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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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métallique qu’on vient d’entendre a été produit par un rat et non par un poignard.
    — Pourquoi ne vas-tu pas directement t’expliquer avec ces collectionneurs privés ? avait demandé Helena Justina.
    — C’est bien ce que je compte faire, mais j’ai besoin de glaner quelques renseignements avant.
    Tout en restant planté à surveiller une pension minable dans le pire quartier d’un district pourri de cette ville sans cœur, je me dis qu’il était bien peu vraisemblable qu’une rarissime statue grecque se trouve dans un endroit pareil avec ses orteils aussi froids que les miens, en attendant un chariot qui la transporterait dans un environnement plus raffiné.
    J’attendis pendant des heures, par un froid jeudi de mars. Le temps me parut très long.
    La rue, étroite et puante, était plongée dans une obscurité totale. La vie nocturne lui conférait pourtant un certain dynamisme : des ivrognes, des fornicateurs, d’autres ivrognes, des chats qui imitaient les fornicateurs, des ivrognes encore plus soûls que les précédents. Probablement des chats ivres. Tous les êtres vivants transitant par là avaient tâté d’une amphore de vin, et rien n’était plus compréhensible. Tout le monde semblait perdu. Les chiens ; les chats ; les humains. Jusqu’à la brigade incendie transportant des baquets à moitié vides qui me demanda où se trouvait la rue des Huîtres. Je leur donnai des indications exactes et les vis néanmoins disparaître dans la mauvaise direction. Ils avaient dû décider d’aller d’abord se donner du cœur à l’ouvrage dans une taverne. L’incendie attendrait bien.
    Une prostituée me proposa un service rapide. Je m’en débarrassai en prétendant que ma tuyauterie n’était plus en état. Elle se mit à glousser, puis m’exposa des théories médicales qui me firent rougir dans le noir. Pour couper court à ses élucubrations, je l’informai que j’appartenais au corps des vigiles. Cette fois, elle déguerpit sans demander son reste après avoir poussé une exclamation de rage. Dans les rues proches, plus importantes, j’entendais peu de charrettes de livraison brinquebaler. Beaucoup plus loin résonna l’appel d’une trompette prétorienne. Au-dessus de ma tête ne brillait aucune étoile.
    Il y eut progressivement de moins en moins de passants. J’avais les pieds gelés et j’étais trop fatigué pour continuer à marcher de long en large. J’avais revêtu trois tuniques et deux capes, mais l’humidité glacée s’était infiltrée dessous. J’avais beau être assez loin du Tibre, le brouillard qu’il générait ne s’en infiltrait pas moins dans mes poumons. C’était le genre de nuit où, après avoir jeté un coup d’œil dehors, les cambrioleurs professionnels décident de rester à la maison pour ennuyer leurs épouses. J’imaginais des femmes au cœur brisé attendant un moment de calme sur le pont Æmilius pour enjamber le parapet et plonger dans l’oubli. Des clochards secoués de quintes de toux allaient mourir de froid. Des enfants perdus et des esclaves en fuite se serraient probablement contre les immenses murs noirs au pied de la Citadelle. Il n’y avait pas de vent, il ne pleuvait même pas, et pourtant la nuit était sinistre et pénible. Je n’en pouvais plus. Alors, je finis par décider d’agir contre mes principes. Je pénétrai dans la pension des peintres par une porte grinçante, grimpai cinq étages dans le noir le plus complet – j’avais heureusement compté les étages lors de ma dernière visite –, trouvai leur chambre à tâtons, passai une demi-heure à essayer de forcer la serrure avant de découvrir que la porte était ouverte, les attendis assis dans l’obscurité. Du moins étais-je maintenant à l’abri.

38
    Manilus et Varga rentrèrent en titubant au beau milieu de la nuit, discutant en hurlant avec une bande de leurs semblables, comme s’il faisait grand jour. J’entendis une porte s’ouvrir et quelqu’un leur crier des injures. Ils répondirent posément, ce qui semblait indiquer qu’il s’agissait là d’un phénomène habituel. De toute évidence, ils n’avaient aucun sens de l’heure. Ni de la décence. Mais ayant vu la façon dont ils avaient bu et s’étaient comportés avec Festus, je le savais déjà.
    Les autres membres de la bande n’entrèrent pas avec eux. Voilà une situation redoutée des détectives privés : être assis dans le noir à attendre un problème.
    J’en

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