières faisaient étinceler le métal et les pierres, et les petites boutiques prenaient toutes des allures de cavernes regorgeant de véritables trésors. Ce qu’on aurait considéré comme de la pacotille dans la journée paraissait tout à fait digne d’intérêt le soir.
    Le bureau de mon père avait perdu son mobilier égyptien, mais avait récupéré, grâce à une vente prochaine, un pied d’éléphant, des armes de guerre africaines d’où se dégageait une odeur étrange, un trône percé en pierre, deux chaudrons en cuivre, trois hauts tabourets, un petit obélisque destiné à orner un jardin, et une assez jolie collection de pichets de verre.
    — Je vois que tu es bien reparti pour faire une fortune en vendant des saloperies ! Cette collection de pichets devrait atteindre un bon prix.
    — Exact. Tu devrais t’associer avec moi. Tu t’y connais vraiment bien.
    Mon père apparaissait tout à fait sobre, ce qui ne

Weitere Kostenlose Bücher