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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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rudes pour sa délicate constitution.
    Apparemment indifférent à ces obscénités, le Suren entreprit méthodiquement d’ouvrir le carquois qui pendait près de sa cuisse droite.
    — Qu’est-ce qu’il fiche ? demanda Ballista à Bagoas dans un murmure.
    — Il se prépare à nous déclarer officiellement la guerre. Il va tirer la tige de roseau qui symbolise la guerre.
    — C’est ce qu’on va voir. Fais savoir discrètement à Mamurra qu’il peut tirer.
    L’ordre fut transmis de bouche à oreille depuis le toit de la tour jusqu’au bas de l’escalier.
    Ayant extrait ce qui était sans doute la flèche symbolique appropriée, le Suren retira son arc de son étui. Il était en train d’y fixer la flèche lorsque retentit la terrifiante série de sons – vibration, glissement, choc sourd – ponctuant le tir d’un scorpion. Le Suren eut au moins le mérite de rester de marbre lorsque le trait passa quelques pieds au-dessus de sa tête. Faisant bonne contenance, il banda son arc et décocha la flèche qui s’envola très haut par-dessus les murs de la ville. Puis, il tourna bride. La robe luisante de l’étalon étincelait tandis qu’il faisait demi-tour. Le Suren cria par-dessus son épaule.
    — Ne mange pas toutes les anguilles fumées, Barbare du Nord. Mon kyrios adore les anguilles fumées.
    Ballista donna l’ordre de tirer au reste de l’artillerie. Les projectiles passèrent au-dessus de la tête de Suren qui rebroussait chemin sur sa superbe monture, mais retombèrent à quelque distance devant l’armée sassanide observant la scène.
    — Malin, dit Acilius Glabrio, très malin d’agrémenter leur déclaration de guerre barbare d’une version impromptue de notre propre cérémonie romaine consistant à envoyer une lance en territoire ennemi.
    La raillerie coutumière du tribun disparut lorsqu’il ajouta :
    — Mais si vous avez réussi à leur faire croire que la portée de notre artillerie n’est que de trois cents pas, vous vous serez montré bien plus malin encore.
    Ballista acquiesça, mais son esprit était ailleurs ; il pensait à Odin, le Père-de-Tout, projetant sa lance dans les rangs des Vanes lors de la toute première guerre. Et il n’y avait qu’un pas entre cette toute première guerre et Ragnarok, la guerre de la fin des temps, qui verrait tomber Asgard et mourir les hommes comme les dieux.
    Ballista se penchait au muret de la terrasse du palais. Il regardait en contrebas la rive opposée du fleuve. Ce qu’il y voyait était horrible.
    D’où venait cette femme ? Il avait pourtant ordonné à sa cavalerie d’inspecter méthodiquement les berges de l’autre côté du fleuve et d’évacuer par bateau toute personne qu’ils y trouveraient. Avec une certaine irritation, il pensa que cela n’avait pas été une mince affaire que de transporter plusieurs fois deux turmes de cavalerie d’un côté à l’autre de l’Euphrate. Bien sûr, il y aurait toujours des fous pour rester dans leurs maisons et penser qu’ils y seraient en sécurité même si vous leur juriez vos grands dieux que les pires atrocités allaient s’abattre sur eux. Peut-être était-elle venue avec les Sassanides.
    De temps à autre, les archers à cheval faisaient semblant de la laisser s’enfuir. Elle courait alors vers le fleuve. Avant qu’elle n’y parvînt, les cavaliers la rattrapaient. Ils la jetaient au sol et deux ou trois d’entre eux la violaient. Ils étaient une vingtaine.
    Sans s’annoncer par ses toussotements habituels, Calgacus se pencha au muret à côté de Ballista.
    — Ils sont tous à l’intérieur. Pour une fois, Acilius Glabrio était à l’heure, tout comme Turpio, Antigonus et les quatre centurions que tu as fait venir. C’était Mamurra qui était en retard.
    Les deux hommes observaient l’autre rive du fleuve.
    — Les salauds, dit Ballista.
    — Ne songe même pas à essayer de la sauver, dit Calgacus. Ils n’attendent que cela. Elle sera déjà morte lorsque tes soldats accosteront sur l’autre rive et eux mourront dans l’embuscade qu’on leur aura tendue.
    — Les salauds, dit Ballista.
    Ils continuaient tous deux à regarder la rive opposée.
    — Ce n’est pas ta faute, dit Calgacus.
    — Quoi donc ?
    L’arrivée silencieuse du Calédonien aurait dû avertir Ballista qu’il mijotait quelque chose.
    — Ce qu’ils font subir à cette pauvre fille là-bas… Le fait que cette ville soit assiégée et que, quoi qu’il arrive, un

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