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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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jeune noble fit volte-face, irradiant la méchanceté. Il approcha son visage soigné à quelques pouces de celui du prœfectus fabrum, puis se ravisa. À l’évidence, les Acilii Glabriones de ce monde ne s’abaissaient pas à se chicaner avec des plébéiens sordides tels que Mamurra.
    — Les hommes de ma famille ont toujours eu les épaules larges.
    Avec un dédain tout patricien, il épousseta d’une chiquenaude le grain de poussière imaginaire sur sa manche immaculée.
    Ballista désigna l’ennemi et fit signe à Bagoas de commencer à parler.
    — En tête viennent les non-Aryens, sujets de mon seigneur Shapur. Voyez les capes de fourrure et les longues manches évasées des Géorgiens, les Arabes à moitié nus, les Indiens coiffés de turbans et les Saka [70] , ces farouches nomades. Des quatre coins du monde, lorsque le Roi des Rois appelle, ils obéissent.
    Le jeune Perse était rose de fierté.
    — Et là… là ce sont les nobles guerriers Aryens, les guerriers de Mazda, les chevaliers en armure, les clibanarii.
    Tous les hommes sur la tour se turent tandis qu’ils contemplaient les rangs serrés de la cavalerie lourde des Sassanides, les troupes d’élite de Shapur. En colonnes par cinq, les cavaliers formaient une ligne interminable, semblant s’étendre sur des milles à travers la plaine. À perte de vue, ce n’étaient que des hommes en armures montés sur des chevaux caparaçonnés. Certains ressemblaient à des statues animées, hommes et chevaux couverts de plaques de fer, masques de fer dissimulant toute humanité. Les montures étaient parfois caparaçonnées de cuir rouge ou de corne bleu-vert. Beaucoup portaient des surcots bariolés et avaient équipé leurs chevaux semblablement – vert, jaune, écarlate et bleu. Souvent, hommes et bêtes arboraient des symboles héraldiques abstraits – croissants, cercles, barres – proclamant leur appartenance à un clan. Au-dessus de leurs têtes, leurs bannières ondulaient et claquaient dans le vent – loups, serpents, bêtes féroces ou motifs abstraits célébrant Mazda.
    — Peux-tu dire qui dirige chaque troupe en regardant les bannières ?
    C’était précisément ce que Ballista avait eu en tête lorsqu’il avait acheté le jeune Perse.
    — Bien sûr, répondit Bagoas. À l’avant-garde des clibanarii se tiennent les seigneurs des illustres maisons des Suren et des Karen.
    — Je pensais que les Suren et les Karen étaient de grandes familles nobles sous le régime précédent et qu’elles avaient disparu avec la chute de la dynastie parthe.
    — Ils sont acquis à la sainteté de Mazda. Shapur, le Roi des Rois, dans son infinie bonté, leur a restitué leurs terres et leurs titres. Le chemin de la vertu est ouvert à tous.
    — Et les cavaliers derrière eux ?
    — Ils sont bénis entre tous. Ce sont les enfants de la maison de Sasan – le prince Valash, la joie de Shapur, le prince Sasan le chasseur, Dinak reine de Mésène, Ardashir roi d’Adiabène. Et regardez… là, derrière eux, les gardes. D’abord les Immortels avec à leur tête Peroz au long sabre. Puis, les Jan-avasper, ceux qui se sacrifient. Et regardez… Regardez qui les emmène – Mariadès en personne, l’empereur légitime de Rome.
    Bagoas rit, indifférent aux conséquences de ses paroles, aux punitions qu’elles pourraient entraîner.
    — Le chemin de la vertu est ouvert à tous, même aux Romains !
    D’énormes masses grises émergèrent des tourbillons de poussière soulevés par des milliers de chevaux. Un, deux, trois… Ballista en compta dix. Bagoas sauta de joie en battant des mains.
    — Les éléphants de Shapur, les bêtes qui font trembler la terre ! Qui voudrait se mesurer à pareilles créatures ?
    Ballista avait déjà vu des éléphants combattre dans l’arène, mais ne les avait jamais affrontés dans une bataille. Ils étaient vraiment terrifiants, semblaient ne pas être de ce monde. Ils devaient mesurer dix pieds de haut à l’épaule et les tourelles sur leurs dos augmentaient encore leur taille ; chacune était remplie d’hommes en armes. Obéissant aux commandes d’un Indien juché à califourchon derrière leurs oreilles, les éléphants bougeaient latéralement leurs grandes têtes. Leurs immenses défenses gainées de métal balayaient l’air devant eux.
    — Effrayant mais inefficace.
    L’expérience dans la voix de Turpio était rassurante.
    — Coupez-leur le jarret ou affolez-les sous une

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