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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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avec force lumières vives et chants sonores. Pour aider la troupe à s’orienter, une torche solitaire brûlait au-dessus de la porte de la Palmyrène et une autre sur la dernière tour au sud. Le reste de la muraille était plongé dans l’obscurité.
    Turpio dut courir pour regagner sa position en tête de la colonne. Comme lui, les légionnaires portaient des vêtements sombres et avaient noirci leur équipement, leur visage et leurs bras. Aux yeux de Turpio, ils semblaient pourtant terriblement exposés sur la route blanche et luisante.
    Devant eux, des feux largement écartés marquaient la ligne de sentinelles avancées des Sassanides. Derrière, une lueur diffuse baignait le camp qui s’étendait à perte de vue. Les lignes de sentinelles semblèrent soudain beaucoup plus proches. Les gardes perses pouvaient-ils manquer de les voir ? La propre respiration de Turpio lui semblait assez bruyante pour se faire entendre à travers la plaine et réveiller les morts.
    Ils s’approchaient encore et encore de la ligne de sentinelles en travers de la route. Turpio voyait maintenant distinctement la corde attachant le cheval le plus proche, chaque flamme du feu et les formes sombres enroulées dans des couvertures par terre. Sans un mot, il se mit à courir, de plus en plus vite, et dégaina son épée. Il entendait juste derrière lui des pas pesants et des respirations haletantes.
    Turpio sauta par-dessus la première sentinelle endormie et contourna le feu pour traverser la ligne des gardes. La sentinelle la plus proche du camp sassanide se redressa, sa bouche formant un « O » pour crier. Turpio abattit sa spatha sur sa tête de toutes ses forces. Il lui fallut pousser l’épaule de l’homme de sa botte pour retirer la lame. Derrière, une brève succession de grognements et de cris étouffés et une série de sons qui ne manquaient jamais d’évoquer dans l’esprit de Turpio une lame de couteau s’enfonçant dans un chou. Puis, un silence presque total. Juste cent quarante hommes haletant.
    Turpio analysait la situation. Pas de cris ni de sonnerie de buccin, pas de silhouettes fuyant à travers la plaine sombre pour donner l’alarme. Les feux de camp les plus proches étaient à au moins cent pas et il n’y avait aucun mouvement autour d’eux. Tout était calme. Ballista avait eu raison ; ce grand bâtard de Barbare avait eu raison. Les Sassanides manquaient de discipline, cette bonne vieille disciplina romaine. Fatigués après leur marche, faisant fi du petit nombre de soldats qui leur étaient opposés, ils s’étaient couchés. En cette première nuit de siège, aucun noble Sassanide ne s’était encore mis en tête d’imposer une routine.
    Turpio maîtrisa sa respiration et ordonna à voix basse :
    — Première centurie, en formation de tortue.
    Il attendit que cessent les piétinements et que se forme la cuirasse de boucliers imbriqués.
    — Deuxième centurie, à moi.
    De nouveaux piétinements, puis le silence.
    — Antoninus Prior, envoie le signal au Dux.
    Le centurion se contenta de grogner et trois légionnaires se détachèrent de la tortue. Les hommes s’affairèrent et alignèrent trois lanternes aux verres bleutés qui envoyèrent leur message lumineux à travers la plaine.
    Turpio se tourna vers la colonne de la deuxième centurie rassemblée tout près de lui.
    — Épée et torche en main, les gars.
    Il observa le camp sassanide et l’énorme tente royale qui se dressait en son milieu. Il s’adressa au centurion à côté de lui.
    — Sommes-nous prêts, Antoninus Posterior ? Alors, allons décapiter le serpent !
    Ballista avait attendu le signal. Il l’avait tant attendu. Lorsque les deux centuries s’étaient mises en marche, elles lui avaient semblé terriblement exposées, visibles à des milles. Mais elles s’étaient vite fondues en une masse mouvante et indistincte avant de disparaître dans l’obscurité. Le temps s’était arrêté. Ballista priait les dieux qu’il ne les eût pas tous envoyés à la mort. Les bruits des deux turmes de cavalerie qui attendaient dehors flottaient jusqu’à lui, en haut de la tour de la porte de la Palmyrène ; le cliquetis d’une bride, le piétinement d’un sabot, le soufflement brusque et sonore d’un cheval.
    Les trois lumières bleues apparurent et le cœur de Ballista bondit dans sa poitrine. Jusqu’à maintenant, tout allait bien. Demetrius lui souffla à l’oreille le nom du décurion en chef. Ballista

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